Disparition en mer de Moswadeck Bheenick : Mariam Bheenick : « Je veux qu’il revienne, c’est tout »

Cela fait déjà 13 jours que le capitaine  Moswadeck Bheenick est porté disparu en mer, depuis le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan dans la soirée du 31 aout. Pour rappel, le remorqueur Sir Gaëtan halait une barge appartenant à la compagnie Taylor Smith au large de Poudre D’or. Il y avait 8 employés de la Mauritius Ports Authority (MPA) à bord. Après le naufrage, trois  marins avaient trouvé la mort alors que quatre autres ont pu être secourus. Comme mentionné, Moswadeck Bheenick est toujours porté manquant.

Mariam Bheenick : « Je veux connaître la vérité »

L’épouse du capitaine, Mariam Bheenick, d’origine brésilienne, a toujours des regrets qu’elle n’ait pu parler avec son mari avant qu’il ne sorte pour aller au boulot.

La veille du drame, Moswadeck Bheenick avait dit à sa femme : « Mo bizin leve boner akoz mo bizin alle en mer. »  Ce furent ses dernières paroles à sa femme. Le lendemain matin, elle n’a entendu que le claquement de la porte.

Elle nous raconte que c’était à travers les medias qu’elle avait appris qu’il y avait un drame au large de Poudre d’Or. Ayant un doute horrible, elle devait essayer frénétiquement d’entrer en contact avec son époux, mais ce dernier restait injoignable. « À ce moment, j’étais sure que mon mari était sur le remorqueur », nous dit-elle.

Elle fustige le fait qu’elle n’a  eu aucun coup de fil de la part de la Mauritius Ports Authority (MPA) pour l’informer que son mari était parmi ceux portés manquants juste après le drame..

C’est son voisin qui l’avait emmenée à Poudre D’Or. En arrivant sur le lieu, elle devait constater que des recherches battaient leur plein.

Mais elle ne savait pas que son mari était toujours porté manquant. Mariam Bheenick avait demandé de l’aide auprès des pêcheurs et des volontaires pour le retrouver, mais après des moments qui lui avaient semblé une éternité, ces recherches ne devaient rien donner. Son cœur battait la chamade quand un bateau de pécheurs  s’approchait de la plage, mais cela donnait suite à une vive déception. Pour elle, il y a eu un manquement dans la façon dont les recherches ont été effectuées.

Revenant sur le drame, elle n’hésite pas à affirmer que les autorités ont inutilement pris un risque cette nuit. Selon elle, alors qu’il était aux commandes du remorqueur, Moswadeck Bheenick avait bien tenté d’entrer en contact avec les officiers au siège de la Mauritius Ports Authority mais il n’y arrivait pas car il y avait un problème de liaison radio. « Ils auraient dû bien réfléchir ce jour-là, la mer était mauvaise », s’insurge-t-elle.

Mariam Bheenick nous confie son soulagement après qu’il a été annoncé qu’une ‘Court of Investigation’ sera mise sur pied. « Cela permettra de faire la vérité sur ce drame. Moi aussi, j’aurais voulu savoir qui a donné des instructions pour s’aventurer en haute mer malgré le mauvais temps », nous dit-elle.

Moswadeck Bheenick laisse derrière lui deux enfants

Après la disparition du capitaine Bheenick, plusieurs personnes sont venues chez la famille  pour témoigner leurs sympathies car Moswadeck Bheenick était bien connu pour sa générosité, et aidait souvent les personnes qui étaient en difficulté.

Mariam partage plusieurs souvenirs agréables avec son époux, qu’elle décrit comme un homme calme et très gentil. Ce dernier aimait souvent emmener sa famille pour de longues promenades sur les plages.

Moswadeck et Mariam se sont rencontrés au Brésil. Ils avaient décidé de venir s’établir à Maurice, où ils se sont mariés. Après quelques moments difficiles, faute de moyens, ils ont pu se passer la bague au doigt. Après avoir habité  Coromandel et  Brisée-Verdière, ils se sont finalement installés à Calebasses.

De leur union sont nés deux enfants, une fille de 12 ans et un garçon de 22 ans. Ce dernier est en Afrique du Sud, où il poursuit sa formation pour devenir pilote de ligne. Il avait l’habitude, quand son père partait au travail, de montrer à sa mère la trajectoire qu’il devait prendre en mer. Moswadeck  aimait beaucoup sa fille, qu’il gavait de cadeaux.

 

Une ‘Court of Investigation’ mise sur pied

Une ‘Court of Investigation’ sera mise sur pied pour faire la lumière sur le naufrage de Sir Gaëtan au large de Poudre D’Or.

Une décision  a été prise en ce sens ce vendredi 11 septembre par le Conseil des ministres. C’est l’ancien juge Joseph Gérard Angoh qui présidera ce tribunal. Il aura comme assesseurs Mahendra Babooa et Iran Mohamad Dowlut.

  Asraf Aullymun