Dr Faeza Soobadar, pédiatre et néonatologue : L’initiatrice de l’unité de soins intensifs néonatale (UNSI) à Maurice

Le Dr. Faeza Soobadar est une pédiatre de renom à Maurice. Exercant depuis 30 ans dans ce domaine, soit depuis 1990, c’est elle qui a mis sur pied l’unité de soins intensifs néonatale (UNSI) à l’hôpital SSRN, qui vise à apporter des soins de haut niveau aux nouveau-nés. Rencontre avec cette femme médecin d’une grande sensibilité qui travaille actuellement, comme la principale consultante en pédiatrie et en médecine néonatale à l’hôpital Wellkin (ex-Appollo Bramwell) depuis 2009.

Quelques années de cela dans une salle à l’hôpital SSRN, deux médecins, dont le Dr. Faeza Soobadar, sont en pleine conversation. L’autre médecin lui montre un bébé prématuré qui se trouvait sous une tente à oxygène et lui explique que les chances de survie du bébé étaient très minimes, car il n’existait aucune unité spécialisée pour traiter les bébés prématurés. « Ce fut un véritable choc pour moi de voir la disparité entre les soins apportés aux bébés prématurés au Royaume-Uni et à Maurice. C’est à ce moment que j’ai pris la ferme intention d’améliorer les soins néonataux à l’île Maurice et j’ai donc poursuivi ma formation dans le domaine de la néonatologie », nous confie le Dr Soobadar.

Le Dr Faeza Soobadar est née à Rose-Hill dans une famille humble. Son père était commerçant tandis que sa mère était une femme au foyer. Elle a deux sœurs ainées et un frère cadet. Elle a débuté son parcours scolaire à l’école Rémy Ollier en 1970 et a ensuite fait son entrée en 1976 au Queen Elizabeth College (QEC) à Rose-Hill. Ses études secondaires     seront couronnées de succès : en 1982, elle sera consacrée lauréate dans la filière Sciences. Elle reçut une bourse pour la faculté de médecine de l’université de Manchester, où de 1983 à 1988, elle sera formée comme médecin généraliste.

Étant elle-même une ancienne lauréate, quel regard jette-t-elle sur le système de lauréats à Maurice ? « Le système de lauréats compte beaucoup de détracteurs. Nous constatons que chaque année, lorsque les résultats sont connus, le système est attaqué pour son élitisme. Mais en réalité, la bourse octroyée aux lauréats est l’un des rares exemples de la véritable méritocratie à Maurice. Tout le monde a accès à une éducation gratuite, tout le monde a les mêmes opportunités et ceux qui sont récompensés sont ceux qui ont fourni le meilleur d’eux-mêmes », dit-elle.

C’était le souhait le plus cher de son père qu’elle étudie la médecine. « Croyez-le ou pas, je voulais étudier la météorologie parce que j’étais fascinée par la science derrière les prévisions météorologiques. Mais mon père avait une approche plus pragmatique », nous dit-elle.

« Les études de médecine au Royaume-Uni sont très coûteuses. Vous devez avoir les meilleures notes possibles pour pouvoir entrer dans une école de médecine dans ce pays. Quand à moi, j’ai eu la chance d’avoir décroché une bourse complète tous frais payés par le gouvernement. Il n’était pas question de passer à côté de cette opportunité », dit-elle. Venant d’une famille humble, sans cette bourse, elle n’aurait jamais eu la chance d’aller au Royaume-Uni pour des études tertiaires, encore moins pour étudier la médecine.

Comme beaucoup de lauréats qui se sont installés à l’étranger après leurs études, nous nous somme intéressés de savoir si le Dr Faeza Soobadar avait cette intention, mais elle nous dit le contraire. « J’ai toujours eu la ferme intention de retourner à Maurice après ma formation. Quand j’ai terminé mon diplôme de médecine de base, on m’a conseillé de m’orienter vers l’obstétrique ou la pédiatrie pour ma spécialisation, car il y avait une forte demande à Maurice pour plus de femmes médecins dans ces deux spécialités. Mais quand j’ai débuté mon stage dans l’obstétrique et la gynécologie dans une clinique privée à Manchester, je n’ai pas vraiment aimé l’obstétrique », explique-t-elle.

Donc, elle a opté pour un stage en pédiatrie et elle a découvert qu’elle avait définitivement plus d’affinités pour cette spécialité. « C’est alors que j’ai pris ma décision », dit-elle. Elle devait alors effectuer un stage en pédiatrie sous une brillante ‘female registrar’, qui est vite devenue son modèle et qui était une source d’inspiration pour Faeza.

Elle a suivi une formation en pédiatrie dans différents hôpitaux de Manchester. « Au Royaume-Uni, lorsque vous suivez une formation spécialisée, vous travaillez en tant que jeune médecin dans votre spécialité. C’est la meilleure façon d’apprendre. Il y aussi un certain nombre d’examens à passer, ce qui signifie que vous devez combiner de longues heures de travail et d’études, ce qui est très exigeant », explique-t-elle.Après avoir obtenu son diplôme de spécialiste, elle voulait achever la formation complète, afin qu’elle puisse obtenir le ‘Certificate of Completion of Specialist Training’ (CCST). Vers cette période, elle a passé huit semaines à l’hôpital SSRN, ce qui était sa première exposition à la pratique de la médecine dans son pays natal.

À son retour à Maurice, elle devait travailler de façon plus définitive à l’hôpital SSRN de 1999 à 2009, en tant que spécialiste en pédiatrie. C’est à cet hôpital qu’elle a eu l’occasion de créer l’unité de soins intensifs néonatale (UNSI), après avoir constaté avc un certain effroi les soins apportés aux nouveaux-nés à Maurice. « J’ai pu réaliser ainsi mon rêve d’améliorer les services néonatals à Maurice », confie-t-elle, avec le sens du devoir accompli.

Questionnée sur sa vie personnelle, le Dr Faeza Soobadar confie avec un sourire qu’elle « attend toujours le prince charmant ! » Même si elle ne s’est jamais mariée, « Je considère tous les enfants qui sont mes patients comme mes propres enfants. Je suis entourée d’enfants adorables, tout âge confondu, tout au long de ma journée de travail, et ils ont tous une place spéciale dans ma vie. »

 

« Que les femmes puissent consacrer plus de temps à leur famille sans sacrifier leur carrière » 

Pour finir, le Dr Faeza Soobadar souhaite lancer un message aux jeunes filles de cette nouvelle génération : « Les filles et les jeunes femmes mauriciennes devraient être très reconnaissantes du fait qu’elles vivent dans un pays tel que Maurice, qui est certes classé comme faisant partie du tiers monde, mais qui offre des chances égales aux filles et aux garçons pour l’éducation et le travail. Dans de nombreux pays du tiers monde, les filles doivent lutter pour avoir accès à l’éducation et n’ont pas les mêmes possibilités d’emploi. C’est très important qu’elles profitent au maximum de ces opportunités. Une grande contrainte pour les femmes est quand elles décident d’avoir des enfants. Cela peut devenir difficile pour eux de jongler avec la vie familiale et leur carrière. Les femmes constituent une proportion importante de la main-d’œuvre et peut-être devrait-il y avoir une législation en faveur de l’emploi à temps partiel, pour que les femmes qui souhaitent consacrer plus de temps à leur famille puissent le faire sans avoir à sacrifier leur carrière.»