[Khutbah – La réflexion du Vendredi] Face à l’atrophie de la Ummah, Al Aqsa en grand danger

En ce jour béni de vendredi, je ressens le devoir moral et spirituel de partager une réflexion profonde sur la situation alarmante d’Al Aqsa. Ce site sacré, mentionné dans le Coran et témoin du voyage nocturne du Prophète Muhammad (saw), est aujourd’hui en grand danger, pris en otage dans une conjoncture géopolitique tragique et une indifférence quasi généralisée.

Chaque année, notamment lors de la Journée d’Al Quds, nous rappelons l’importance d’Al Aqsa pour la Ummah. Pourtant, cette mosquée, deuxième en importance après Al Haram à Makkah, est aujourd’hui barricadée, profanée, attaquée sans vergogne, pendant que la Ummah – forte de deux milliards de fidèles – semble paralysée, impuissante, muselée par la complicité de ses dirigeants ou leur silence coupable.

Les Palestiniens ont, eux, payé un prix incommensurable : martyrs, blessures, destructions, exils… Ils ne comptent plus sur les gouvernements arabes, perçus à juste titre comme des parties du problème. Certains dirigeants, comme MBS, ont clairement affiché leur désintérêt pour Al Aqsa. D’autres, comme le roi de Jordanie, pourtant soi-disant “gardien” des lieux, brillent par leur silence. Cette trahison collective s’est amplifiée depuis les Accords d’Abraham, qui ont institutionnalisé la normalisation avec l’oppresseur sioniste.

L’histoire ne nous permet pas d’oublier. Depuis 1948, le peuple palestinien subit une oppression systémique, depuis la Nakba jusqu’aux massacres actuels à Gaza. L’État sioniste, avec l’appui de ses alliés occidentaux, mène une politique de colonisation, de dépossession, d’apartheid et de génocide. Les fidèles sont attaqués, menottés, frappés pendant leurs prières. Les femmes sont agressées, les enfants tués, et la barbarie est normalisée.

Ce que nous voyons aujourd’hui est une tentative méthodique d’effacer Al Aqsa et son identité islamique. Il ne s’agit pas d’un conflit local, ni d’une affaire “palestinienne”. Al Aqsa appartient à toute la Ummah. Sa profanation est une blessure pour chaque croyant.

Nous avons une responsabilité collective. En tant que Khairah Ummah – la meilleure communauté – nous devons ordonner le bien, interdire le mal, dénoncer l’injustice. L’indifférence n’est plus une option. Se taire, c’est être complice. Il est urgent de se réveiller, de sortir du déclin intellectuel, spirituel et politique dans lequel nous avons été plongés.

Allah (swt) nous rappelle dans le Coran (13:11) qu’Il ne change pas l’état d’un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même. Nous devons reprendre notre rôle de témoins de l’humanité (Surah 2:143) et agir avec courage, intelligence et foi.

Que cette khutbah soit un appel sincère à la conscience, un rappel que notre silence peut coûter Al Aqsa. Puisse Allah (swt) guider nos pas et raffermir nos cœurs dans la défense de la vérité.

Mosadeq Sahebdin