Par Zahirah RADHA
Le MSM est en chute libre. Tout comme ses partenaires. La direction et la base ne sont plus sur la même longueur d’onde. La fronde se fait plus vociférante. La colère explose dans certaines circonscriptions. Des activistes hurlent leur mécontentement. Des élus claquent la porte. Des candidats se désistent soudainement alors qu’ils sont déjà présentés à l’électorat. La situation est inédite. Et la tâche s’avère donc plus compliquée pour Pravind Jugnauth. Sa stratégie, la même qu’il avait adoptée en 2019, n’est cette fois-ci pas plébiscitée par les activistes qui doivent la vendre sur le terrain. Un agent orange l’a d’ailleurs dit haut et fort à Petit-Raffray mardi soir. « Pas zot ki décidé, nou décidé ! ». Du coup, l’héritier du Sun Trust n’est plus le seul maître à bord, se voyant contraint de réajuster ses plans pour amadouer la base, comme il l’a fait au no. 6 en réintégrant Avinash Teeluck comme candidat, et en priant de ne pas avoir la raclée qu’il doit surement voir venir.
C’est surement la crainte de cette même raclée qui l’a poussé à aligner de nouveau Vikram Hurdoyal au no. 10, après l’avoir lui-même révoqué de son cabinet ministériel il n’y a pas si longtemps. Une stratégie qui vise probablement à contrer l’effet de la démission de Zahid Nazurally, élu dans cette même circonscription, du ML, après avoir été évincé et par son parti et par le gouvernement. La raison de la révocation de Hurdoyal restera ainsi un secret, les squelettes ayant été soigneusement cachés dans le placard. Et ce pauvre Hurdoyal, après avoir versé de chaudes larmes en public, a ravalé son vomi. Le duo Jugnauth-Hurdoyal croit-il pouvoir ainsi mener les habitants de Montagne Blanche-GRSE en bateau ? Et en parlant de bateau, Vikram Hurdoyal ne croyait peut-être pas si bien dire en évoquant « ene bato Titanic pli grand », car, tel le Titanic, ce grand bateau prend déjà l’eau de toutes parts, et coulera plus tôt que tard.
Aucun partenaire n’est épargné par ce naufrage imminent. Le Muvman Liberater (ML) d’Ivan Collendavelloo se retrouve également en eaux troubles, avec deux démissions de taille, dont celle de son leader-adjoint, Ismaël Rawoo, et de Zahid Nazurally, Deputy Speaker. Si ce dernier garde jusqu’ici le silence sur les raisons de sa démission, Ismaël Rawoo dit, par contre, tout le mal qu’il pense de son ancien parti et leader. Le ML, soutient-il, « est resté en position subalterne », n’ayant plus de « rôle significatif au sein du gouvernement ». Le parti, regrette-t-il, « n’a plus de structure d’un véritable parti politique à l’échelle nationale ». Et d’ajouter que « le ML ne peut continuer sur cette voie sans risquer de perdre davantage son identité et son autonomie ». Il donne finalement raison à tous ceux qui déploraient le silence et l’inertie du ML et de son leader depuis la révocation de ce dernier comme Deputy Prime Minister. Dommage qu’il ait attendu la dernière minute, soit après avoir été privé d’investiture, pour venir l’avouer publiquement.
Les yeux sont maintenant rivés sur les démissionnaires du ML. D’autant que Navin Ramgoolam a révélé qu’ils ont émis le souhait de le rencontrer. Et d’ajouter que tout le monde est le bienvenu pour donner un coup de main à l’Alliance du Changement, y compris Sherry Singh qui souhaite également la soutenir. Contrairement à l’Alliance Lepep, l’Alliance du Changement a, elle, le vent en poupe, surtout après l’accord historique conclu avec ReA. Un vent de changement qu’elle espère la mener jusqu’à l’hôtel du gouvernement…