Huit marins malgaches vivent une situation inhumaine

Travaillant pour cette grande entreprise bien connue spécialisée en fruits de mer à Camp Levieux, Rose-Hill, huit marins malgaches seront déportés d’ici la semaine prochaine. Entretemps, ces derniers ne reçoivent aucune nourriture de cette entreprise et ce sont les voisins qui leur fournissent de quoi manger.

Tout a commencé en avril 2019. Un recruteur mauricien rencontre huit Malgaches à Madagascar, tous des pères de famille qui cherchent du travail. Il leur promet du boulot dans des bateaux battant pavillon mauricien. Les marins y ont cru et ont signé le contrat d’’embauche.

Une partie des marins a atterri sur le sol mauricien le 19 avril et l’autre partie le 19 mai 2019. Les ennuis débutent à l’aéroport, car les papiers des marins n’étaient pas en règle, mais suite à l’intervention de leur agent recruteur, les problèmes ont été réglés et ils ont pu avoir accès dans le pays.

Une voiture les a récupérés à l’aéroport. La destination initiale était Port-Louis mais les marins ont été redirigés vers Rose-Hill. Le doute s’installe : les marins commencent à bombarder de questions un des responsables de l’entreprise, qui essaye de les rassurer en leur faisant comprendre qu’ils doivent se reposer, car le travail va commencer juste après.

Le premier jour de travail arrive. Les marins tombent des nues en se trouvant face à une usine de fruits de mer à Camp-Levieux et non pas au port ou sur un bateau. De nouveau, ils pressent de questions les responsables. Ils insistent sur le fait qu’ils sont venus pour travailler sur un bateau. L’un des responsables les ramène à la dure réalité : c’est fini, leur dit-il, vous avez déjà signé le contrat à Madagascar, vous devez travailler !

Les Malgaches essaient avec véhémence d’expliquer à ce responsable que le contrat signé porte sur un travail en mer. Le responsable se montre intransigeant : « le contrat a déjà été signé, » leur dit-il, « si vous voulez travailler, vous le faites, sinon on vous retourne chez vous ! » Les Malgaches insistent et veulent parler avec le propriétaire mais le responsable leur fait comprendre qu’il n’a pas de temps à perdre avec eux, et tourne les talons.

Les malheureux Malgaches n’ont eu d’autre choix que de travailler tous les jours, quoiqu’ils continuent de demander des explications aux responsables ou encore, insistent pour une rencontre avec le propriétaire, mais rien n’a abouti jusqu’à présent. Un des marins nous explique que tous les jours, le travail commence à 7 h du matin pour finir à 18 h, mais souvent, le travail finit à 22 h.

Un incident pénible va tout faire basculer

Un incident pénible va arriver vers le nouvel an. Le 31 décembre dernier, le travail battait son plein. Vers 14 h, les Malgaches n’avaient pas encore déjeûné, et ont donc demandé à un responsable s’ils pouvaient aller manger. Ce dernier a rapporté ce cas à un autre responsable, qui a commencé à maltraiter les Malgaches. Les responsables les ont menacés que si jamais ils arrêtaient le travail, ils n’allaient pas recevoir leur salaire. Les Malgaches, de peur de ne pas toucher leur salaire, ont préféré continuer leur travail.

Le 1er janvier étant jour férié, les Malgaches ont pu goûter à un peu de repos. Le 2 janvier, ils ont été informés par la direction qu’ils ne vont pas bosser, mais durant la journée, les vigiles ont confisqué leurs papiers pour effectuer les démarches nécessaires vers leur déportation, et cela sans raisons valables. Depuis cet incident, les Malgaches n’ont rien eu à se mettre sous la dent. La direction de l’entreprise a même pris leurs denrées, et ce sont les gens du voisinage qui leur donne à manger.

Ces pères de famille ont entame des démarches auprès de leur ambassade, qui tenterait de leur venir en aide. Quant à l’entreprise en question, nous avons voulu avoir la réaction de ses responsables mais en vain.

Neevedita Nundowah