Diolle et Maudhoo relâchés sur parole: La loi est-elle la même pour tout le monde ?

Deux cas liés à la drogue ont retenu bien plus l’attention de la population que la saisie de 333 kilos de cannabis d’une valeur de Rs 400 millions effectuée en haute mer en début de semaine. Il s’agit de l’arrestation de deux proches de membres du gouvernement pour possession de drogue. Le premier cas concerne le frère de la PPS Tania Diolle, Adrien Alexandre Joachim Diolle. Il avait en sa possession deux feuilles contenant de l’héroïne lorsqu’il a été interpellé lors d’une perquisition à son domicile, lundi. Et la deuxième affaire concerne Visham Maudhoo, conseiller de district de Flacq et neveu du ministre Sudheer Maudhoo. Une seringue contenant un liquide soupçonné d’être de la Kétamine, classée comme drogue dangereuse, a été retrouvée sur lui par l’équipe de la SST menée par le SP Ashik Jagai, mardi. Si ces deux cas soulèvent les passions, c’est parce qu’ils semblent avoir eu un traitement préférentiel. En effet, les deux suspects ont été relâchés sur parole après leur interrogatoire. Ce qui suscite bien des interrogations.

 Dev Jokhoo, ancien DCP et patron de la NSS, est catégorique. « La possession de drogue est une ‘arrestable offence’ », précise-t-il. « Si une personne est retrouvée avec de la drogue, elle est normalement arrêtée et détenue jusqu’à sa comparution en Cour. Si la police n’a pas d’objection pour sa remise en liberté, elle obtient alors la liberté conditionnelle », explique-t-il. Cette pratique aurait dû être appliquée dans les cas d’Alexandre Diolle et de Visham Maudhoo également.  « Pourquoi a-t-on fait exception dans ces deux cas ? C’est illogique », martèle Dev Jokhoo qui estime que la police envoie un mauvais signal en les libérant sur parole. D’autant qu’ils ont des liens de parenté avec des membres de la majorité gouvernementale. « J’ai déjà libéré une femme sur parole parce qu’elle était enceinte et sur le point d’accoucher. Elle a comparu en Cour le lendemain et elle a eu sa caution. Pour vous dire qu’il y a des cas exceptionnels. Mais cela ne s’applique pas dans les cas de Diolle et Maudhoo », ajoute-t-il.

« Je me demande si tout le monde est égal devant la justice ou y en a-t-il certains qui sont plus égaux que d’autres ? » martèle, pour sa part, le travailleur social Ally Lazer. « Mo kone bane ti consommateurs la drogue ki fine arrêté avec ene dose la drogue et kine alle pourri on remand. Mais lorsqu’il s’agit du frère d’une PPS qui est arrêté avec 0,23 g d’héroïne, il ne passe pas une seule minute en détention et est libéré sur parole. C’est kumsa ki kasse le rein trafiquants la drogue ? », s’indigne-t-il. « Je suis révolté quand je vois que la loi n’est pas la même pour tout le monde », tonne-t-il. Selon lui, ces deux cas lui donnent raison de dire que nous avons depuis longtemps perdu le combat contre la drogue. Et de citer l’affaire Sabapathi dans laquelle il était question de « deal » entre des hauts gradés de la brigade anti-drogue et des trafiquants. Ally Lazer affirme même qu’il ne serait pas surpris si « la drogue saisie avec PPS so frère pou vine cacao », en prenant l’exemple du cas de Geeanchand Dewdanee.

« Mo pena auken doute ki pou arrive mem zafer kuma zenfan lakaz Dewdanee. Il avait été détenu pendant presque deux ans. Mais quelques jours seulement avant que l’affaire ne soit appelée en Cour, la police avait soutenu qu’il n’y avait pas de preuves contre lui. Eoula, ferme ene dimoun plis ki 2 ans si pena evidence ? Kifer garde li en détention ? Saem ou pou trouve pou arrivé la », croit savoir Ally Lazer.