Indécence présidentielle

On célèbrera dans quelques jours la journée internationale de la femme. Invités de marque, discours clichés, promesses saugrenues… bref, tout y sera ! Les intervenants à la cérémonie officielle au SVICC à Pailles ne manqueront pas de chanter les louanges de nos dirigeants, soutenant probablement que ce gouvernement a marqué l’histoire du pays en nommant des femmes aux plus hautes fonctions de l’État. Certaines seront peut-être même émues jusqu’aux larmes. Mais devrions-nous vraiment être fiers de ces femmes nominées (pas toutes, je précise) qui se trouvent à la tête de nos institutions ? Les Ameenah Gurib-Fakim, Maya Hanoomanjee et autre Youshreen Choomka ont-elles fait honneur au pays en servant les institutions qu’elles dirigent de façon honnête et exemplaire ou les ont-elles souillées en servant leurs propres intérêts d’abord ? La ministre de l’Égalité du genre, qui sera à l’avant-plan ce jeudi 8 mars ne traîne-t-elle pas un « laqué ferblanc » avec ses visites non-sollicitées aux prisonniers, dont des trafiquants de drogue ? Que dire des Sheila Hanoomanjee, Vijaya Sumputh, Wenda Sawmynaden et Namrata Gaya-Teeluckdharry qui ont été favorisées grâce à leurs liens de parenté et de proximité avec le pouvoir ?

Mais à quoi peut-on vraiment s’attendre quand celle se trouvant au sommet de l’État et qui est censée donner le bon exemple se retrouve, encore une fois, dans un imbroglio diplomatique sans précédent ? Si son cas interpelle, ce n’est pas en raison de ses dépenses extravagantes et ses goûts prononcés pour le luxe. Notre Imelda Marcos locale a le droit de dépenser comme bon lui semble du moment que l’argent décaissé ne s’apparente pas à des faveurs, directes ou déguisées, obtenues de la part d’in investisseur étranger et reconnu mondialement comme un escroc. Dans un article intitulé « Un chef d’État dans l’étau »  en date du 12 mars 2017, on se posait déjà une série d’interrogations par rapport aux connexions d’Ameenah Gurib-Fakim avec Alvaro Sobrinho et le Planet Earth Institute (PEI). Des questions que la présidente n’a jamais daigné répondre si ce n’est que de demander à ce qu’une enquête soit instituée et dont les conclusions se font toujours attendre un an plus tard. Mais ce qui est encore plus grave et inacceptable, c’est qu’il paraît de plus en plus évident que la présidente aurait reçu des bénéfices de la part du multimilliardaire angolais alors qu’elle avait soutenu n’avoir jamais reçu de rémunérations du PEI. L’occupante de la State House aurait-elle menti ? Mérite-t-elle toujours sa place au Réduit ?

Il est clair que les récentes révélations concernant la présidence embarrassent davantage le gouvernement. D’autant que c’était l’ancien Secrétaire Permanent (PS), Dass Appadu, agissant sans doute sur les ordres d’Ameenah Gurib-Fakim et qui a également travaillé pour le compte d’Alvaro Sobrinho, qui avait donné des instructions pour que les ‘banking licences’ de l’Angolais soient approuvés. Et qu’il s’était avéré que la locataire de Réduit avait accepté le poste de directrice – à titre bénévole, selon elle – du PEI un mois après avoir accédé à la présidence alors qu’elle aurait dû se consacrer à remplir pleinement son rôle de présidente de la République. Ce qui avait mis le régime en place dans une situation particulièrement singulière. À une semaine des célébrations officielles du 50ème anniversaire de l’indépendance de Maurice, Pravind Jugnauth se retrouve donc avec patate chaude. La population a les yeux braqués sur lui. Il se doit d’agir le plus vite possible en se débarrassant de cette femme indigne du poste qu’elle occupe et afin de pouvoir marquer cet événement d’une pierre blanche.