Elizabeth II, “joyeux anniversaire Votre Majesté”

Celle qui fut, lors de son avènement en 1952, la plus jeune reine du monde et qui a battu le record de longévité de son ancêtre Victoria, fête son 95e anniversaire. L’occasion de retracer la vie d’une souveraine entrée vivante dans la légende.

Après avoir battu en septembre 2015 le record du monarque ayant régné le plus longtemps – 63 ans, 7 mois et deux jours – détenu par son aïeule la reine Victoria, Elizabeth II est également le doyen des monarques britanniques en ce 21 avril qui célèbre son 95e anniversaire, fêté en toute intimité au château de Windsor en raison de la pandémie de coronavirus.

La reine peut s’enorgueillir d’être l’un des rares chefs d’État du monde à n’avoir pas vu sa cote de popularité s’émousser au fil du temps et à jouir d’un respect quasi unanime. Certes, ses loyaux sujets sont devenus des concitoyens, les restes de l’empire britannique se sont affranchis du joug colonial pour fonder le Commonwealth, mais la pompe royale et le cérémonial monarchique semblent cohabiter harmonieusement avec une institution qui s’est mise à la page d’Internet, de Facebook, d’Instagram et de Twitter. À défaut d’avoir lancé des modes, la souveraine britannique a épousé les changements de son époque, soucieuse d’incarner la stabilité et la continuité de l’institution qu’elle incarne dans les soubresauts de l’Histoire. Et quand le royaume est en crise, comme ce fut le cas avec le référendum sur l’indépendance de l’Écosse ou celui du 23 juin 2016 ayant conduit au Brexit, le pays se fédère autour de sa souveraine.

À 95 ans, elle incarne un point d’ancrage salutaire alors que tout ce qui paraissait encore immuable hier est remis en cause ou vacille aujourd’hui. En six décennies, Elizabeth II est devenue une figure marmoréenne, un monument national qui permet à la nation de traverser toutes les épreuves sans perdre son identité ni son moral. De fait, depuis son avènement en 1952, Elizabeth II a effectué pas moins d’une centaine de visites d’État, réalisé plusieurs fois le tour du monde, distribué un demi-million de récompenses, reçu plus d’un million de personnes dans le jardin de Buckingham Palace, confessé le mardi soir à 18 heures 15 premiers ministres, de Winston Churchill à Boris Johnson, et incarné sans défaillir la pérennité des institutions. Certes, elle règne mais ne gouverne pas, et son rôle symbolique se réduit à «être consultée, encourager et mettre en garde».