[L.E]Le Budget 2022-2023 analysé dans le cadre d’un objectif pré-défini

Le Budget a été rendu public, et la population est soit critique, soit élogieuse à son égard, mais il est à craindre que tout jugement ne se fasse pas en connaissance de cause, par ignorance de ce qu’un budget doit représenter pour tenir la route. Aussi, je me suis efforcé, dans cet article, peut-être pour la première fois dans l’histoire de notre pays, à faire une analyse en profondeur d’un tel exercice et de préconiser par quelles étapes il doit passer pour qu’il s’adapte à nos impératifs du moment.

Les budgets présentés à la population ont historiquement été l’annonce d’une panoplie de mesures et un exercice comptable qui prévoit les recettes et des dépenses étatiques. Ceci est la réalité apparente des choses à laquelle on nous a habitués depuis des décennies. Toutefois, si on veut que le budget traduise une philosophie de développement, il y des étapes préalables incontournables à cet exercice. Ces étapes sont, dans l’ordre :

1.       La détermination de l’objectif final que l’on veut atteindre, tout en se rendant compte des réalités existantes, qui sont bien présentes et parfois immuables.

2.       L’identification des erreurs de calcul commises dans le passé, si nous sommes dans une situation difficile, afin de ne pas les répéter et persister dans l’erreur.

3.       La détermination des stratégies à adopter pour arriver à l’objectif final fixé.

4.       La prise de mesures économiques, fiscales, financières, légales, sociales et administratives pour donner corps à ces stratégies.

5.       Pour être honnête, il y a aussi un volet politique à tout exercice de ce genre, qu’on ne doit pas occulter ou dire que l’on ne doit pas y songer, surtout comme le dit souvent les partis d’opposition.

Un budget ne peut être crédible que s’il est la résultante d’un de ces quatre premiers impératifs, dans l’ordre. Tout budget qui propose des mesures “piecemeal” pour parer au plus pressé et faire du “firefighting” équivaut à mettre du plâtre sur du bois en décomposition, c’est-à-dire, ne traiter que les symptômes d’un mal profond, qui reviendront inexorablement dans un avenir pas très lointain.

Les réalités du moment

1.      Production et consommation

Nos gouvernements successifs, depuis 20 ans, se sont attelés à faire de la croissance par la consommation une stratégie de développement. Dans cet objectif, ils nous ont habitués à une roupie forte, un luxe que notre économie, avec ses “weak fundamentals” n’a pu se payer. Il en a résulté, primo : la quasi-faillite de nos industries d’exportation, avec en tête notre secteur textile ; secundo : un amenuisement de notre industrie substitutive d’importations et ; tertio : une frénésie de consommation de produits importés, dont les prix sont demeurés stables en raison de cette roupie forte.

2.      Structure de l’économie

Notre économie est passée d’un état diversifié stable à une économie spécialisée, essentiellement de services et une concentration sur deux pôles, notamment le tourisme et les services financiers. Nos exportations de produits manufacturés sont, il faut l’admettre, marginales eu égard à notre monumentale facture d’importation sous divers chapitres. La réalité nous l’a amplement démontré : l’un et l’autre de nos deux pôles économiques sont sur une fondation fragile, notre tourisme a subi de plein fouet les effets d’un unique problème – la Covid-19, et notre secteur financier a subi deux bouleversements : la renégociation forcée de notre traité de non double imposition avec l’Inde, avec de nouveaux termes qui nous favorisent et le passage sur la liste noire européenne, certes temporaire, de notre juridiction financière.

3.       Notre balance de paiements

Tout ceci explique notre déficit commercial (hors-services) colossal, grandissant d’année en année, que nos excédents de services n’ont pu combler pendant les deux dernières années. C’est ce qui a provoqué une érosion de nos réserves en devises et un endettement accru en devises, avec l’énorme risque de change que cela comporte. On a tenté, depuis des années, de combler notre déficit en vendant nos actifs, notamment nos terres, à des étrangers, provoquant une énorme inflation dans l’immobilier au détriment de notre population désireuse de se donner un toit.

