Folies des grandeurs ou dilapidation des fonds publics ? Alors que le seuil autorisé est de Rs 15 000

Showkutally Soodhun se fait rembourser Rs 179 900 pour des cadeaux

Showkutally Soodhun continue à faire parler de lui. Et pas toujours pour les bonnes raisons. Depuis que le dernier rapport de l’audit a mis à jour des dépenses extravagantes et exagérées de celui qui est désormais ambassadeur itinérant en Arabie Saoudite, les langues se délient pour dénoncer la vie princière que menait ‘Sheikh’ Soodhun à Riyadh. Au grand dam de notre trésorerie publique. Car son train de vie était financé par les contribuables mauriciens. Il n’y a pas que le « prepaid rent of Rs 1.2 million not refunded on early termination of lease of premises », comme souligné par l’audit, qui est source de grincements de dents dans le milieu diplomatique. Il y a aussi ces dépenses qualifiées de « zet l’argent par lafnet » à un moment où la situation économique n’est guère reluisante.

Outre l’acquisition d’un BMW X6 au-dessus de la limite autorisée de Rs 2 millions sur l’insistance de Soodhun alors que la mission de Riyadh disposait déjà d’un Jaguar flambant neuf, d’autres dépenses superflues sont aussi pointées du doigt. Rien que les rideaux pour la résidence de l’ambassadeur avaient coûté la somme de … Rs 400 000 ! La façon dont Showkutally Soodhun soutirait de l’argent au ministère des Affaires étrangères est également dénoncée. L’achat de certains cadeaux par l’ambassadeur Soodhun revient ainsi sur le tapis. Bien qu’il soit coutumier que des ambassadeurs achètent des cadeaux pour offrir aux dignitaires étrangers, le plafond autorisé est généralement de Rs 15 000. Ces souvenirs doivent d’ailleurs être payés à partir de l’‘entertainment allowance’ que perçoivent les ambassadeurs.

« Ces derniers peuvent aussi demander au ministère d’acheter les cadeaux. Le montant est alors déduit de leur entertainment allowance », nous explique un préposé du ministère. Or, Showkutally Soodhun a, lui, trouvé une toute autre formule pour faire payer les cadeaux qu’il avait achetés. Il est passé par une tierce personne, inconnue du ministère, pour se faire rembourser une somme de … Rs 179 900 ! En effet, le 3 février 2020, un dénommé Moraby Mamode avait réclamé, au nom de l’ambassadeur en Arabie Saoudite, une somme de Rs 179 900 au ministère des Affaires étrangères pour l’achat des cadeaux. « This is to inform you that the following items that have been purchased (i) 10 « ship models » from Le Port (ii) 10 « glass paintings » from Ash Glass for His Excellency S. Soodhun GCSK to be offered as gifts to distinguished personalities in Saudi Arabia », écrit-il dans un courriel adressé à une officière du ministère. Et de poursuivre : « H.E. S. Soodhun GCSK had already settled the amount as per invoices issued in my name, which have been submitted to you ».

Deux reçus, au nom de M. Moraby, sont effectivement annexés : le premier concerne les 10 « ship models » et totalise un montant de Rs 129 900 tandis que le deuxième est d’un montant de Rs 50 000, représentant l’achat d’une dizaine de peintures sur verre. Aux Affaires étrangères toutefois, l’on est catégorique. Ce genre de ruse pour se faire rembourser par l’État est loin d’être une pratique établie, et encore moins courante, parmi les ambassadeurs. Surtout quand le seuil permis n’est que de Rs 15 000. Le ministère a toutefois été contraint de rembourser cette somme pour des raisons bassement politiques. Un épisode qui illustre non seulement la folie des grandeurs de Showkutally Soodhun, mais aussi la dilapidation des fonds publics.