Dubreuil : Les mille et une couleurs de thé

Cela fait environ une décennie que Dubreuil n’est plus sommairement connu comme Villaz Dité,  même si les plantations de thé sont toujours visibles dans les alentours. Situé à proximité du réservoir de Midlands Dam, le village de Dubreuil – ou Dibriyel comme les aînés de la localité ont l’habitude de dire, cultive, outre le thé, la banane et les légumes. Fait insolite, bien que tombant sous le Conseil de district de Moka, les électeurs de Dubreuil votent dans la circonscription no 17 (Curepipe/Midlands) pour les élections générales. Les habitants sont quasi-unanimes à dire que le développement infrastructurel est au point mort.

Ashley Jacques

De « Villaz Dité » à Dubreuil

Le village de Dubreuil est réputé pour ses champs de thé, d’où son appellation de Villaz Dité. Il était autrefois habité par les planteurs de thé en majorité, mais au fil du temps, la configuration des habitants a grandement changé. Dubreuil englobe Camp Boolell, NHDC Dubreuil et Résidence Dubreuil. Le village a hérité de son nom probablement d’Armand Dubreuil, qui avait acquis ces terres de Joseph de Bouloc en 1760. Les terres s’étendaient jusqu’à Phoenix.

Bhimsen Bagojee, âgé de 55 ans et planteur de thé, se rappelle encore de l’époque où la production de thé ou la culture vivrière étaient le principal gagne-pain des habitants. « Aster fine ena plusieurs habitants kine vine reste ici. Avec bann nouvo teknolozi, bane jeunes pas trop envi travay la terre », constate ce quinquagénaire. D’emblée, il confie aussi qu’il travaille la terre dès l’âge de 9 ans et se voue toujours avec passion à la culture du thé. Actuellement, Bhimsen Bagojee est le président de la société coopérative BABS, qui a mis 18 arpents de terre sous culture de thé.

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  1. Dubreuil National Ripe Black Tea Factory

31 mars 1999. C’est la date depuis que l’usine de thé de Dubreuil n’est plus opérationnelle, après que les coûts de production ont pris la tangente. Cependant, le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, dans une déclaration à la presse en décembre 2016, avait précisé qu’une somme de Rs 100 millions serait déboursée par son ministère pour relancer cette usine.

D’ailleurs, Kuanfu-Tea, une entreprise chinoise, procède actuellement à des travaux de rénovation de l’usine. «Sa fer presque 1 an depi ki bane travaux de renovation pe fer et bane travaux pou fin prêt l’année prochaine », explique Khemrajsingh Chaytoo, supervisor à l’usine.

 

L’arrêt des travaux de construction d’un drain provoque la colère des habitants

C’est un sentiment de colère et d’exaspération qui anime les résidents de la rue Rishi Dayanand à Dubreuil. L’arrêt des travaux de construction d’un drain par un entrepreneur serait la cause de ce mécontentement.

Selon les résidents, ce contractuel avait été sélectionné par le Conseil de district de Moka depuis janvier pour effectuer des travaux de drainage dans la localité. Or, ce dernier ferait la pluie et le beau temps et en 8 mois, les travaux n’ont toujours pas abouti. « Ena zanfan ki ine tombe dans sa canal la, bus pa oulé passe ici akoz sa problem la, sa bane canal la pe fer accumulation dilo ek prolifération moustiques, » soutiennent Kunal, Rajvijay, Naouma, Hemraj et André, des habitants du quartier.

Dubreuil Government School : « Le seul projet valable de la localité »

L’école primaire du gouvernement de Dubreuil est, selon les dires de quelques habitants, le seul projet valable de la localité, alors qu’il n’en existait pas dans le passé. L’école comprend aussi une section pour la maternelle.

Camp Boolell : l’enfant pauvre de Dubreuil

En parcourant les ruelles de cette localité, nous découvrons sa face cachée. Plusieurs familles vivent dans une situation d’extrême pauvreté et de précarité à Camp Boolell. Ici, la misère semble être légion.

La plupart de ces habitants vivotent dans des bicoques en tôles rouillées et en bois.

Sur place, nous découvrons Premilla Perrine, mère de sept enfants, qui nous raconte son calvaire : « Kan lapli tombé, mo lakaz couler couma dir panier percé. Mone fer plizir demars avec lotorité, mais zot pa pran nou kont ».

Même constat chez le couple Jolicoeur, Pamela et Fendley, qui disent ne recevoir aucune aide des autorités en dépit de leurs conditions de vie inhumaines.Ce couple, avec trois enfants à sa charge, fait un appel pressant aux autorités. « Mo ena plizir complications la santé. Mo bizin sanz disang souvent et mo mari batt batté cott gagné. Plizir fois mone fer application pou gagne aide mais pa tann nanien », déplore Pamela.

Ravi Bhayraw : « Dubreuil est un endroit très négligé» 

Selon Ravi Bhayraw, président du Conseil du village de Dubreuil et conseiller au District Council de Moka, ce village est très négligé par les autorités. Il cite pour exemple le non-asphaltage de plusieurs ruelles dans la localité. Le ministre des Sports, Stéphane Toussaint, a aussi pris pour son grade. « Nou deputé Stéphane Toussaint pe servi immunité parlementaire pou li kozé. Li dire ki bane chemin ine asphalter dans Dubreuil. Mo lance li ene défi, si au moins ene chemin ine asphalté, mo accepter pou demissione de mo poste de président », s’insurge le conseiller.

Cependant, Ravi Bhayraw qualifie néanmoins sa localité comme une région calme et paisible où il fait bon vivre.

Résidence Dubreuil : un développement positif pour la région

 

22 familles squatteuses ont reçu leur titre de propriété à Résidence Dubreuil depuis le 10 août 2012. Ces 22 familles ont dans un premier temps été relogées pendant deux ans dans l’ancienne usine de thé désaffectée de la localité, après que leurs habitations ont été démolies en juillet 2017. Vishal Seeburn, un ancien squatter, se dit heureux qu’il ait désormais un toit sur la tête et qu’il se sente plus en sécurité. Il précise aussi qu’une préposée de la NEF les a rencontré tout récemment pour leur faire part que le gouvernement compte accorder une somme de Rs 100 000 par maison pour des travaux de rehaussement.

Le terrain de foot de la localité : « Le creuset de jeunes sportifs »

Le terrain de foot de la localité accueille quotidiennement diverses équipes de foot de la région, à l’instar de Dubreuil United, Young Boys Football Club et Rovers Football Club, pour les entraînements et des tournois.

 

 

 

 Dubreuil Community Health Center

Une équipe de médecins et d’infirmiers(ères) aux soins des habitants de la région.

Dubreuil Community Center : aux services des habitants

Le centre communautaire de Dubreuil est géré par le Sugar Industry Labour Welfare Fund (SILWF). On y assure des cours de broderie, de peinture, de yoga et de kickboxing aux jeunes comme aux moins jeunes. Ce centre était une école primaire dans le passé.

 

Jacques Ramborro : fabriquant de balyé fatak

Jacques Ramborro pratique un métier qui se fait de plus en plus rare à Maurice : fabricant des balyé fatak. « C’est ene metier ki mone aprane ek mo parent. Mo bien contan sa travay la », précise-t-il.