4.       Notre déficit budgétaire

À partir de ces trois réalités indiscutables ci-dessus, le déficit ou l’équilibre du budget devient un faux débat. Le budget de l’état se décline en roupies, et on peut faire toutes sortes d’acrobaties pour arriver à un déficit soutenable, entre autres, pousser encore plus vers la consommation pour récolter plus de TVA, augmenter les taxes indirectes tels que l’impôt individuel et corporatif, augmenter divers droits, augmenter les contributions de pension, les licences professionnelles et cette liste peut être allongée autant qu’on peut. Si à la fin, il subsiste un déficit, il sera en roupies, et il peut se financer par l’endettement en roupies à la hauteur qu’on veut, d’autant plus que ce déficit se finance par l’émission de bons du Trésor et qu’on peut émettre à n’importe quel moment de nouveaux bons pour payer ceux qui arrivent à échéance.

Les deux objectifs à viser à court et à moyen terme

(1)    La conclusion de tout ce qui précède devrait sauter aux yeux : La réalité fondamentale est la situation de notre balance de paiements, et nous ne pouvons y échapper si nous voulons continuer à vivre et à manger. Nous consommons beaucoup trop de produits importés, ce que nos exportations de biens et de services ne peuvent plus soutenir. Ceci nous amène au premier objectif que nous devons viser, à savoir : Produire plus et consommer moins de produits importés qui apportent de la croissance ailleurs que chez nous, alors que c’est nous qui payons.

(2)    Le deuxième objectif, puisque toute stratégie gouvernementale doit, à terme, profiter au bien-être des citoyens, et c’est le but même de l’existence, est qu’il faut permettre aux gens de vivre décemment. Ceci passe nécessairement par assurer un pouvoir d’achat, non pas pour consommer encore plus, mais pour rétablir le niveau de consommation nécessaire pour vivre sans privation indue. Il n’y a rien de nouveau dans ce que j’avance, sauf qu’il est impératif, si nous voulons consommer, de consommer local (made in Moris) et non pas de l’importé, ce qui nous conduira vers la ruine. D’autre part, si les pouvoirs publics doivent augmenter les revenus des ménages (salaires ou pensions des Senior Citizens) ou les subventions, il faudra impérativement n’y consacrer qu’une partie des retombées de notre croissance économique issue d’une progression de nos exportations ou de notre production de substitution d’import. En d’autres mots, il ne faut pas que nous mangions la totalité du produit de notre croissance à venir, quelles que soient les considérations politiques qui peuvent motiver cette tendance ou ce souhait.

Quelle stratégie adopter pour satisfaire ces objectifs ?

Notre stratégie quasi-immédiate pour sauver une barque en eaux troubles doit être axée sur le redressement de notre situation de déséquilibre, à savoir mettre en place des conditions aptes à favoriser l’exportation, à produire plus localement pour réduire notre facture d’importation (production manufacturière, agricole et combustible végétale (outre la bagasse) pour alimenter nos centrales thermiques). En plus, passer à un stade supérieur sur le plan de la productivité et gagner en économies d’échelle en augmentant nos volumes de production. Quand on évoque la productivité, il n’y a pas seulement la productivité des machines (en les renouvelant en temps opportun) et de la main d’œuvre à considérer, mais aussi celle de tout l’appareil gouvernemental pour produire plus avec les mêmes charges salariales, améliorer considérablement le rendement en chassant la bureaucratie de notre mentalité et les délais administratifs pour la délivrance des permis d’opération et en devenant “business friendly”. On doit chercher des solutions plutôt que des problèmes à toute situation urgente ou qui sort de l’ordinaire. Le gaspillage aussi, c’est de l’anti-productivité, et il faut s’en débarrasser si on veut agir en responsables et donner le bon exemple.

