[Des élèves du SC coincés à Agaléga jusqu’à la dernière minute]  « Gouvernema pe abandonne nou net »

À cinq jours des examens du School Certificate (SC), des collégiens d’Agaléga étaient toujours coincés sur leur île, incapables de se rendre à Maurice. En effet, le bateau MV Trochetia est parti de manière précipitée le 21 août, et les élèves, avertis trop tard, n’ont pas pu monter à bord. Après beaucoup de tension et d’inquiétude, ils ont finalement pu rejoindre Maurice en avion peu de temps avant leurs examens, accompagnés de leurs parents. Cependant, cet incident n’a fait que mettre en lumière un malaise plus profond qui persiste à Agaléga.

Lors de sa récente visite, le Premier ministre a vanté les nombreux projets communautaires mis en œuvre par le gouvernement indien. Il a également souligné les améliorations prévues, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’exploitation des ressources naturelles. Pourtant, pour les habitants de l’île, ces annonces résonnent comme des promesses non tenues. Les conditions précaires persistent, plongeant la population dans une incertitude chronique. Les jeunes, en particulier, restent victimes d’une négligence institutionnelle qui semble sans fin, malgré leurs aspirations à un avenir meilleur. Le manque de solutions concrètes pour le transport des élèves vers Maurice a accentué un stress déjà élevé, lié à un programme scolaire incomplet et au manque d’enseignants.


« En juillet, nous avons envoyé une lettre au Premier ministre, au ministre de l’Éducation et à l’OIDC pour demander de revoir la date des examens, car les élèves n’auraient pas fini leur syllabus et les cours préparatoires avant le départ du bateau. Nous avons également demandé s’il était possible de trouver un moyen de transport pour que les élèves puissent venir à Maurice pour passer leurs examens dans de bonnes conditions », déclarent les parents d’une élève, avant d’ajouter qu’ils n’ont obtenu aucune réponse. Le jour du départ du MV Trochetia, ils ont reçu une lettre de la Mauritius Examinations Syndicate (MES) stipulant qu’aucun autre transport ne serait organisé. Cette communication tardive a accentué le stress déjà élevé des familles. Un dernier espoir est apparu le 4 septembre avec l’atterrissage d’un avion venu évacuer une personne malade. Toutefois, le gestionnaire local a informé les parents que le secrétaire permanent avait demandé que les élèves prennent cet avion, mais sans leurs parents. « Mo zanfan li ankor mineur, li pa kone Moris ditou ! », déplore un parent.

Finalement, les élèves ont pu rejoindre Maurice par avion, mais cette solution de dernière minute ne résout pas les problèmes de fond. Contacté vendredi dernier, un autre parent confie : « Mon enfant se sent mieux et un peu moins stressé maintenant qu’il est enfin ici à Maurice. Mais les problèmes à Agaléga ne se sont pas améliorés, notre quotidien est toujours aussi difficile. » Malgré les grands projets d’infrastructure pour améliorer l’accès à l’île, les habitants d’Agaléga se sentent négligés dans leurs besoins essentiels. « Oui, il y a des grands développements pour permettre aux bateaux d’accoster et aux avions d’atterrir, mais du côté de la communauté, les choses essentielles comme l’éducation, le logement et la qualité de vie ne sont jamais prises en compte », explique un parent.

Ce sentiment d’abandon est particulièrement douloureux pour une population qui se considère pleinement mauricienne. Un parent exprime cette frustration : « Sa ki fer nou pli chagrin, nou leve mem paviyon, nou sante mem hyme nasyonal, nou ena mem nasyonaliter morisien, me nou trouve ki gouvernman pe abandonn nou net. »