Après plus d’un an d’auditions, l’enquête judiciaire sur la mort de Pravin Kanakiah, ancien Procurement Officer au ministère des Finances, a pris fin ce mercredi 21 mai 2025. Le dernier témoin entendu, le Surintendant de Police Hemant Dass Ghoora, a une nouvelle fois réaffirmé sa position : selon lui, il ne s’agit pas d’un meurtre, mais bien d’un suicide.
La police campe sur sa position
Le SP Ghoora, qui supervisait l’enquête policière, a été longuement interrogé par Me Damodarsingh Bissessur, représentant du bureau du Directeur des Poursuites Publiques. Malgré les zones d’ombre et les divergences soulevées durant les auditions, l’officier supérieur a maintenu que rien ne laissait présager un acte criminel. Il s’appuie principalement sur les constatations initiales et le rapport du médecin légiste, Dr Sudesh Kumar Gungadin.
Selon le rapport médical, la cause du décès a été identifiée comme une hémorragie sous-arachnoïdienne traumatique, pouvant résulter soit d’un choc avec un objet dur, soit d’un impact contre une surface dure. Le SP Ghoora estime que la configuration rocheuse du lieu où le corps a été retrouvé, à La Roche qui Pleure, corrobore la thèse d’une chute volontaire. Il évoque également la possibilité d’une mort provoquée par un choc de panique, affirmant qu’un tel stress peut entraîner un arrêt cardiaque.
Des éléments médico-légaux qui interrogent
L’interrogatoire a mis en lumière plusieurs contradictions. Le médecin légiste a déclaré que le corps ne présentait aucune trace de noyade, aucune fracture significative ni marque de violence. Fait encore plus troublant : le Dr Gungadin a précisé que la victime était déjà décédée avant d’entrer en contact avec l’eau, écartant de fait un « dry drowning » (noyade sans inhalation d’eau), théorie soutenue par le SP Ghoora.
De plus, malgré l’origine jugée suspecte de certaines blessures, aucun approfondissement des pistes alternatives n’a semblé être envisagé par les enquêteurs. La question du mobile d’un éventuel acte malveillant a été balayée rapidement, au motif que rien ne prouvait que quelqu’un en voulait à Pravin Kanakiah.
Témoignages et incohérences
Le témoignage d’un proche du défunt, Uttam Appadoo, avait initialement renforcé la piste du suicide, évoquant des dettes importantes. Or, celui-ci est revenu sur ses propos. Par ailleurs, la police n’a pas jugé utile de vérifier les derniers contacts téléphoniques de la victime ni d’interroger sa veuve au sujet de leur situation financière, pourtant citée comme un motif possible.
Un témoin potentiel, un pêcheur connu sous le nom de « Ti-Paul », aurait pu apporter des éclaircissements, mais son identité n’a jamais été confirmée.
Une affaire close, mais des questions en suspens
La magistrate Ameerah Dhunoo, qui a présidé l’enquête à la Cour de Souillac, a désormais la lourde tâche de rendre ses conclusions. La famille de Pravin Kanakiah, qui n’a jamais accepté la thèse du suicide, attend des réponses claires après plus de quatre ans de doutes et d’incertitudes.
Si la police semble avoir définitivement tiré un trait sur un éventuel acte criminel, plusieurs éléments – allant de la nature des blessures au déroulement de l’enquête – laissent penser que la lumière n’a peut-être pas encore été totalement faite sur cette affaire.