Enquêtes ‘high profile’ : À quel jeu joue la MCIT Sud de l’ASP Goorah?

En une semaine, cinq suspects arrêtés dans des affaires jugées ‘high profile’ ont été libérés sous caution, alors que la ‘Major Crime Investigation Team’ (MCIT) Sud, menée par l’Assistant Surintendant de Police, Heman Dass Goorah, avait des objections à ce qu’ils soient libérés. Parmi ces cinq suspects, trois étaient détenus dans l’affaire Manan Fakhoo, et deux dans l’affaire Michaela Harte.

Lundi dernier, c’est Multazam Sadullah, présenté par cette équipe policière comme étant un terroriste, qui a retrouvé la liberté conditionnelle en cour de Rose-Hill, où il répondait d’une charge provisoire de complicité de meurtre et de terrorisme. Détenu depuis février 2021, ses hommes de loi, à savoir Mes Narghis Bundhun et Nabil Shamtally ont, à plusieurs reprises, argué que leur client devait être libéré sous caution. Et en début d’année, la magistrate siégeant en cour de Rose-Hill a demandé que l’accusation formelle soit logée à la mi-avril, faute de quoi, le suspect allait être libéré sous caution. C’est effectivement ce qui s’est passé, la cour ordonnant la libération du suspect contre une caution de Rs 150 000 vendredi dernier. Il a dû aussi signer une reconnaissance de dette de Rs 3 millions.

Le lendemain, soit un mardi, un autre développement de taille est intervenu en cour, Javed Meetoo ayant également retrouvé la liberté conditionnelle et parallèlement, la charge provisoire de ‘Harbouring Terrorist’ qui pesait sur lui a été rayée. D’ailleurs en cour, l’avocat de Javed Meetoo a voulu savoir qui et où se trouve le terroriste que ce dernier était censé héberger. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’une charge provisoire de terrorisme a alors été logée contre Multazam Sadullah.

Le même jour, toujours mardi, l’équipe de l’ASP Goorah a monté une opération dans la région de Cité La Cure pour procéder à l’arrestation de Sandeep Mooneea sur son lieu de travail. Il a été emmené aux Casernes centrales, et il a été confronté aux allégations de Dassen Narayanen, sur le vol d’une carte magnétique à l’ex-hôtel Legends en 2011. Ce que nie en bloc cet habitant de Petit Raffray. Ce jour-là, il a passé la nuit en cellule policière et le lendemain, soit jeudi matin, il a été traduit en cour de district de Rivière du Rempart, sous une accusation provisoire de « conspiracy to do an unlawful act, to wit, to commit a larceny ». Et devant la cour, les enquêteurs ont déposé une série de raisons, justifiant les raisons pour lesquelles le suspect doit être maintenu en détention. 

Mais cette affaire allait prendre une toute autre tournure dans la soirée. Alors que se tient une manifestation à Camp Levieux, les hommes de loi de Dassen Narayanen et de Sandeep Mooneea ont été informés qu’ils doivent se rendre en cour le lendemain, soit jeudi. La raison, il y a eu des développements dans l’affaire et qu’il se pourrait que leur motion pour la remise en liberté sous caution soit débattue.

‘No objection for release on bail’

À l’appel de l’affaire, l’avocate représentant le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) a informé le magistrat qu’il n’y avait désormais aucune objection à ce que les suspects soient relâchés sous caution. Ce qui a surpris tout le monde dans la salle d’audience, sauf l’ASP Heman Dass Goorah, debout dans un coin de la cour. Mais ce n’est pas tout. Revenons à lundi dernier quand Dassen Narayanen a comparu en cour de district de Rivière du Rempart. Trois motions devaient être débattues, mais elles ont finalement été renvoyées. La raison évoquée par la représentante du DPP, des développements importants étaient attendus dans l’affaire.

C’est peu après 13h que Dassen Narayanen est arrivé en cour, sous escorte policière. L’occasion pour le suspect de rencontrer ses deux hommes de loi, soit le couple Vikash Teeluckdharry et Poonam Sookun-Teeluckdharry. Et c’est là que Dassen Narayanen devait leur annoncer qu’il a déjà consigné deux dépositions le samedi 16 avril et le lundi 18 avril aux hommes de l’ASP Goorah. Mais pour quelle raison ? Le suspect n’en savait rien. Ce que dénoncent ses hommes de loi, qui sont remontés contre cet acte qu’ils jugent d’anticonstitutionnel, et dont ils ont évoqué en cour.

“Missier Goorah ine dire moi pou gagne deux cout Rs 750 000 si donne l’enquête”

L’ASP Goorah a d’ailleurs confirmé que le suspect a consigné deux dépositions volontairement, sans ses hommes de loi, en confirmant les dates évoquées par le suspect, soit les 16 et 18 avril. Il a expliqué que les dépositions ont été faites selon les règles, et sans que les droits du suspect ne soient bafoués. Mais ce qui a choqué, c’est la déposition de Dassen Narayanen devant le magistrat. “ Missié Goorah ine dire moi donne moi l’enquête acoz mo banne avocats pas libre et li dire moi quand mo coumance donne l’enquête, mo pou gagne Rs 750 000 et quand mo fini donne l’enquête nette, mo pou re gagne Rs 750 000”, a affirmé le suspect en cour. Ce qui a embarrassé le représentant du DPP.

Vendredi toujours, un autre développement est intervenu dans l’affaire Fakhoo. Après Multazam Sadullah et Javed Meetoo, c’est au tour de Mursalat Sadullah de retrouver la liberté conditionnelle devant le tribunal de Rose-Hill. Accusé de complicité dans le meurtre de Manan Fakhoo et détenu depuis le 20 janvier 2021 à Beau-Bassin, il a dû fournir deux cautions de Rs 75 000 et signer une reconnaissance de dette d’un million de roupies.

Un sentiment d’incompréhension et de colère règne aux Casernes centrales. Quel est le véritable rôle de la MCIT Sud ? « Ene tas cuisinier la dans », ironisent certains policiers, qui regardent cette unité d’un mauvais œil. Ils évoquent également l’arrestation de Roshi Bhadain par cette même unité en décembre dernier. La charge provisoire contre le leader du Reform Party, on le sait, avait par la suite été rayée. « Apart tout provisional charge rayée, nanien pas arrivé là-bas, rigolent d’autres policiers. D’ailleurs, certains policiers ayant fait partie de cette équipe dans le passé ont demandé à être transféré vers d’autres branches de la force policière.