[Éducation] Un ‘Bright Up Programme’ qui s’annonce sombre pour les enfants

Un ‘Bright Up Programme’ destiné aux élèves qui n’ont pas réussi au ‘National Certificate of Education’ (NCE) sera lancé à partir de janvier 2024. Il équivaudra au NC2 et s’étendra sur une durée d’un an, établissant ainsi un lien entre le NCE et le NC3 dispensé par le ‘Mauritius Institute of Training and Development’ (MITD). Cependant, des syndicalistes dénoncent cette initiative en la qualifiant de mascarade visant à dissimuler les lacunes du système ‘9 year schooling’ introduit par la ministre de l’Éducation en 2014. Selon Arvind Bhojun, président de l’’Union of Private Secondary Education Employees’ (UPSEE), l’introduction de ce programme est une admission flagrante de l’échec de la réforme de 2017 initiée par la ministre.

 « La ministre reconnaît ses erreurs en lançant ce ‘Bright Up Programme’. Les élèves ont déjà passé 11 ans au lieu de 9 dans ce système en raison de la Covid-19. C’est maintenant qu’elle annonce que les étudiants devront apprendre les bonnes manières et l’éducation physique », déplore le président de l’UPSEE. Arvind Bhojun dénonce également le manque de consultation avec les enseignants et éducateurs sur le terrain, qualifiant cela de « camouflage » car le problème n’a pas été adressé à la source. « La ministre ne propose pas de solution alternative pour les 30 % d’élèves qui échouent dans le système conventionnel. Eski tou reform ki linn amener inn kav empess sa bann zelev la fail ? », s’interroge-t-il.

Il estime que le triage pour déterminer le potentiel des élèves devrait se faire dès les écoles primaires. « Il est nécessaire de changer et d’améliorer toutes les infrastructures des établissements primaires du pays. C’est à ce moment que nous pourrons envisager une réforme appropriée de notre système éducatif. Tous ces programmes annoncés par la ministre sont contraignants pour tout le monde – élèves, parents et enseignants ! », dénonce-t-il. Pour ce professionnel de l’éducation, un ‘chaos social’ menace la société mauricienne dans les années à venir. Il est d’avis que les élèves exclus du circuit éducatif sombreront dans les abysses des fléaux qui rongent notre société. « Imaginez l’impact que cela aura sur notre société ! », souligne-t-il.

Arvind Bhojun pointe également du doigt les hauts fonctionnaires du ministère de l’Éducation, les accusant d’être déconnectés de la réalité. « Être dans un bureau et être sur le terrain sont deux choses complètement différentes. Les conseillers de la ministre portent des ‘blinkers’ et le font volontairement ! Ils vivent dans un ‘Wonderland’ où tout est beau. La réalité est complètement différente de ce qu’ils pensent ! La ministre, en tant qu’enseignante de carrière, devrait respecter l’avenir des élèves. C’est irrespectueux ! », ajoute-t-il.

Trial and error, ‘outsourcing’…

Même son de cloche du côté du secrétaire de l’UPSEE, Munsoo Kurrimbocus. Il affirme que la ministre joue avec l’avenir des jeunes vulnérables, et qualifie le modus operandi de Leela Devi Dookhun de ‘trial and error’. « C’est un ‘colorable device’ à l’approche des élections. Ce programme a été conçu en catimini, sans consultation avec les parties prenantes du secteur de l’éducation. Nous avons appris que ce projet était basé sur une étude réalisée par des ONG. Le gouvernement a ‘outsourced’ l’étude à des ONG pour ensuite l’imposer à la population ! Cela n’a pas de sens », s’insurge-t-il. Ce dernier déplore également le manque de dialogue et de consultation avec les enseignants et les syndicats de l’éducation. « Le gouvernement, la ministre et ses conseillers n’ont pas le monopole du savoir ! Il aurait fallu nous consulter avant d’imposer ces programmes. La ministre a gravement fauté. Elle ne maîtrise pas ce dossier. Je me demande à quoi ont servi des années d’expérience en tant qu’enseignante. C’est inadmissible ! », conclut-il.