Par Zahirah RADHA
Les annonces vont crescendo. Outre les recrutements massifs et l’octroi de nouvelles patentes de taxi, la surenchère des promesses ne laisse aucun doute quant à l’imminence des élections générales. Mais vu le nombre de mesures nouvellement implémentées et de promesses faites, c’est à se demander si Pravind Jugnauth a foi en ses réalisations des dix dernières années. S’il croyait vraiment avoir fait un excellent travail, se serait-il donné autant de peine pour convaincre les électeurs de le reconduire pour un troisième mandat ? Il doit savoir que le niveau de mécontentement dans le pays a atteint son paroxysme, surtout avec l’inflation qui grimpe en flèche et le pouvoir d’achat qui dégringole à une vitesse vertigineuse.
Raison pour laquelle il s’en remet irrémédiablement à ce qu’il sait faire de mieux : avoir recours au money politics pour tenter d’embobiner diverses catégories de la population. Un marchandage politique égoïste qui ne dupe plus personne, à commencer par les automobilistes qui ont attendu en vain depuis des années que le prix des carburants connaisse une baisse conséquente, ou encore les professionnels et la main-d’œuvre qui ont dû quitter massivement le pays, ne voyant plus d’avenir dans ce pays gangrené par le copinage, la corruption, la mauvaise gouvernance et une économie en ruine.
Après avoir ciblé les personnes âgées durant les deux dernières élections, ce sont les jeunes votants qui sont maintenant dans le point de mire du gouvernement de Pravind Jugnauth. Après l’allocation de Rs 20 000 à ceux atteignant l’âge du droit de vote, et l’internet gratuit aux 18 à 25 ans, avec des visées sombres et douteuses d’une part et d’autre part pour devancer l’Alliance PTr-MMM-ND qui prévoit, elle, la connexion gratuite à tous les foyers indistinctement, le Premier ministre a annoncé une autre mesure : le prêt logement sans intérêts aux jeunes de 18 à 35 ans s’il revient au pouvoir.
Mais encore faut-il que ces jeunes ne soient pas exclus du système éducatif, que la méritocratie prime pour qu’ils arrivent à décrocher un emploi stable et décent et qu’ils prévoient un avenir meilleur sur le sol natal. Sinon, cette mesure, même si elle est appliquée, restera creuse et dépourvue de sens. De plus, les jeunes, sans doute plus avertis, réalisent qu’ils risquent de connaître le même sort que nos aînés qui ont dû patienter tout au long de ce mandat avant de percevoir la pension de Rs 13 500. Cette annonce résonne d’ailleurs comme une gifle au visage des autres professionnels, contraints de payer un fort taux d’intérêt sur leur prêt logement ces dernières années en raison de la hausse du repo rate et dont la majorité n’a jamais perçu le ‘Housing Loan Relief Scheme’ de Rs 1000 promis l’année dernière. Un manque de cohérence qui trahit la visée électoraliste du gouvernement.
Il ne manque maintenant plus que l’annonce du quatorzième mois, comme souhaité par Xavier Duval, et possiblement une autre promesse à l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées le 1er octobre prochain, soit avant la dissolution probable de l’Assemblée nationale, pour boucler la boucle. Pravind Jugnauth espère ainsi mettre toutes les chances de son côté pour une réélection. Car il ne vise que le pouvoir. Les priorités du pays peuvent attendre. Les Mauriciens, dont les jeunes ciblés par le pouvoir en place, doivent réaliser que l’effet de ces cadeaux qu’il donne ou qu’il promet à gogo n’est qu’éphémère. Gardons confiance que notre population, dont la jeunesse mauricienne, verra plus loin que le bout de son nez.