Élections villageoises Anil Baichoo dénonce : « Le MSM utilise la machinerie du gouvernement »

Les yeux seront braqués sur élections villageoises qui se tiennent en ce dimanche 22 novembre. D’habitude sans histoires et sans enjeux majeurs, ces élections comportent aujourd’hui une importance de taille pour le gouvernement. Ce qui est condamnable surtout, c’est l’ingérence éhontée du MSM dans ces élections. Ce qui est qualifié comme « du jamais vu ! » par l’ancien ministre travailliste Anil Baichoo.

En ce dimanche 22 novembre, 526 597 électeurs  seront appelés dans les différents centres de vote pour faire élire leurs conseillers de village. 1170 conseillers seront ainsi élus pour 130 villages. Il faut aussi faire ressortir que pour la toute première fois, l’exercice de comptage des votes va se faire le jour même des élections. Les résultats seront proclamés dans la soirée par environ 130 ‘Returning Officers’.

Alors que c’était un événement assez loin des feux des projecteurs dans le passé, cette fois-ci, les choses seront différentes . L’enjeu sera de taille pour le gouvernement. Il est clair que le Mouvement socialiste militant (MSM) a eu un ‘Hidden Agenda’ depuis le début, car il avait déjà préparé le terrain depuis assez longtemps, cela même avant avoir annoncé la date des élections villageoises et, de ce fait, a pris une longueur d’avance sur ses concurrents. Il semblerait aussi qu’un vent de panique soufflait déjà au sein du MSM, car il y a eu une grosse mobilisation des députés et des ministres du parti sur le terrain.

Anil Baichoo, ancien ministre, estime que le MSM utilise la machinerie du gouvernement pour gagner les régions rurales. « C’est une situation très inquiétante et très dangereuse », selon lui. Il nous confie qu’il a été lui-même témoin de la présence des ministres et d’autres politiciens dans les régions rurales du pays. « Au no 9, dans ma circonscription, massacre zot pe fer ! Ils menacent les fonctionnaires de les faire transférer, ou de faire transférer leurs enfants qui travaillent dans la fonction publique. » Il y a même des promesses d’embauche qui ont été faites dans les villages tels que Poste-de-Flacq. Les promesses d’emplois, d’octroi de terres ou de patentes de taxi faites par Alan Ganoo à Chemin Grenier en au moins deux reprises sont aussi dénoncées.

« Jamais dans l’histoire du pays, un parti du gouvernement n’a été aussi actif pour les élections villageoises. Cela n’a jamais été le cas sous Ramgoolam ou sous Bérenger ou encore sous Sir Anerood Jugnauth. Le ‘ fair play’ existait à l’époque. Il n’y avait pas d’ingérence politique. C’est la première fois, depuis 40 ans que je suis dans la politique, que je vois une élection aussi politisée comme celle-ci », explique Anil Baichoo. Le gouvernement se sert aussi, selon lui, des personnes âgées en les bernant avec des pique-niques, des déjeuners ou des cadeaux. « Dans un hôtel à Belle-Mare, il y a eu une distribution de cadeaux », révèle-t-il.

Puisqu’il y a théoriquement quatre ans avant les prochaines élections générales, les votants se sentent menacés et ont même peur, analyse-t-il. Sans compter qu’ils sont économiquement faibles suivant les récentes crises provoquées par la Covid-19 et le confinement. « Le MSM vend des rêves aux villageois. Je condamne énergiquement cette manière de faire », fustige l’ancien ministre. Mais il est important que cela ne détermine pas les résultats, et il demande les gens d’être intelligents en votant. « Kot ena ingérence politique, fou zot ene raclée ! », lance-t-il.

Pour rappel, la tenue de ces élections s’est fait beaucoup attendre, alors que les dernières élections villageoises remontent à décembre 2012. Beaucoup pensaient qu’une fois encore, le gouvernement allait de nouveau amender la ‘Local Government Act’ pour renvoyer ces élections, comme cela avait été le cas en 2018, mais fidèle à son habitude, le MSM a pris tout le monde de court.

 

Neevedita Nundowah