Fuite en avant

Par Zahirah RADHA

Les membres du gouvernement semblent exceller dans l’art de prendre la fuite en avant. C’est ce qu’ils n’ont cessé de faire depuis qu’ils ont été élus en décembre 2014. À commencer par le sieur sir Anerood Jugnauth lui-même. Alors qu’il nous a crevé les tympans avec ses promesses creuses, dont celle de défendre les intérêts de la population, l’ancien Premier ministre n’a pas tardé à démontrer ses véritables couleurs dès qu’il a accédé au bâtiment du Trésor. Le Rambo d’antan arrivait difficilement à gérer le pays. Au lieu de faire honneur au poste qu’il occupait, et pour lequel il était grassement payé, SAJ a fait preuve d’une inertie déconcertante de par son incapacité à gérer les affaires du pays. Celui qui disait jadis que « moralité pas rempli ventre » a fini par l’illustrer de fort belle manière en laissant sa place, que lui avait confiée le peuple, à son fiston. Sur un plateau d’argent, svp !  Qu’importe si cela fait de ce dernier un Premier ministre « par l’imposte ». À ceux qui sont horripilés par cette passation illégitime des pouvoirs entre père et fils, ils ont droit à cette phrase assassine : « Mo bien…

 … pisse are zotte moi ! » C’est ce qu’a fait également Pravind Jugnauth cette semaine. D’abord en ajournant le Parlement au 8 juin prochain. Officiellement, la préparation du budget est évoquée comme raison pour justifier cet ajournement. La vérité serait tout autre. Le Premier ministre y aurait vu une échappatoire pour ne pas répondre aux questions pressantes et embarrassantes de l’opposition sur les nombreux scandales qui secouent le pays. Et puis, le chef du gouvernement a également fait fi de ses responsabilités premier-ministérielles en envoyant balader les grévistes de la faim. De leur combat, il n’en a cure. Soit. Il les a reçus, hier, mais ce n’est que pour la galerie puisque ce n’est qu’à son retour de l’Inde qu’il trouvera une solution à leurs revendications légitimes. Incapable de résoudre ce problème provoqué par le gouvernement qu’il dirige, c’est maintenant vers Big Brother qu’il se tourne pour lui venir en aide. Il lui a fallu deux semaines pour venir de l’avant avec cette proposition. Entretemps, la santé des manifestants s’est détériorée, un d’entre eux ayant même dû être transporté à l’hôpital sur un matelas, et ce à pied, par des âmes généreuses, faute de l’indisponibilité de nos services d’urgences. Ce n’est pas pour rien que la colère gronde dans la rue, comme l’attestent les nombreux slogans genre « pays en deuil » qui inondent les réseaux sociaux depuis vendredi.

Les autres membres du cabinet ministériel ne sont pas en reste. C’est avec une indifférence totale qu’ils continuent leur petit bonhomme de chemin, ne se laissant guère incommodés par les scandales ou la souffrance du peuple. Ivan Collendavelloo en est la preuve. Le sort des grévistes ne le concerne pas et ne figure donc pas sur son agenda. Il le dit d’ailleurs carrément et sans aucune gêne. Les grévistes auraient peut-être eu plus de chance s’ils s’appelaient Vijaya Sumputh, Ameenah Gurib-Fakim, Leela Devi Dookhun-Luchoomun ou Maya Hanoomanjee. Quid du ministre de la Bonne gouvernance, Sudhir Seesungkur ? Alors qu’il est chargé de trouver une solution pour rembourser les détenteurs du Super Cash Back Gold (SCBG) et du Bramer Asset Management (BAM), il tente de tirer son épingle du jeu en disant que « larzan pas pou kasse lor pied ». Bien entendu, ce ne sont là que quelques exemples pour démontrer comment nos chers élus sont experts en matière de fuir leurs responsabilités. Entretemps, le pays continue à vibrer au rythme de … manifestations ! Ne dit-on pas qu’il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ?