Rapport V-Dem et recul de la démocratie à Maurice
Dans son dernier rapport, paru en mars 2023, intitulé ‘Defiance in the face of Autocratization’, l’institut V-Dem tire la sonnette d’alarme pour la troisième fois concernant Maurice. Ainsi, selon le rapport, notre pays se trouve parmi les pays qui dérivent vers l’autocratie. Le rapport définit l’autocratie comme étant un régime à l’opposé de la démocratie, et inclut Maurice comme étant un « major autocratizer », où la démocratie serait « in steep decline ».
Dharam Fokeer, ancien ministre, aborde les répercussions auxquels Maurice peut s’attendre. « Ce qu’annonce V-Dem est très grave pour Maurice. Dans le passé, j’avais déjà prévenu le gouvernement des graves répercussions que ce genre d’annonce pourrait avoir sur notre pays », nous indique-t-il d’emblée.
Le constat de l’ancien ministre est lui aussi accablant. « Que ce soit au niveau du Parlement ou au niveau des médias (surtout les radios privées et les journaux), il y a plusieurs atteintes à la liberté d’expression, dont le boycottage. À part le judiciaire, il n’y a aucune institution qui fonctionne de façon indépendante et démocratique. Tout est dicté depuis le sommet. Tout fonctionne selon les dictats du Premier ministre, qui dicte les institutions. Tout ceci nous ramène éventuellement vers un recul de la démocratie », fait-il ressortir.
Il souligne aussi que notre image au niveau international a encore une fois pris un sale coup. Maurice, qui était cité comme un modèle de démocratie dans toute l’Afrique, y fait désormais pâle figure. Quid des répercussions ? Pour Dharam Fokeer, cela pourrait avoir un impact direct sur notre secteur touristique et par ricochet, sur toute l’économie. Même au niveau de l’investissement, les investisseurs penseront deux fois avant de venir investir dans le pays.
Le gouvernement pourra-t-il se ressaisir ? « Je ne crois pas que ce gouvernement va se ressaisir face à cette situation », affirme Dharam Fokeer. Il souligne que pour que nous ayons des résultats de ce genre, cela signifie que nous avons affaire à un gouvernement novice, sans aucune expérience, et qui est encore à ses balbutiements en ce qu’il s’agit de diriger le pays. « Il est clair que ce gouvernement doit partir, dans l’intérêt du pays », conclut l’ancien ministre.
