Eric Ng Ping Cheun : « La BoM ne peut pas superviser des banques qui investissent dans des entreprises où elle a elle-même des intérêts »

Risques financiers

Le FMI a fortement recommandé à la Banque de Maurice (BoM) de se désengager de l’actionnariat de la ‘Mauritius Investment Corporation’ (MIC), car cela peut entraîner de graves répercussions. Or, le Gouverneur de la BoM, Harvesh Seegolam, persiste et signe. « The MIC as it is known in short has been provided with an amount of USD 2 billion out of our reserves to build up the domestic portfolio for generation of wealth for future generations. I must say that the decision has contributed to improve the profitability of the Bank by generating satisfactory returns”, a-t-il justifié le 22 juin dernier.

Selon l’économiste Eric Ng Ping Cheun, il n’est pas du ressort d’une banque centrale d’investir dans une entreprise en raison des conflits d’intérêts potentiels. « Le rôle de la Banque de Maurice est de superviser les banques qui investissent dans des entreprises. Cependant, la Banque de Maurice ne peut pas superviser des banques qui investissent dans des entreprises où elle-même a des intérêts. Étant donné que la MIC appartient à 100% à la Banque de Maurice, il existe une forme de laxisme et d’interférence entre la banque centrale, les banques commerciales et les grandes entreprises, ce qui est malsain. C’est pourquoi la Banque de Maurice doit se retirer de la MIC ».

De plus, selon l’économiste, la Banque de Maurice prend des risques en étant actionnaire de la MIC. « En intégrant la MIC dans son bilan, elle expose sa propre feuille de balance à des risques, notamment le risque de crédit. Par exemple, si les entreprises dans lesquelles la MIC investit subissent des pertes, ces pertes se répercuteront sur le bilan de la Banque de Maurice, diluant ainsi son capital. En conséquence, le niveau de capital de la Banque de Maurice a considérablement diminué, et le FMI recommande que le gouvernement recapitalise la banque afin de couvrir les risques de crédit. De plus, il existe également un risque lié aux taux d’intérêt. En cas d’augmentation des taux d’intérêt, la valeur des obligations détenues par la Banque de Maurice à travers la MIC diminuera. C’est pourquoi la FMI demande le retrait de la MIC du bilan de la Banque de Maurice », ajoute-t-il.

La question se pose de savoir pourquoi la Banque de Maurice est réticente à retirer la MIC de son bilan. Selon Eric Ng Ping Cheun, elle doit trouver de nouveaux acheteurs pour se désengager. « Ni le gouvernement ni les institutions paraétatiques ne disposent actuellement des fonds nécessaires. Par conséquent, faute de trouver un acheteur pour le moment et étant donné que la MIC a pris trop de risques, la Banque de Maurice se voit contrainte de maintenir la MIC dans son Balance Sheet. Cela pourrait être l’une des raisons. De plus, si le gouvernement souhaite conserver le contrôle sur la MIC, il peut la maintenir en tant qu’entité publique au lieu de la gérer à travers la BoM, en la confiant à d’autres entités telles que la SIC », conclut l’économiste.