Des policiers tatoués : « Il y a des problèmes plus urgents à régler ! »

Une décision qui provoque beaucoup de remous au sein de la force policière. Les policiers devront désormais enlever leurs tatouages, selon un circulaire émis par le bureau du commissaire de police, Anil Kumar Dip, en date du vendredi 11 mars. « When in police uniform, such tatoos attract unpleasant/negative comments from members of public which ultimately project a bad image of the police force », souligne le circulaire. Les policiers sont désormais interdits d’arborer des tatouages visibles. Ceux qui sont tatoués ont ainsi un délai de deux mois pour les faire enlever.

Cependant, cette décision ne fait pas l’unanimité chez de nombreux policiers. Des policiers soutiennent que le tatouage ne détermine en rien le travail des policiers. Avish (nom fictif), un constable, nous indique d’emblée que l’enlèvement d’un tatouage n’est pas une mince affaire, et que c’est un procédé coûteux. Selon lui, les tatouages n’empêchent pas les policiers de faire leur travail comme il se doit. Il dénonce le fait qu’il y a plusieurs problèmes bien plus urgents au sein de la force policière sur lesquels il faudra se pencher, au lieu de prendre en considération des choses qui ne semblent pas être importantes. « Kan nou ena tatouaz, pas ve dire ki nou pas pe travay », lance-t-il.

En revanche, il avance qu’il y a plusieurs manquements au sein de la force policière : « Pourquoi les autorités ne voient pas ces problèmes, au lieu de se focaliser sur des choses qui ne sont pas importantes ? Par exemple, depuis plusieurs années, des policiers n’ont pas d’uniformes convenables et d’équipements adéquats pour travailler. Les autorités ne font rien pour y remédier, mais ils font tout un remue-ménage à cause des tatouages. »

Selon Raoul (nom fictif), un autre policier, il s’agirait là de la « vengeance personnelle d’un chef. » Il se pose la question, si les policiers retirent leurs tatouages, est-ce que cela va leur permettre de devenir plus performants ? « Est-ce qu’il y aura moins de crimes dans le pays ? », se demande-t-il. Selon lui, un tatouage ne détermine pas la personnalité de quelqu’un : « On peut avoir plusieurs tatouages sur son corps, cela ne veut pas dire que l’on projette une mauvaise image dans la société. Kan nous fer ene bon travail, zot pas apprécié mais kan ena tatouage, zot critiqué », ajoute-t-il.

Il rejoint son collègue Avish qu’il y a de nombreux problèmes autrement plus graves au sein de la force policière, notamment les conditions dans lesquelles les policiers travaillent. Par exemple, il est d’avis que les officiers de la force policière ne sont pas rémunérés comme il se doit. Dans le passé, cette problématique a été remontée à la hiérarchie plusieurs fois mais rien n’a été fait jusqu’ici. Qui plus est, selon lui, au moment où il témoigne, le nombre d’heures de travail a été doublé comparativement à leur ‘normal working hours’ et le ‘weekly leave’ a été supprimé.

« Ce sont là autant de problèmes que les autorités doivent prendre en considération », dit-il. « Je pense que c’est une frustration que l’on évacue sur des policiers. Cela fait un long moment depuis que les policiers ont des tatouages mais ce n’est que maintenant que l’on vient avec un règlement pour dire que cela projette une mauvaise image dans la société », ajoute-t-il.