Eid-Ul-Fitr : L’ambiance différente des années précédentes avec le coût de la vie

Nous avons sillonné les magasins des vêtements et les boutiques des couturiers dans les rues de la capitale pour voir un peu la tendance pour l’Eid cette année.

La couture privilégiée au lieu du ‘ready-made’

Le mois du Ramadan se clôt avec la fête de l’Eid-Ul-Fitr, qui sera célébrée soit le 2 ou le 3 mai, dépendant de la visibilité de la lune. Cette fête est considérée comme l’une des principales célébrations du calendrier islamique, et est hautement significative pour la communauté musulmane. De ce fait, de nombreuses familles musulmanes tiennent à porter des vêtements neufs pour ce grand jour. Déjà, durant la dernière semaine du jeûne du Ramadan, nos concitoyens de la communauté musulmane faisaient déjà les préparatifs pour accueillir l’Eid, notamment en ce qui concerne l’achat de vêtements.

Azhaar, une couturière qui a son échoppe à Port-Louis, nous indique que dès le jeûne du Ramadan, elle avait commencé à recevoir des commandes de vêtements de la part des nombreux clients. Or, selon elle, « il faut dire que cette année-ci, pour l’Eid, beaucoup de personnes ont opté pour faire coudre leurs vêtements chez une modiste au lieu d’acheter des vêtements prêt-à-porter dans les magasins », affirme-t-elle. À titre d’exemple, elle nous explique que si un vêtement prêt-à-porter se vend dans les Rs 4 000 ou Rs 5 000 dans les magasins, cela peut revenir à environ Rs 2 500 chez un modiste, ce qui permet au client, ou plutôt à la cliente, de faire des économies substantielles.

Selon elle, avec la pandémie de covid-19, tout est devenu plus cher, et beaucoup des personnes ne peuvent faire face à la cherté de la vie. « Beaucoup de personnes veulent faire des économies pour cette année-ci car beaucoup de produits, que ce soit les vêtements ou les denrées alimentaires, ont connu une hausse drastique », maintient-elle. Toujours selon elle, cette tendance concerne à la fois les jeunes filles ou encore les femmes d’âge plus mûr. « Elles préfèrent ne pas acheter des vêtements chers mais préfèrent les faire coudre, selon les modèles sur lesquels elles ont jeté leur dévolu. Même si ce n’est pas parfaitement le modèle qu’elles avaient en tête, elles peuvent au moins avoir un vêtement au lieu de ne pas en avoir du tout », dit-elle.

En ce qui concerne le style cette année-ci, notre interlocutrice nous indique que de nombreuses femmes préfèrent les vêtements traditionnels, comme l’incontournable ‘churidar’.

Les commerces notent une baisse

Du côté des magasins, les gérants nous indiquent que l’ambiance de la fête de l’Eid-Ul-Fitr n’est plus comme durant les années précédentes. Nous avons rencontré le gérant du magasin Le Pacha, qui se situe à la Rue Pagoda à Port-Louis. Selon lui, cette année-ci, la vente des vêtements a encore baissé. « Il faut dire que nous n’avons pas beaucoup de clients qui mettent leurs pieds dans le magasin », lâche-t-il d’emblée. « Les gens n’ont pas beaucoup d’argent à dépenser. Ils n’achètent plus des vêtements à des prix élevés mais parcourent les magasins à la recherche des vêtements bon marché », nous dit-il. Selon lui, beaucoup de personnes cherchent de vêtements dans les parages de Rs 2 000 à Rs 5 000.

La vente est à la baisse selon le gérant du magasin Le Pacha

Comme il nous l’explique, dès le début de la pandémie, l’impact a été néfaste sur la vie de Monsieur Tout-le-monde. Et ces derniers temps, avec cette hausse en spirale des prix, c’est devenu encore plus difficile de joindre les deux bouts, ou encore de s’acheter de beaux vêtements pour pouvoir les porter pour la fête qui arrive à grand pas. Notre interlocuteur avance aussi que beaucoup de marchandises n’ont pas été reçues ces derniers temps. Qui plus est, le coût du fret a connu une hausse drastique, ce qui a davantage fait tomber les ventes.

Siddique, le gérant d’un magasin à la rue La Corderie, nous indique lui aussi que les ventes ont drastiquement baissé cette année. « Ce n’est pas comme les années précédentes », nous dit-il. Selon lui, il y a plusieurs personnes qui n’arrivent pas à sortir la tête hors de l’eau et devront faire une croix sur une tenue neuve pour l’Eid. Avec le coût du fret qui a drastiquement augmenté, le prix des tissus ou des vêtements a lui aussi connu une hausse. « Les gens doivent faire des recoupements sur leur budget car ils doivent aussi penser à faire des économies », dit-il. Toutefois, contrairement à Azhaar, la couturière, il soutient qu’« acheter des vêtements prêt-à-porter revient aux gens moins cher que d’acheter du tissu pour le faire ensuite tailler sur mesure ».

Pour sa part, Cader, le gérant d’un magasin de tissus à Port Louis, nous indique que l’ambiance cette semaine-ci a connu un changement de ce qu’elle était il y a deux semaines de cela. Notre interlocuteur nous indique qu’a l’approche de l’Eid, qui aura lieu dans quelques jours, les gens ont maintenant commencé à faire leurs emplettes pour cette fête.  « C’est avantageux pour les gens d’acheter du tissu pour faire coudre leurs vêtements car ils vont pouvoir le faire sur mesure et selon leur désir », constate-il en ce qui concerne la tendance.

Il affirme aussi que chez certains revendeurs, les prix des tissus sont exorbitants. Pour lui, personnellement, durant l’Eid, il vend ses tissus selon les moyens des gens.