[Développements politiques] Faizal Jeerooburkhan : « Le PMSD montre qu’il a soif de pouvoir »

Passant en revue les derniers développements survenus sur le plan politique cette semaine, l’observateur politique Faizal Jeerooburkhan dénonce ce qu’il appelle le recul de la démocratie. Le PMSD, dit-il sans détour, a toujours eu une philosophie en dents de scie. « Il a une conduite politique instable. Il a toujours été le 5 sous qui manque pour faire une roupie », affirme-t-il catégoriquement. Il soutient que Xavier Duval avait permis de redorer le blason du PMSD lorsqu’il avait claqué la porte du gouvernement en décembre 2016 en raison de la ‘Prosecution Commission’, mais regrette que le leader des bleus perde sa crédibilité d’un seul coup en raison de son rapprochement avec le MSM. « Le PMSD nous montre qu’il a soif de pouvoir et qu’il veut le retrouver coûte que coûte », déplore l’observateur politique.

Faizal Jeerooburkan prend à contre-pied Xavier Duval qui affirme que son fils Adrien fera honneur au poste de Speaker. « Il ne fait certainement pas honneur à ce poste. D’abord, parce que ce poste aurait dû être occupé par quelqu’un qui est politiquement neutre et qui n’a pas d’affinités politiques, et ensuite parce qu’il traine plusieurs casseroles en dépit de son jeune âge », réplique notre interlocuteur.  En plus d’avoir fait « un pacte avec le diable pour avoir le pouvoir », Faizal Jeerooburkan estime que le PMSD a aussi accentué le phénomène de dynastie et de « papa-piti », alors que la population souhaite voir plus de méritocratie et de chances égales dans le paysage politique. Pire, il trouve inacceptable que Xavier Duval puisse s’associer à un parti qu’il a combattu avec acharnement dans un passé pas trop lointain. « C’est étonnant qu’il puisse changer de direction d’un coup et avec autant de facilité », poursuit-il.

Il est clair, selon Faizal Jeerooburkhan, que les intérêts du pays ont été relégués au second plan dans cet arrangement politique entre le MSM et le PMSD. « Cela a été fait uniquement pour conserver le pouvoir, et non pas pour redresser les affaires du pays ou pour le bien-être de la population », insiste-t-il, en soutenant que les prétendues conditions imposées par le PMSD au MSM ne sont que pour la galerie. « Ces conditions ne me semblent pas sérieuses. Elles ne servent que de prétexte pour conclure une alliance électorale. Rien ne changera d’ailleurs puisque la mauvaise gouvernance, l’autocratie, l’opacité, la fraude, la corruption, le favoritisme, le népotisme, l’abus du pouvoir, le state capture, la faillite de l’éducation, de l’économie et de la santé sont bien ancrés dans l’ADN du MSM. Cela ne changera rien au système actuel. Or, c’est précisément un changement de système qui est réclamé par la population », précise-t-il.

Faizal Jeerooburkkan déplore, par ailleurs, le ‘face-saving device’ utilisé par le gouvernement pour se débarrasser de l’ancien Speaker, Sooroojdev Phokeer, dans le cadre de cet arrangement politique. « Je ne doute pas qu’il soit malade mais je pense que sa maladie a servi de parade au gouvernement pour qu’il soit débarqué et pour jeter de la poudre aux yeux de la population. D’ailleurs, la façon dont sa démission a été annoncée intrigue. Il a nié avoir démissionné alors qu’une lettre officielle concernant sa démission circulait sur les réseaux sociaux. Il y a anguille sous roche », note l’observateur politique. Il ajoute que Sooroojdev Phokeer était devenu incontrôlable et gênant pour le gouvernement ces derniers temps. D’autant qu’il était acculé et critiqué de toutes parts, y compris sur les réseaux sociaux. « Après avoir servi le gouvernement pendant cinq ans, il était devenu un poids lourd pour lui, surtout à l’approche des élections. Les négociations avec le PMSD ont ainsi permis au pouvoir de se débarrasser de lui », affirme-t-il.

Bouleversements au sein de l’Alliance Morisien

L’observateur politique prévoit d’ailleurs « beaucoup de bouleversements au sein de l’Alliance Morisien » avec cette nouvelle alliance avec le PMSD. « Déjà le ML se montre plus vociférant et exprime ouvertement son mécontentement. Alan Ganoo et Steve Obeegadoo se sentiront marginalisés tandis qu’il y aura des tiraillements parmi ceux au MSM qui n’auront pas de tickets. Même au PMSD, il y aura des mécontents. La situation risque donc d’être très instable au sein de cette alliance », prédit-il.

Revenant à Sooroojdev Phokeer, il est clair, selon Faizal Jeerooburkhan, qu’il n’aurait jamais dû être nommé comme Speaker en premier lieu. Il rappelle que ce dernier avait été agent politique du MSM et qu’il était très actif au no. 10 durant la dernière campagne électorale. Ce qui le disqualifiait d’emblée pour le poste de Speaker. « Le Premier ministre l’avait nommé en dépit des protestations de l’opposition », rappelle notre interlocuteur, en déplorant le fait que Phokeer a violé allègrement la démocratie parlementaire tout au long de son mandat de cinq ans. « C’est très grave, mais il l’a fait avec la complicité du Premier ministre, du DPM, des deux VPM, des ministres et des députés de la majorité. Ils ont tous empêché l’opposition parlementaire de faire son travail alors qu’ils ont été élus par le peuple pour tenir un rôle de chien de garde contre les abus, scandales, mauvaise gestion et autres », affirme-t-il. Faizal Jeerooburkhan se remémore des nombreuses occasions où Sooroojdev Phokeer avait humilié les députés de l’opposition, surtout des leaders politiques qui ont été élus pendant des années.

« Le MSM s’est servi de lui comme un goalkeeper pour empêcher l’opposition de fonctionner. Au lieu d’être un arbitre indépendant, il a systématiquement mis des bâtons dans les roues de l’opposition. Il a étouffé la voix de celle-ci », déplore l’observateur politique, en se demandant si Phokeer connait le sens du terme démocratie. Faizal Jeerooburkan ne manque pas d’égratigner le judiciaire pour sa lenteur dans les poursuites engagées par des députés de l’opposition contre Sooroojdev Phokeer. « C’est malheureux que le judiciaire prenne autant de temps pour régler des affaires constitutionnelles », souligne-t-il.