JUDICIARE : Allégations de courses truquées : Victoire de Bud Gujadhur en Cour suprême

Bhudeswar Gujadhur, plus connu comme Bud Gujadhur, turfiste bien connu, a remporté une victoire  en Cour suprême ce 12 octobre, après qu’il avait demandé une ‘judicial review’ des allégations contenues contre lui dans un rapport intérimaire de la commission d’enquête présidée par Richard Parry sur le trucage des courses de chevaux à Maurice.

Pour rappel, le 28 juin 2014, le jockey Fausto Durso pilotait le cheval ‘Gemmayze Street’ dans une course. Mais sa façon de piloter ce cheval avait été considérée par plusieurs personnes qui avaient déposé devant la commission d’enquête comme étant scandaleuse,  et avait provoqué un malaise parmi la foule présente au Champ de Mars, voire dans la presse. Le jockey avait été suspendu par la suite pour 20 semaines par les ‘Racing Stewards’. Mais Durso avait déjà pris la clef des champs pour retourner au Brésil, avant qu’une enquête de la Police des Jeux ne puisse être diligentée contre lui.

L’entraîneur de ‘Gemmayze Street’ n’était nul autre que Budheswar Gujadhur, qui avait également été sanctionné par les commissaires et suspendu pour 20 journées de course, vu qu’apparemment c’était lui qui avait donné les instructions au jockey Durso de chevaucher de cette façon. (Sanction qui avait rapidement été annulée par le Mauritius Turf Club peu après.) Notons que le propriétaire de ‘Gemmayze Street’ est Paul Foo Kune. Ce cas avait été signalé à la Police des Jeux et apparemment, l’enquête est toujours en cours…

Le Président de la République d’alors, Kailash Purryag, avait mis sur pied une commission d’enquête le 24 septembre 2014 pour enquêter sur les courses de chevaux à Maurice. Le 28 novembre 2014, les membres de la commission d’enquête avaient  soumis un rapport intérimaire, jugeant qu’il y avait une urgence pour mettre un frein aux activités illégales se déroulant au Champ de Mars. L’ex  Premier ministre (Navin Ramgoolam) devait déposer sur la table de l’Assemblée nationale ce rapport, qui avait aussi reçu une grande publicité dans la presse.

Selon les membres de la commission d’enquête, “The real victims of the apparent criminal activity are the tens of thousands of ordinary punters who are being cheated; steps need to be taken now to restore their confidence.”

Bud Gujadhur devait toutefois contester par voie de ‘judicial review’ les paragraphes 11 et 12 de ce rapport intérimaire, qui se lisaient comme suit :

  1. The principal targets should be those are orchestrating the criminal activity. In particular the investigation should centre on, but not be limited to: Paul Foo Kune (race horse owner, stable manager and bookmaker);  Budheswar Gujadhur (licensed trainer for Foo Kune); Alain Salva (bookmaker).
  2. It is those persons who are strongly suspected to be fixing races and then cheating with others on the legal and illegal betting markets.

Les juges Nirmala Devat et Iqbal Maghooa, dans leur jugement en date du 12 octobre, devaient toutefois accepter que ce rapport intérimaire pouvait faire l’objet d’une ‘judicial review’ vu l’importante publicité qu’il avait elle dans la presse et ont rejeté les arguments des membres de la commission d’enquête  qui avaient soutenu que ce rapport intérimaire était un document confidentiel destiné seulement pour le Président de la République  et le PM.

La cour a aussi jugé que les paragraphes incriminés ne constituaient pas de commentaires ou d’observations mais bien de ‘findings’, et de conclusions contre Bud Gujadhur. Selon la cour, “Serious allegations have been made against the applicant to the effect that there is prima facie evidence that he has committed and is continuing to commit criminal offences of cheating in horseracing and betting in Mauritius; that he is orchestrating the criminal activity; and he is strongly suspected of fixing races and then cheating with others in the legal and illegal betting markets.”

Les juges devaient aussi noter que malgré le fait qu’environ quatre-vingt personnes avaient déposé devant cette commission, Bud Gujadhur  n’avait pas été appelé à fournir sa version des faits. “We, therefore, agree that the applicant’s complaints that the respondents have acted in an unreasonable and in an unfair manner and in breach of natural justice are justified”, devaient écrire les juges dans leur jugement.

Les juges Nirmala Devat et Iqbal Maghooa ont ainsi retenu que “The respondents were wrong in law in making the findings as they did […].”