DILAPIDATION ! Par Zahirah RADHA

EDITO

Par Zahirah RADHA

Ses diverses rémunérations totalisant le demi-million de roupies par mois ne doivent pas nous choquer, nous a dit le super conseiller Gérard Sanspeur. De toutes les façons, il touchait bien plus dans le secteur privé, soit Rs 800 000 mensuellement. Ce qui représente quand même un manque à gagner de … Rs 300 000/ mois ! On est bien d’accord avec lui sur un point : cela ne devrait plus nous choquer. Et pour cause ! On en a vu tellement de nominés politiques aux rémunérations faramineuses ces derniers temps. Depuis les législatives de décembre 2014, ces ‘golden boys and girls’ à l’appétit d’ogre ont non seulement vampirisé nos institutions publiques, mais ils ont également contribué à saigner à blanc les caisses de l’État. Comme si les sommes colossales dépensées dans le sillage du projet mort-né Heritage City et sur le lancement du Metro Express, par exemple, n’étaient pas suffisantes pour dilapider les fonds publics. Comment peut-on oublier les Rs 19 millions payés à Kailash Trilochun, beau-frère de Nando Bodha, pour avoir représenté l’État dans un seul procès contre Emtel ? À peine s’est-on remis de notre stupeur quant aux Rs 323 000 perçus par Vijaya Sumputh en tant que directrice du Cardiac Centre qu’on s’est vu bombarder par le montant des rémunérations du conseiller spécial de Pravind Jugnauth.

Le blue-eyed boy Gérard Sanspeur nous a coûté plus de Rs 3 millions depuis qu’il occupe diverses fonctions au sein des organismes publics. C’est certes dérisoire comparé aux Rs 19 millions de l’avocat à la queue de cheval. Mais cela demeure quand même une somme non-négligeable. La cerise sur le gâteau pour ce conseiller spécial est surtout venue après l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre. Il est alors monté en grade. Tout comme ses rémunérations sont montées en flèche. Mais celles-ci, apprenons-nous, ne seraient rien comparées à celles perçues par le CEO de Mauritius Telecom (MT), Sherry Singh. Ce dernier, jugé très proche du Premier ministre, percevrait le double de ce que touche Sanspeur. Même si le montant de son salaire et ses allocations reste un secret jalousement gardé, des informations qui se sont fuitées laissent croire que le No 1 de MT jouirait d’un pactole de plus d’un million de roupies par mois. Si cela s’avère, le sacré Sherry Singh aurait déjà empoché Rs 26 millions depuis qu’il a été nommé à ce poste. De quoi nous faire bouillir d’indignation !

Si ces largesses du gouvernement à l’égard de cette petite clique de protégés nous répugnent tant, c’est surtout parce qu’elles sont contraires aux promesses faites par la défunte Alliance Lepep pendant la campagne des élections générales de 2014. « Nous ferons la politique autrement : la discipline, la transparence, la redevabilité et la gouvernance exemplaire constitueront la règle pour le Premier ministre, les ministres, les députés, les conseillers […] Nous éliminerons les gaspillages », avait-elle écrit dans son manifeste électoral, présenté comme un  « contrat de confiance avec la population ». Ce contrat a été sacrifié sur l’autel du pouvoir. L’appétit pouvoiriste de nos dirigeants et de leurs ‘chamchas’ a pris le dessus sur la bonne gouvernance promise. Tandis que les princes du jour se la coulent douce aux dépens des contribuables qui sont écorchés vifs, les syndicats, eux, se démènent comme de beaux diables pour l’instauration d’un salaire minimum. En fin de compte, la bonne gouvernance ne serait qu’un vain mot qu’on utilise à outrance durant les campagnes électorales, mais qu’on y renonce une fois au pouvoir.