Ils fréquentent tous deux un collège d’État de la capitale. Mardi après-midi, ils ont été retrouvés inconscients au jardin de la Compagnie. Une fouille a permis de retrouver une substance de couleur rose dans leurs poches, qui pourrait être de la drogue synthétique.
Les deux adolescents sont toujours en observation à l’hôpital Jeetoo. Admis cet après-midi là, ce n’est que dans la journée de mercredi qu’ils ont repris connaissance. Toujours dans un état second, ils parvenaient difficilement à s’exprimer. Vu qu’ils ont été retrouvés inconscients dans une place publique, la police de Pope Hennessy et le poste de police de l’hôpital ont été alertés sur ce cas. L’affaire est actuellement entre les mains de la Brigade pour la protection des mineurs et l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU). Ce n’est que jeudi après-midi que les victimes ont pu raconter en partie ce qui leur était arrivé mardi dernier à la sortie du collège. Pour l’heure, aucune décision n’a été prise à savoir si les deux adolescents seront poursuivis. Dans la journée de jeudi, nous sommes parvenus à rencontrer les deux adolescents à l’hôpital Jeetoo. Avec le consentement de leurs parents, ils ont accepté de nous raconter leur mésaventure qui aurait pu avoir de graves conséquences pour leur santé.
Azhar, 16 ans, habitant Vallée-des-Prêtres, n’est pas près d’oublier ce qui lui était arrivé. Ami à Yassin depuis la Form un, les deux amis sont inséparables. « Nous deux camarades ki tout les temps nous ensam, alle l’école ensam, retourne ensam, meme tout banne leçons nous alle ensam », nous raconte Azhar, d’une voix hésitante. Il a fallu que son père quitte la salle pour qu’il puisse nous raconter ce qui s’est passé depuis sa sortie de classe. Comme tous les jeunes, Azhar et son meilleur ami ont affirmé avoir entendu parler de la drogue synthétique et de ses effets plus fort que la cannabis. Depuis la semaine dernière, ils se sont laissés tenter. « Chaque fois nous tend cauze sa la drogue là, depi vendredi dernier nous ine mette sa plan là, nous ti envi goute ene coup, jamais nous pas abitié prend la drogue nous, ene deux coup nous abitier fime ene cigarette, mais sa meme nnous limite, premier fois ki arrive nous ene zaffaire pareil », raconte Azhar.
Se procurer de la drogue synthétique n’est pas chose facile pour nos deux adolescents. Après des leçons particulières, samedi dernier, ils décidèrent d’en parler à un de leurs amis, qui aurait déjà tenté l’aventure. « Camarade là dire nous ki solution la facile, line avoy nous Plaine-Verte lundi gramatin, line donne nous description ene dimoune ki vine dans jardin 7 heure du matin, ek li même ki nous ine acheté sa », explique Azhar.
Combien coûte une dose ?
Avec Rs 200 en main les deux adolescents sont descendus au jardin de la Plaine-Verte, lundi matin, pour trouver le vendeur de drogue. « Lundi nous ti desan avec nous uniforme l’école lors nous, et nous ine reussi trouve sa dimoune la, coumancement li pas ti pe rode vende avec nous, akoz li pas conne nous, mais après, line accepté, line prend nous cash line alle, line retourné après 20 minutes, line donne nous ene ti bout plastic, nous ine prend mette dans sac, ale l’école », nous confie l’adolescent. N’ayant pas de leçon particulière lundi, ils ont décidé de ne pas essayer la drogue ce jour-là et l’ont reporté au lendemain, le jour qu’ils devaient se rendre aux leçons de français. A l’école, pendant la récréation, ils ont eu le temps de préparer la drogue, soit l’enrober dans un papier à tabac, mélangé avec du tabac et la drogue de couleur rose. « Nous pas ti pé conner cotte pou alle fume sa, lerla, Yassin dire moi ki li conne ène place, kot ène parking akoté jardin Compagnie, line déjà alle là-bas », dit Azhar.
Après les heures de classe, les deux adolescents se sont rendus directement à cet endroit. En premier, c’est Yassin qui a fumé avant de la passer à Azhar. « Apres sa, mo pas rappel nanien, quand mone lever, mo ti dans l’hôpital, pas ti pe capave diboute lors mo lipied », dit Azhar en larmes. L’adolescent dit regretter son acte et a déjà présenté ses excuses à ses parents. Son père, comptable dans une firme privée et sa mère, fonctionnaire au ministère des Infrastructures publiques. Actuellement en Lower six, c’est l’année prochaine qu’il prendra part aux examens du Higher School Certificate (HSC). Pour l’heure, il ne sait toujours pas quelles seront les conséquences de son acte irréfléchi. « Plusieurs banne policiers ine vine get nous, parmi, éna bann officiers ADSU kine cauze avec mo garçon, éna possibilité li capave pou bizin alle donne l’enquête aster pa conner au niveau l’école, ki conséquence ki pou éna », nous confie le père d’Azhar. Il affirme être conscient de la gravité du problème, mais tout ce qu’il souhaite, c’est que son fils retourne à la maison en bonne santé et puisse au plus vite possible reprendre le chemin de l’école.
Les proches de Yassin ont refusé catégoriquement de nous parler de cette affaire lors de notre visite à l’hôpital.
Selon des sources proches de l’ADSU, des adolescents retrouvés en possession de drogue synthétique ou dans un état second est devenue monnaie courante ces derniers temps. « Dans la plupart des cas, nous convoquons les parents, dans d’autres cas les responsables de l’établissement scolaire et on fait du counselling aux adolescents, c’est trop facile de les arrêter, de loger une charge provisoire contre eux, mais il nous faut quand même leur donner une deuxième chance et penser à leur avenir », nous a expliqué un policier affecté à la Brigade antidrogue.
Depuis le début de l’année, pas moins de 23, collégiens se sont retrouvés dans un tel état, victimes de la drogue synthétique. « Les jeunes, adolescents se tournent de plus en plus vers la drogue synthétique.La raison, c’est qu’il est meilleur marché, comparé à un pouliah de gandia qui se vend à Rs 300, alors que celui de la drogue synthétique se vend entre Rs 150 et Rs 200 », nous a confié un officier de l’ADSU.