[Dilapidation des fonds publics] Les pactoles empochés par la société Verde passés à la loupe

Jugée proche de l’ancien ministre des Finances, Verde Frontier Solutions Ltd aurait empoché des centaines de millions de roupies pour faire du ‘marketing monitoring’ des organismes publics, tombant sous la tutelle du PMO et des Finances, ainsi que des corps paraétatiques, mais aussi pour avoir agi comme ‘transaction advisor’ de la MIC, à travers un de ses responsables, entre autres. Un exemple typique mêlant conflit d’intérêts et enrichissement des proches du pouvoir, tout en pillant les fonds de l’État, laissant les caisses publiques dans le rouge…

L’état des finances du pays est catastrophique et bien plus grave qu’on ne le pensait. Le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, l’a dit. Raison d’ailleurs pour laquelle il a choisi de garder ce portefeuille sous sa responsabilité. « MSM ine fer pli bocou dégâts, nou pe commence koné la et nou pe kone enkor plis, bocou dégâts. Zot ine dilapide partout », a-t-il dit après la cérémonie de prestation de serment des ministres vendredi. Ces « dégâts » sont nombreux et peuvent être déclinés sous plusieurs formes. Déjà, des dépenses effectuées au nom des proches et copains de l’ancien régime MSM, dont l’ancien ministre des Finances, sont passés à la loupe. Il nous revient ainsi que des sociétés proches de Renganaden Padayachy auraient décroché de gros lots. En attendant qu’un audit trail soit fait et que des actions sont initiées, des questions se posent déjà sur leur rôle et leur implication, plus précisément dans la façon dont certaines de ces sociétés auraient été mises à contribution pour saigner à blanc les caisses de l’État.

Une des sociétés qui se retrouvent dans le viseur des autorités est Verde Frontier Solutions Ltd. Celle-ci, jugée proche de l’ancien ministre des Finances, a obtenu une licence de la FSC en août 2020, soit moins d’un an après la nomination de Renganaden Padayachy à la tête de ce ministère. Cette compagnie, avec la bénédiction de ce dernier, touchait, selon certaines indications, un pactole d’au moins Rs 300 000 mensuellement pour le ‘marketing monitoring’ des organismes tombant sous le PMO, le ministère des Finances ainsi que des organismes paraétatiques. Une pratique qui n’existait pas auparavant à l’hôtel du gouvernement. On ne sait pas vraiment en quoi consistait ce ‘marketing monitoring’ ou s’il a porté ses fruits, hormis d’empocher des dizaines millions de roupies sur la tête des contribuables.

La société Verde avait aussi agi comme « Transaction Advisor » pour le compte de la ‘Mauritius Investment Corporation’ (MIC), la MauBank, et plusieurs autres entreprises d’État, et sur lesquelles le ministre des Finances avait un droit de regard. Ce qui aurait permis à cette société d’empocher de jolis pactoles s’élevant à plusieurs dizaines de millions de roupies alors que les finances publiques sont en lambeaux. D’ailleurs, dans notre dernière édition, nous faisions état d’un responsable de cette compagnie qui aurait agi comme ‘consulting agent’ pour l’achat des actions s’élevant à 48 millions d’euros dans un hôtel appartenant à des proches de la famille Jugnauth en contrepartie d’une commission de 10 %. Ce qui ferait une somme faramineuse de Rs 234 240 000 !

D’ailleurs, une enquête devrait bientôt être instituée sur des ‘haircuts’ qui auraient ponctué de gros prêts octroyés par des banques d’État, tel que celui alloué au groupe Pabari par la SBM. Cette enquête chercherait ainsi à établir s’il y a eu de « Transaction Advisor » dans ce cas précis. Par ailleurs, Verde n’est pas étrangère à la mise en place de la société de sondages Pulse Analytics, qualifiée de bidon par des professionnels, à quelques mois des dernières élections générales afin de manipuler l’opinion publique. Ses connexions avec d’autres sociétés, dont Grey, Ion News et Cafe Lux sont également étudiées. Leur rôle dans cette stratégie bien orchestrée et ficelée pour piller les fonds publics avec la complicité de ceux qui étaient censés les protéger sera analysé minutieusement. Des enquêtes et éventuellement des sanctions ne sont pas à écarter.