Garantie bancaire de Rs 403 000 pour se rendre à Agalega :Les Agaléens « emprisonnés » dans l’île

De nouvelles procédures de l’Outer Island Development Corporation (OIDC) provoquent une certaine incompréhension et une colère parmi les Agaléens. Ces procédures ont apparemment été affichées dans le bureau du ‘General Manager’ de l’OIDC et répercutées dans la presse.

Apparemment, chaque Mauricien qui voudrait se rendre à Agalega devra déposer Rs 403 000 comme garantie bancaire, somme qui en principe garantira les frais de déplacement du Dornier en cas d’urgence. Idem pour un Agaléen qui veut venir à Maurice.

De plus, tous les déplacements entre Agalega et Maurice seront considérés comme des voyages à titre privé, y compris ceux qui veulent assister à des funérailles. Les Mauriciens devront débourser Rs 10 300 pour le billet d’avion, tandis que les Agaléens eux devront débourser une somme de Rs 4 300 pour un ticket aller simple.

En ce qui concerne les Agaléens qui viendront à Maurice pour subir un traitement médical, ils devront avoir un certificat médical, délivré par un médecin résidant dans l’archipel.

Vivek Pursun, ancien président l’Outer Island Development Corporation (OIDC) tient à faire rappeler que les Agaléens de Maurice avaient le droit de visiter leurs proches à Agalega sans aucun frais.

Il pense que c’est une discrimination envers les Agaléens, qui sont souvent dans l’obligation de venir à Maurice, pour des raisons humanitaires ou d’autres. Mais de l’autre côté, il est relativement rare pour un Mauricien de faire le déplacement vers cet archipel pour des raisons urgentes.

Il affirme que cette garantie bancaire « emprisonne » les habitants de cette île. « Il n’y a pas d’hôpital et la vie des gens n’a pas de prix », déplore-t-il.  Selon lui, dans le passé, des personnes ont perdu la vie par manque de moyens pour payer le déplacement du Dornier.

Il note aussi qu’Agalega manque beaucoup d’aménités : il n’y pas d’hôpital ou d’infrastructures convenables. Il n’y a même pas d’hôtel. Des commodités de base ne se vendent pas sur l’ile. Il est donc souvent nécessaire que les Agaléens fassent le déplacement pour venir à Maurice pour subvenir à leurs besoins.

Vivek Pursun estime que ces décisions sont « inhumaines » et sont « discriminatoires » à l’encontre des Agaléens. Ce dernier est catégorique : « Ces services doivent être gratuits ».

Qu’en est-il des Mauriciens qui veulent se rendre à Agalega ? « Rs 10 300 pour qu’un Mauricien puisse faire le déplacement à Agalega ? », questionne Vivek Pursun. « C’est bête. Une personne qui part assister à des funérailles devra payer autant ?  C’est aberrant », conclut-il.

 

Shakeel Mohamed : « Un ‘move’ pour dépeupler Agalega »

Le député Shakeel Mohamed (PTr) ne mâche pas ses mots.  « Aujourd’hui, un militaire indien, des constructeurs et des contracteurs peuvent aller à Agalega sans aucune garantie  alors que les Mauriciens doivent donner une garantie », martèle Shakeel Mohamed. « Les étrangers ont la priorité sur les Agaléens et les Mauriciens. C’est là une mesure discriminatoire, car il faudrait avoir de l’argent pour pouvoir visiter un territoire mauricien. »

Selon lui, « C’est un ‘move’ pour dépeupler Agalega ». Il nous indique aussi que la colère gronde chez les Agaléens.

Le ‘Welfare State’, qui a été mis en place par le Parti Travailliste (PTr), garantit la santé gratuite pour tous. C’est l’État qui prend la responsabilité de cela, et l’accès aux soins n’est pas basé sur la richesse ou sur la capacité de paiement. « Ce qui veut dire que si quelqu’un est malade, l’État doit le prendre charge. Or, imposer ces nouvelles mesures constitue une discrimination, alors que la Constitution interdit la discrimination sur une base sociale ou de la richesse », fait-il ressortir.

Il tient aussi à faire rappeler que l’OIDC, qui a pris cette décision, tombe sous la tutelle du ministère des Collectivités locales, et le ministre concerné est un député de la circonscription no 3. « Cette décision vient d’un ministre qui n’a aucune considération pours ses mandants », lance-t-il.

 

 

 

Neevedita Nundowah