Fardeen Mohoboob, planteur et éleveur : « Zéro suffisance alimentaire avec ce budget »

Planteur de légumes et éleveur, Fardeen Mohoboob, habitant à Notre-Dame, ne mâche pas ses mots quand il parle des propositions budgétaires pour le secteur agricole. Pour lui, « ces soi-disant facilités accordées aux planteurs et éleveurs ne garantissent nullement d’autosuffisance alimentaire pour le pays ». 

D’emblée, il dit que l’autosuffisance alimentaire ne se fait pas en injectant des milliards de roupies alors que la nouvelle génération repousse l’idée de travailler la terre. Pour lui, il faut inculquer la bonne compréhension de l’importance de la terre dans notre vie. « À mon avis, il est important que l’agriculture soit incluse dans le cursus scolaire dès la tendre enfance de l’individu ». Il ajoute que si dans le public cela n’existe pas du tout, dans le privé certaines institutions pourvoient ce cours aux élèves.

Il rappelle que nous n’importons pas moins de 80% de nos produits alimentaires et dit craindre que la situation ne soit encore plus dramatique d’ici décembre, avec un risque réel d’une pénurie alimentaire. Selon lui, le gouvernement propose des mesures « cosmétiques » pour embêter la population en accordant des facilités de prêt ou des subsides. « C’est en encourageant les gens vers la terre que nous atteindrons l’autosuffisance alimentaire. Aujourd’hui, la grosse majorité des planteurs sont âgés de plus de 60 ans. C’est un secteur qui se dirige vers une mort certaine », souligne notre interlocuteur.

À son avis, l’agriculture est l’épine dorsale de l’économie. « Plus on est autosuffisant en alimentation, plus on ne dépendra pas sur le régime en place. Donc, je pense que ce gouvernement n’introduira jamais des cours d’agriculture dans le cursus scolaire car cela diminuera la dépendance du peuple sur lui. Ceci ne sera pas dans son intérêt », estime ce planteur de Notre-Dame. Il rappelle qu’auparavant, il y avait un marché central dans chaque région et où tout était disponible à un prix abordable. Or, aujourd’hui nous avons des « ti bazar » dans tous les coins des rues, mais les prix des légumes sont élevés, indique-t-il.

Fardeen Mohoboob soutient que ce sont les gros bonnets qui obtiennent les permis d’importation. « Ceux qui financeront la campagne du gouvernement et qui seront récompensés grassement », dit-il. « Plus la production locale est moins, plus ils doivent importer », explique Fardeen Mohoboob avant d’ajouter : « nous planter local ki pe souffert ». Pour lui, l’économie d’un pays peut être mise sur les rails seulement à travers une bonne politique agricole. « Les annonces du gouvernement concernant le secteur agricole sont rigolos », maintient-il.

Pour ce qui est des prêts bancaires à travers la DBM, Fardeen Mohoboob affirme que seuls les agents qui en profitent. « Je connais plusieurs cas où des planteurs étaient endettés, mais ils n’ont jamais obtenu de prêt. Ils sont devenus las de se rendre à la banque et ont fini par abandonner leurs démarches », déclare-t-il. Toujours selon lui, les procédures pour obtenir un prêt auprès de la DBM sont longues et fastidieuses et n’aboutissent pas dans bien des cas.

Pour lui, le gouvernement aurait dû leur accorder des subsides plus conséquents sur les engrais et autres produits de base. Il indique que ces prix ont augmenté entre 100% et 500%.  Fardeen Mohobbob affirme finalement que toutes ces annonces du budget n’aideront en aucune façon la communauté des planteurs.

ASH