Élections générales 2019 :  L’enjeu est de taille et la sanction se dessine

Les électeurs ont rendez-vous, le jeudi 7 novembre, avec l’histoire et les urnes. L’histoire puisque ce sera la 11e fois dans les annales de la politique de l’île Maurice indépendante que se tiennent les législatives pour décider de la prochaine équipe qui dirigera le pays. Les urnes car, des 941 719 inscrits des 21 circonscriptions, les votants devront choisir 62 représentants parmi les 810 candidats qui ont déposé, le mardi 22 octobre dernier, leur Nomination Paper. Quelle sera l’issue de cette palpitante joute électorale engageant deux principaux blocs, l’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale, le MMM, le Reform Party, Lalit, le FSM, 100% Citoyens et une bonne soixantaine de petits partis ?

L’enjeu de ces législatives 2019 se résume à une seule question : qui sera le prochain Premier ministre de la République de Maurice ? Trois principaux prétendants, Pravind Jugnauth, leader du MSM et de l’Alliance Morisien, Navin Ramgoolam, leader du Parti travailliste et de l’Alliance Nationale, et Paul Bérenger, leader historique du MMM, sont  en lice pour devenir le nouveau locataire du Bâtiment du Trésor. A dix jours, à compter de ce dimanche, du Polling Day, les grandes manœuvres se poursuivent dans les différentes circonscriptions. Les candidats enchaînent avec porte-à-porte, réunions, meetings et congrès nocturnes pour convaincre l’électorat avec le programme et la vision de leur parti ou alliance pour le pays.

De nombreux observateurs pensent que nous risquons de nous retrouver avec une arrivée dans un mouchoir le jour de la proclamation des résultats. Ils n’ont peut-être pas tort, mais nous nous permettons de n’être pas du même avis car, à ce jour, aucune des trois forces en présence ne peut se dire être assurée d’avoir un minimum de 32 élus sur les 62 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale. L’alliance gouvernementale a perdu beaucoup de points depuis que certains scandales, choquants et révoltants, ont fait surface.

La bassesse des Jugnauth et de l’Alliance Morisien

Il faut saluer la maturité, le respect des adversaires, le calme et l’intelligence des Mauriciens lors de cette campagne électorale. Par contre, on sent la panique chez les Jugnauth avec des attaques personnelles contre leur principal adversaire. La bassesse est telle qu’un sage, ou prétendu sage, comme SAJ s’est prêté comme l’annonceur de service pour proposer à ses partisans une vidéo X que le fondateur du bâtiment de la honte et de la corruption à la rue Edith Cavell, Port-Louis, a déjà interdit aux moins de 18 ans. L’a-t-il visionnée ? En compagnie de qui pour la classer avec un visa X, son fils chéri ou le Sherry qui a plongé toute sa famille dans le déshonneur et la disgrâce ?

La dernière révélation scandaleuse de TOP TV, intitulée Sherrygate, démontre que Pravind Jugnauth mérite le surnom de « Premié minis l’Imposte » puisque depuis qu’il a dissous le Parlement, la population découvre « un bhye looké » plus intéressé à la vie privée de son principal challenger plutôt qu’à expliquer aux Mauriciens les doutes qu’ils entretiennent sur des scandales comme Maradivagate, Serenitygate, Marsgate et Sherrygate, lesquels sont révélateurs d’abus, de fraudes et de dilapidations de fonds publics.

 

 

Deux 60-0 en 1982 (MMM-PSM) et en 1995 (PTr-MMM)

Dans l’histoire des législatives post-indépendantes, le pays se dirige, le jeudi 7 novembre prochain, vers ses 11èmes élections générales. Du 20 décembre 1976 au 10 décembre 2014, il y en a eu donc dix joutes électorales avec des fortunes diverses pour les principaux partis politiques, avec en ordre d’ancienneté le Parti travailliste, le PMSD, le MMM et le MSM. Ces quatre formations ont partagé le pouvoir depuis ces cinq dernières décennies.

Le 20 décembre 1976, le pays se rend aux urnes pour la première fois après son indépendance le 12 mars 1968. Trois partis s’affrontent, le Parti de l’Indépendance constitué du PTr et du CAM, le MMM et le PMSD. Au décompte des voix, le parti du tandem Anerood Jugnauth-Paul Bérenger remporte 30 sièges, contre 25 à l’équipe de Sir Seewoosagur Ramgoolam et 7 au PMSD de Sir Gaëtan Duval. Une alliance post-électorale entre ces derniers privera le MMM d’accéder au pouvoir.

Le premier 60-0 surviendra le 11 juin 1982, l’alliance MMM-PSM balayant le Parti de l’Alliance Nationale (PAN). Neuf mois plus tard, une grave crise et de sérieux différends opposant Anerood Jugnauth à Paul Bérenger provoquent la cassure. Des législatives anticipées se tiennent le 21 août 1983 après que Sir Anerood Jugnauth a fondé son propre parti, le MSM. L’électorat optera de conduire au pouvoir l’alliance MSM-PTr-PMSD, avec un score de 41-19.

Le 31 août 1987, Sir Anerood Jugnauth redevient Premier ministre pour la troisième fois, son équipe bleu-blanc-rouge s’offrant 39 élus contre 21 à l’Union MMM-MTD-FTS.  Le 15 septembre 1991, le baptême du feu politique de Navin Ramgoolam sera sanctionné par un cinglant 57-3 en faveur de l’alliance MSM-MMM. Le 20 décembre 1995, après la rupture entre Orange et Mauves, Bérenger s’allie à Ramgoolam pour le deuxième 60-0 de l’histoire et la première défaite de Sir Anerood Jugnauth et du MSM dont le partenaire était  le RMM du trio Nababsing-De l’Estrac-Uteem.

Le 11 septembre 2000, nouvelle alliance MSM-MMM et le bloc PTr-PMSD sera battu à plate couture, 54-6. Le 3 juillet 2005, l’Alliance Sociale s’offre le scalp du gouvernement sortant MSM-MMM, 38-22. Navin Ramgoolam sera élu Premier ministre pour un second mandat d’affilée le 5 mai 2010, l’alliance PTr-MSM-PMSD gagnant par 41-18 face au MMM-UN-MMSD. A noter un résultat qui aura surpris  bon nombre d’observateurs avec l’élection de Cehl Meeah du FSM au No.3.

Lors des dernières législatives le 10 décembre 2014, l’Alliance Lepep s’offrira 47 sièges contre 13 à l’alliance PTr-MMM.

Soulignons enfin que les élections générales à Rodrigues ont toujours été dominées par l’OPR de Serge Clair, sauf en mai 2010 quand le MR de Nicholas Vonmally était sorti victorieux.