Impasse entre les bookmakers et le GRA

Un bras de fer oppose actuellement les bookmakers ‘off-course’ (ceux qui n’opèrent pas au Champ-de-Mars) et le Gambling Regulatory Authority (GRA) suite à un récent jugement de la Cour suprême donnant gain de cause aux bookies.

Cetet affaire remonte à octobre 2018.  La direction de la GRA, dans une lettre en date du 24 octobre 2018, intime aux bookmakers de relocaliser leurs opérations au Champ-de-Mars pour la saison hippique de 2019. La lettre les informe également que leur permis ‘off-course’ ne sera plus renouvelé.

Mais les bookies ne l’entendent pas de cette oreille. Dans une réplique à la GRA, en date du 21 novembre 2018, Sailesh Dussoye, directeur de Stevebook Ltd, l’un des bookmakers concernés, affirme que cette decision est “grossly unfair, utterly prejudicial and discriminatory.” Plus loin, il qualifie la décision de “irrational and capricious”. Il demande à la GRA de “shed more light as to providing the real motives and or other reasons justifying the relocation in question”. 

N’obtenant aucune réponse, les bookies vont alors se tourner vers la Cour suprême et demander une ‘judicial review’ de la decision de la GRA.  Dans son jugement en date du 27 mars, la Cour va infliger un veritable camouflet à la GRA.  Entre autres, la cour retiendra le fait que l’instance régulatrice n’a pas fourni de raisons justifiant sa decision, allant ainsi à l’encontre de la Gambling Regulatory Authority Act, notamment les exigences de la loi quant à la transparence. Selon les juges : “Transparency of process calls for reasons to be given for decisions.” Les juges concluent que la decision de la GRA est “irregular, irrational and unreasonable”.

Depuis, les bookies attendent que la GRA renouvelle leur licence ‘off-course’, qui est arrivée à expiration le 31 décembre 2018. Ils accusent la GRA de ne pas respecter la decision de la cour. Ils ont eu une réunion avec Mme Ringadoo, la Chief Executive de la GRA le jeudi 29 mars mais le lendemain, cette dernière devait informer les bookies que la GRA comptait faire appel du jugement. Depuis, ces derniers ont logé une demande d’injonction devant le juge-en-chambre pour que la GRA renouvelle leur licence. L’affaire sera pris le 10 avril. Les bookies envisagent aussi de poursuivre la GRA pour outrage à la cour.

“On veut nous éliminer”

Selon les recoupements des bookies, la GRA viendrait avec un nouvel amendement pour contourner le jugement de la Cour suprême. En outre, les avocats du State Law Office se seraient retirés de l’affaire car un appel devant le Privy Council se terminerait en catastrophe pour la GRA.

Vu que leur permis de bookmaker ‘off-course’ n’a pas été renouvelé, étant arrivé à expiration le 31 décembre 2018, ces bookmakers, actuellement au nombre de huit, nous expliquent qu’ils ne peuvent plus opérer et ainsi gagner leur vie “face à l’intransigence de la GRA”.

Jean-Paul Foo Kune, l’un des bookmakers concernés, nous confie : “À l’époque, vers 2009, le chairman de la GRA d’alors avait qualifié de très bonne initiative la décision d’envoyer les bookmakers hors du Champ-de-Mars, pour contrer les bookmakers clandestins. Subitement, vers 2015, l’attitude des autorités va changer. Les bookmakers ‘off-course’ pouvaient sentir que le terrain glissait sous leurs pieds. Les frais de permis ont depuis augmenté. Nous sommes sûrs et certains que cette maldonne est pour favoriser et avantager certains. Il est clair que l’on veut nous éiminer complètement. Mais au profit de qui ? ”

Hors-texte

Le MTC solidaire avec les bookmakers

Mike  Rishworth, le CEO du MTC, nous déclare que le fait que les bookmakers ‘off-course’ ne peuvent opérer affectent grandement le chiffe d’affaires du MTC. Les bookmakers ‘on-course’ et ‘off-course’ génèrent environ 40 % des revenus du MTC. Sur ce chiffre, de 15 à 20 % proviennent de bookmakers ‘off-course.” Cet état de choses “is affecting our turnover materially”, nous explique Mike Rishworth.