Depuis une décennie, notre économie fait face à des défis majeurs, marqués par une dette publique croissante, une dépréciation de la roupie et une inflation galopante. Un constat qui contraste singulièrement avec le « boom économique » auquel nous avait fait croire Renganaden Padayachy, ancien ministre des Finances. Face à cette situation alarmante, le gouvernement actuel a entrepris une série de mesures pour stabiliser l’économie et éviter un effondrement financier.
Dès son entrée en fonction, le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, a mené un audit approfondi de la situation économique. Le rapport sur l’état de l’économie a révélé d’importantes manipulations des chiffres et une gestion déficiente des finances publiques. Parmi les actions entreprises :
- Stabilisation de la roupie : Après une dépréciation de 4.7% entre janvier et novembre 2024, la Banque de Maurice est parvenue à inverser la tendance, permettant une légère appréciation de 0.6% depuis novembre.
- Prévention d’une crise financière : Une dégradation de la note souveraine par Moody’s a été évitée de justesse.
- Réduction du manque de devises : La pression sur les réserves en devises étrangères semble progressivement s’atténuer.
Ces efforts, bien que significatifs, ne suffisent pas à effacer une décennie d’endettement massif et de décisions économiques discutables.
Entre 2014 et 2024, la dette publique est passée de Rs 238 milliards à Rs 608 milliards, soit une augmentation de Rs 370 milliards. À cela s’ajoutent :
- Rs 160 milliards imprimés par la Banque de Maurice,
- Rs 100 milliards de dettes contractées à travers des ‘Special Purpose Vehicles’ (SPV)
Au total, l’endettement du pays a augmenté de Rs 630 milliards en dix ans. Pourtant, la population peine à voir où cet argent a été investi.
Un exemple frappant est la gestion de l’eau. Si les barrages de Bagatelle et Midlands, initiés sous le précédent gouvernement travailliste, n’avaient pas été construits, Maurice serait aujourd’hui confrontée à une crise encore plus grave. Malgré cette hausse massive de la dette, aucun nouveau réservoir n’a vu le jour. Seule infrastructure réalisée : un simple réservoir en béton de Rs 75 millions, déjà sujet à des fuites.
Ce niveau d’endettement a un coût, et ce sont les Mauriciens qui ont dû casquer les frais :
- Dévaluation de la roupie : en dix ans, la roupie a perdu 48% de sa valeur face au dollar, passant de Rs 32.10 en 2014 à Rs 47.48 en 2024.
- Inflation galopante : les prix ont augmenté de 47% sur la même période, pesant lourdement sur le pouvoir d’achat.
- Hausse des recettes fiscales sans croissance réelle : Les revenus de la TVA sont passés de Rs 36 milliards en 2018/19 à Rs 56 milliards en 2023/24, alors que le PIB est resté pratiquement stagnant.
Si certaines mesures récentes pris par la nouvelle direction de la Banque centrale apportent un début de stabilisation, une question demeure : où est passé l’argent emprunté pendant ces dix dernières années ?