[EDITO] Crise de communication et de leadership

On ne le dira pas assez. En temps de crise, la communication peut sauver des vies. Nos dirigeants, aussi avant-gardistes qu’ils se prétendent être, ne semblent pas l’avoir compris. Comme nous l’a démontré, encore une fois, le Premier ministre, vendredi, alors qu’il était attendu depuis jeudi. Une ‘crisis of expectations‘ comme dirait Arvin Boolell, qui n’a, au final, abouti à rien puisque l’annonce principale, soit le prolongement du confinement, avait déjà été diffusée par les médias depuis la veille.

Il y a eu, dès le début, un manque cruel d’information et de communication entourant notre plan de sauvetage tant sur le plan de la santé qu’économique. Les annonces et les explications, à compte-gouttes, sont venues en retard. Soit après que la déception, la méfiance, la colère et le désarroi aient déjà gagné le terrain. Ce qui a accentué l’animosité envers les gouvernants. Ces derniers n’ont pu calmer, rassurer, conforter ou encourager la population en cette période de crise sans précédent. C’est là leur plus grand pêché.  

L’histoire retiendra aussi la déficience de communication au sommet du gouvernement. Alors qu’en temps normal, on voit Pravind Jugnauth quotidiennement à la télé, il s’y est fait rare précisément au moment où sa présence aurait fait toute la différence. Dans ces moments difficiles, la population ne cherchait qu’à le voir, ne serait-ce que pour avoir un brin d’espoir. En vain. Les quelques fois qu’il s’est présenté devant nos écrans, genre ‘special appearances’, il s’est montré vague, évasif, hâtif, l’air perdu et guère rassurant.

On s’attendait à voir un Premier ministre fort. Un combattant. Un leader. À l’image d’Emmanuel Macron ou de Jacinda Ardern. Mais à la place, on a vu un homme faible. Maladroit. Complètement désarmé. Incapable de communiquer et de gérer. Incapable aussi à réconforter son peuple. Quand une crise sanitaire et économique sans précédent est couplée d’une crise de leadership telle que nous la vivons en ce moment, cela ne présage rien de bon. Cry my beloved country

Par Zahirah RADHA