Le gouvernement de Pravind Jugnauth est de nouveau pris dans un tourbillon politique. « Lakwuizinn » est en branle, les top chefs se démenant comme de beaux diables pour apporter ne serait-ce qu’un semblant de sérénité au PMO. Mais leur tâche s’avère ardue, des députés de la majorité ayant probablement décidé qu’ils n’ont plus rien à perdre, comme c’est généralement le cas quand un gouvernement arrive à la fin de son mandat. Ces élus du gouvernement se font ainsi de plus en plus vociférants, n’hésitant même pas à vider leurs sacs en public. Si certaines de leurs revendications sont compréhensibles, d’autres, par contre, sont tout simplement pathétiques. Que Bashir Jahangeer et Sangeet Fowdar ne cachent pas leur mécontentement, on peut les comprendre, déçus qu’ils sont de ne pas avoir obtenu de responsabilités ministérielles. Mais que Raj Dayal blâme SAJ de l’avoir contraint à la démission, on n’en peut qu’en rire jaune.
S’il est vrai que l’ancien Premier ministre ait pu profiter de l’affaire Bal Kouler pour se débarrasser d’un ministre à l’égo surdimensionné et dont les ambitions auraient pu gâcher ses plans pour son fiston Pravind, il n’en demeure pas moins que SAJ n’avait pas d’autre choix que de demander à Raj Dayal de démissionner. Une charge formelle ayant été logée contre lui, le chef du gouvernement n’aurait en aucun cas pu lui restituer son maroquin ministériel. N’importe qui le sait. Qu’il jure un affidavit ou pas n’y changera rien. La prochaine étape, prévue pour cette semaine, se soldera peut-être par une démission du MSM, mais pas de l’hémicycle. Qu’il déserte son siège de député, auquel il s’agrippe fermement, nous étonnera. Car il aime bien trop le pouvoir pour l’abandonner. Mais le comble de l’ironie dans toute cette affaire, c’est que le renard aurait patiemment attendu son heure avant d’exécuter son coup.
Raj Dayal s’est d’abord assuré d’empocher sa compensation de Rs 15 millions avant de se venger. Sunday Times avait d’ailleurs été le premier à dévoiler les aboutissants de cet « out of court settlement ». « L’ancien ministre de l’Environnement aurait, selon nos recoupements d’informations, joué la carte du chantage à fond en plaidant n’avoir toujours pas retrouvé son maroquin ministériel en dépit d’une promesse en ce sens. Il aurait également fait état de ses manques à gagner depuis qu’il n’est plus ministre. Raj Dayal aurait même poussé le bouchon plus loin en menaçant de démissionner du gouvernement. Une démission qui aurait fragilisé davantage la majorité de Pravind Jugnauth. C’est ainsi, apprenons-nous, que le conseil des ministres, sous la présidence du chef du gouvernement, aurait été contraint, à la fin de l’année dernière, d’avaliser une compensation de Rs 15 millions en faveur de Raj Dayal », lisait l’article que nous avions publié le 9 janvier 2018.
Maintenant qu’il n’a plus rien à soutirer du gouvernement et qu’il devine qu’il ne figure pas à l’agenda du MSM pour les prochaines élections, il peut enfin passer à l’action. Celle-ci aura-t-elle l’effet escompté ? Il faudra attendre le prochain épisode pour le savoir. La situation se corsera cependant pour le gouvernement si jamais Sangeet Fowdar décide, lui aussi, à rendre son tablier gouvernemental…