Éducation : La rentrée marquée par un manque accru d’enseignants

Alors que les élèves sont fin prêts pour entamer une nouvelle année académique, il y a un manque accru d’enseignants dans les établissements scolaires. Cette situation est décriée par les parents et les syndicalistes du secteur éducatif, qui pointent du doigt la PSEA.

Arvin Bhojun, le président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), affiche sa déception face la situation qui prévaut actuellement dans les collèges et les écoles. « La rentrée connait présentement un véritable chamboulement avec le manque d’enseignants dans les établissements scolaires. Ce problème ne concerne pas uniquement les collèges d’état mais aussi les collèges privés et les écoles primaires », fait-il ressortir. Selon notre interlocuteur, ce serait la ‘Private Secondary Education Authority’ (PSEA) qui serait responsable de cet état des choses, du moins en ce qui concerne les collèges privés.

Il rappelle que le Conseil des ministres a amendé les ‘Education Regulations’ en décembre dernier, pour stipuler que les gradués doivent avoir un Postgraduate Certificate in Education (PGCE) pour pouvoir devenir enseignants.  Ainsi, selon Arvin Bhojun, la PSEA fait désormais le difficile, en empêchant les établissements secondaires privés de recruter des enseignants. « La PSEA  est en train d’empêcher des enseignants qualifiés d’enseigner dans les collèges privés, ce qui est complètement aberrant », dit-il.

Selon Arvin Bhojun, beaucoup de gradués ayant le PGCE ne sont pas recrutés. Ou encore, on les recrute sur la base d’un contrat de durée déterminée d’un an, qui n’est ensuite pas renouvelé. « Déjà, les élèves ont été grandement affectés par le chamboulement du calendrier scolaire pendant ces deux dernières années, à cause de la pandémie. Et là, durant la première semaine de la rentrée, on voit un manque d’enseignants dans les établissements scolaires », ajoute-t-il. Selon lui, il serait grand temps que le ministère de l’Éducation et la PSEA revoient leur stratégie de recrutement en ce qui concerne les enseignants.

Dharam Gokhool : « Le secteur de l’éducation en mode pilotage automatique »

L’ancien ministre de l’Éducation, Dharam Gokhool, estime, lui, que « le secteur de l’éducation est en panne et le ministère est en pilotage automatique. Il y a un manque de planification stratégique de la part du ministère de l’Éducation. Les décisions sont prises juste avant les événements alors qu’une bonne planification est requise bien en avance pour pouvoir faire face à chaque situation. Le ministère doit être préparé pour toute éventualité ».

Le manque d’enseignants dans les établissements scolaires, qu’il juge « très grave », résulte, selon lui, de ce manque de planification. Bien qu’on ne dispose pas de chiffres exacts en ce qui concerne le manque d’enseignants au sein des établissements scolaires, il estime qu’on peut faire un constat de la gravité de la situation à partir des informations qui sont en train de filtrer.Dharam Gokhool déplore ainsi le retard dans le processus de recrutement. Il affirme ainsi que la ‘Public Service Commission’ (PSC) prend trop de temps pour recruter des enseignants. Qui plus est, le favoritisme, dit-il, est loin d’arranger les choses.

L’ancien ministre de l’Éducation se dit «  pessimiste » en ce qui concerne toute amélioration au niveau du secteurde l’éducation. « Tant que ce gouvernement reste aux commandes, il n’y aura pas de changement. Il faudrait un changement de gouvernement pour qu’il y ait un vrai changement dans ce secteur », dit Dharam Gokhool.

Une parente : « Les enfants encore une fois pénalisés »

Emma, une mère de deux enfants au collège, nous indique que pour elle, « ce n’est pas normal qu’à la rentrée des classes, il n’y a pas d’enseignants dans les classes. Déjà, les enfants ont été affectés par divers changements dans le calendrier scolaire dans le sillage de la covid-19 et leurs résultats ont été perturbés par cela. Je me demande ce qui se passera si la situation n’est pas prise en considération au plus vite. Je crains que les enfants ne soient encore une fois pénalisés face à cette situation. J’ai une grande appréhension en ce qui concerne mes deux enfants, qui sont tous les deux au collège. Comme parente, je lance un appel à la ministre de l’Éducation de revoir ce problème au plus vite afin de ne pas pénaliser les élèves ».

Bellinda : « Je suis inquiète »

Belinda, une autre parente d’élèves, pense que c’est « inacceptable » qu’à la rentrée, les élèves doivent face à un manque d’enseignants. « Une telle situation pénalise les enfants. Je suis inquiète pour l’avenir de mes enfants. On n’envoie pas nos enfants pour aller s’asseoir en classe et se tourner les pouces », fulmine-t-elle. Elle se demande ainsi si le syllabus pourra être complété à temps pour que les enfants puissent prendre part aux examens. Elle explique aussi qu’avec la cherté de la vie, de nombreux parents ne peuvent payer pour les leçons particulières pour tous les sujets.

Véronique : « Pourquoi cela doit-il arriver ? »

Véronique, mère de famille, se dit « révoltée » par cette situation. Selon elle, son fils avait dû faire face à un manque d’enseignants l’an dernier, pour un sujet en particulier, ce qui a fait qu’il a échoué et a dû redoubler la Form III. « Cette année-ci, c’est la même chose qui se produit. Pourquoi cela doit-il arriver ? », lance-t-elle. Elle craint que son fils ne soit pénalisé encore une fois. Ce dernier est lui aussi anxieux et se demande même s’il doit abandonner ses études et aller chercher du travail.