Dr Shameem Jaumdally : «Le Delta reste pour le moment le variant prédominant et préoccupant»

Malgré la présence d’Omicron à Maurice

Deux cas du variant Omicron enregistrés à Maurice. Faut-il s’inquiéter ? « Pas pour l’instant », dit le Dr Shameem Jaumdally. Un de ces deux cas a d’ailleurs été répertorié sur un des passagers qui se trouvait à bord du même vol que lui il y a deux semaines de cela. Ce qui n’étonne pas le virologue car, soutient-il, ce passager rentré au pays après un voyage en Afrique du sud a été infecté pile au moment où l’Omicron y avait été détecté, surtout s’il se trouvait dans les parages de la province de Gauteng, là où ce variant a été découvert pour la première fois. Si l’Omicron ne nous pose pas de problème pour le moment, poursuit-il, c’est parce que le variant Delta est toujours omniprésent et prédominant chez nous.

« Le Delta demeure plus préoccupant parce qu’il se propage toujours et il continue de tuer », dit-il. Le fait que seulement moins de 10% de la population, soit entre 60 000 et 80 000 personnes, qui a été infectée jusqu’ici sous-entend qu’il y a toujours un très grand nombre de Mauriciens qui sont vulnérables. D’où la crainte qu’ils ne soient contaminés. Raison pour laquelle, selon lui, il faut davantage de restrictions sanitaires. Les rassemblements de 50 personnes et la pratique des sports collectifs, entre autres, ne feraient qu’exposer davantage les Mauriciens à une contamination, en prenant surtout en compte leur comportement et leur mode de vie.

Le Dr Jaumdally s’inquiète aussi du nombre alarmant de morts malgré une baisse notée concernant les cas positifs. Une des raisons, selon lui, serait la réticence des patients de se rendre à l’hôpital, probablement dû à un manque de confiance dans notre service de santé publique. « Une prise en charge rapide est très importante pour pouvoir guérir un patient surtout s’il présente des complications. Or, si celui-ci arrive tardivement à l’hôpital, il est à plus grand risque de développer des événements cardio-cérébrovasculaires, surtout s’il n’a pas été traité avec des anti-coagulants. Son pronostic vital est donc plus engagé, surtout si son poumon ne fonctionne plus à cause de la pneumonie », avance le virologue, en précisant qu’il est important que les patients soient entourés et encadrés d’une équipe médicale composée de spécialistes en divers domaines.

« Inexact de dire que l’Omicron ne cause pas de maladie sévère »

En ce qu’il s’agit de l’Omicron, le Dr Shameem Jaumdally avoue que, selon des données qu’il reçoit de l’établissement hospitalier où il est basé en Afrique du sud, 90% des cas qui y ont été enregistrés sont symptomatiques. Ces patients symptomatiques, précise-t-il, sont âgés de moins de 40 ans, en bonne santé, vaccinés et boostés aux Janssen et toujours au sommet de leur immunité et ils ont tous déjà été infectés par la Covid-19, dont certains du Delta, auparavant. « Basé sur ces données, il est inexact de dire que l’Omicron ne cause pas de maladie sévère », soutient-il, en faisant toutefois ressortir que sa transmission n’est pas supérieure au Delta pour le moment.