Deux cargaisons probables de substances hautement toxiques, nocives et radioactives exposées à la Zone 5

Bloquées depuis neuf mois

Ces trois conteneurs bloqués au port depuis mai 2017 contiendraient-ils des substances hautement toxiques, nocives et radioactives ? C’est ce que les autorités douanières, en collaboration avec la ‘Radiation Protection Authority’ (RPA) et le ‘Forensic Science Laboratory’ (FSL) tenteront de déterminer demain. Des démarches ont été entreprises en ce sens après que Sunday Times ait fait part de certaines informations au directeur de la douane, Vivekanand Ramburrun. Des informations dont ce dernier aurait eu vent depuis quelque temps déjà mais qui n’ont pas été confirmées jusqu’ici.

Zahirah RADHA

 En mai 2017, trois conteneurs portant les numéros PCIU2805832, PCIU2974684 et FCIU5700732, embarqués au port de Dalian en Chine ont été acheminés à Maurice, en passant par Singapour, à bord du transporteur MV KOTA LAGU VOY KLGU0146W. Ces trois conteneurs, contenant deux cargaisons de « whitening agent » et du « calcium carbonate »,  devaient initialement transborder à Port-Louis avant d’être dirigés à Abidjan en Côte d’Ivoire à bord du MV KOTA NEKAD VOY KNKD0112E. Comme prévu, ils sont arrivés chez nous le 18 mai 2017 et devaient rester au port jusqu’à leur réembarquement pour l’Abidjan. Coup de théâtre un mois plus tard. En effet, le service douanier devait recevoir deux correspondances, en date du 26 et du 28 juin 2017, de la part de deux shippers, un Chinois et un Indien, l’informant que leur client basé en Abidjan a fait faillite et qu’ils ont pu trouver un autre client à Maurice, soit Mer Rouge Trading Ltd. Toutefois, celle-ci, une compagnie dont le siège se trouve au Freeport à Mer Rouge, ne s’étant toujours pas présenté à la Customs House deux mois plus tard, soit en juillet 2017, cette dernière, agissant en vertu de la section 61 de la Customs Act, lui a expédié une lettre en date du 25 juillet 2017 l’informant qu’elle disposait d’un délai de quinze jours pour se manifester et de compléter les procédures d’usages. Or, cette correspondance serait restée lettre morte, selon une source officielle à la douane. Raison pour laquelle des mesures ont été prises pour que les trois conteneurs en question soient vendus.

Soupçons

Or, neuf mois plus tard, ces conteneurs se trouvent toujours à la Zone 5 dans le port. Le hic, c’est que, selon nos informations, ils contiendraient des substances hautement toxiques, nocives et radioactives et non du « whitening agent » et du « calcium carbonate » comme enregistré officiellement. Il nous revient aussi que les autorités douanières et portuaires auraient également des soupçons eu égard à ces deux cargaisons. Elles se seraient même tournées vers le Prime Minister’s Office (PMO) pour décider de la marche à suivre. Officiellement, personne ne veut commenter cette affaire jugée « highly sensitive ».  Interrogé, Vivekanand Ramburrun, le directeur de la douane, confirme qu’il a eu vent de ces informations, en évitant soigneusement de divulguer d’autres détails.

  • « Des échantillons seront prélevés aux fins d’analyses», promet Vivekanand Ramburrun

Mais après une rencontre que Sunday Times a eue avec lui jeudi, le directeur de la douane a immédiatement réuni ses officiers pour entamer des démarches en vue de procéder à la vérification de ces trois conteneurs. Une opération qui sera menée demain, lundi 19 février. Le service douanier n’ayant pas l’expertise requise pour ce genre d’opération, la collaboration de la ‘Radiation Protection Authority’ (RPA) et du ‘Forensic Science Laboratory’ a été sollicitée. « Des échantillons seront prélevés aux fins d’analyses. On ne va rien laisser au hasard », nous assure-t-on du côté de la Customs House.

  • Une opération sera menée en collaboration avec la RPA et le FSL demain afin de vérifier ces cargaisons

Risques

Pourquoi la douane et les autorités portuaires ont-t-elles attendu neuf mois avant qu’elles ne tentent de déterminer la véritable nature de ces deux cargaisons ? La raison officielle qui est avancée, c’est que la douane s’attelait à vendre d’autres cargaisons qui y étaient bloquées avant l’arrivée de ces trois conteneurs. S’il s’avère que ces derniers contiennent effectivement des substances hautement toxiques, nocives et radioactives, les autorités concernées auront du pain sur la planche. Elles devront alors décider de la marche à suivre pour s’en débarrasser. D’autant que les risques de radiation et de toxicité sont bien réels.