L’augmentation de notre volume de production à l’export ne doit pas être seulement souhaitée comme un vœu pieux, mais soutenue concrètement par l’État avec des mesures proactives, telles que :

1.      Favoriser la production

Par un régime de changes favorable à nos entreprises exportatrices pour les rendre compétitives sur les prix et profitables, par exemple, par un système de taux de change double, avec un taux bonifié pour la vente de leurs devises d’exportation par rapport au reste de l’économie. Dire que cette subvention occasionnera des pertes pour la Bank of Mauritius (BoM) est un faux constat, puisque le pays sera largement bénéficiaire sur un plan beaucoup plus vaste, celui de la rentrée accrue de devises issue de l’augmentation de nos exportations et de l’augmentation de la « corporate tax », sans compter l’accroissement du PIB et du niveau de l’emploi. Par ailleurs, la subvention se fera en monnaie locale alors que l’augmentation des recettes d’exportation se matérialisera en devises. On donne un œuf pour récupérer un bœuf. À l’opposé, booster les exportations par la dépréciation de la monnaie nationale est une opération de masse à la mitraillette, non-sélective, qui affecte négativement toute une population.

2.      Ne pas alourdir les charges des entreprises

Par un arrêt immédiat de la tendance nouvelle qui s’est manifestée depuis mars 2022 d’augmenter le ‘Repo Rate’ de la BoM puisque c’est un poison pour nos entreprises manufacturières, ainsi que notre hôtellerie, déjà fortement endettés. Il est archifaux de dire que l’augmentation des taux d’intérêt est apte à contenir l’inflation et à promouvoir l’épargne. La BoM a renchéri son ‘Repo Rate’ de 0.4 % depuis mars. Même si elle va jusqu’à 1.5 % dans cette politique, une augmentation de cette envergure est-elle susceptible de décourager les emprunts pour la consommation ? L’endettement pour la consommation répond à un besoin, il est tributaire de la capacité de remboursement, et non pas au coût de l’emprunt tant que ce coût ne devienne pas prohibitif, au-delà de 10 %. Par ailleurs, une grosse partie de la consommation se fait à partir des revenus courants et de l’épargne, et là, le taux d’intérêt n’a aucun effet.

Notre haut niveau d’inflation n’est absolument pas induit par la demande. Est-ce que des économétriciens ont déjà évalué la portée d’une augmentation des taux d’intérêt dans le contrôle de l’inflation lorsque ses causes sont diverses ? À Maurice, notre inflation est causée par (1) la dépréciation de notre roupie, (2) l’augmentation des coûts de matières premières à l’étranger, (3) l’augmentation du coût du pétrole, (4) l’augmentation exponentielle du fret et (5) le “profiteering” local sur les produits essentiels dû à la surfacturation. Cette dernière est une réalité flagrante pour ceux qui veulent bien voir, et si nos autorités prenaient la peine de regarder, par exemple, vers l’abus criminel et sans précédent qui se pratique dans le secteur des pharmaceutiques, elles tomberaient des nues.

Comment se retrouvent les économétriciens dans ce fouillis de facteurs inflationnistes, avec des pondérations qui varient, pour maintenir le bien-fondé de l’augmentation des taux d’intérêt dans le contrôle de l’inflation et mesurer son impact ? C’est de l’alchimie théorique, issue des manuels universitaires d’économie, et de surcroît, dangereuse. Une augmentation de taux d’intérêt de 1.5 % “across the board” coûtera aux emprunteurs existants auprès des banques Rs 6 milliards par an, dont Rs 2 mds pour les ménages et Rs 4 mds pour les entreprises, créatrices d’emplois par ailleurs. La “Monetary Policy Committee” de la BoM mesure-t-elle la toxicité de la politique sur laquelle elle s’embarque ? Nos emprunteurs, en comptant aussi ceux redevables envers les compagnies d’assurances, les compagnies de leasing et de crédits à l’achat des équipements ménagers peuvent-ils faire les frais d’une facture si amère, que l’on peut chiffrer, au final, à pas moins de Rs 7.5 milliards, soit l’équivalent de plus de 50 % du budget total d’un gros ministère comme celui de la Santé ? Tout ceci occasionné par une décision faite d’un trait de plume, ignorant la réalité des affaires ?

En ce qui concerne la théorie très farfelue, que les taux d’intérêt bas découragent l’épargne, j’aimerais qu’on m’explique comment la liquidité sur le marché bancaire avait atteint un niveau record en décembre 2020, en plein marasme économique, alors que le taux d’intérêt offert sur comptes d’épargne était de 0,2 %.  Any intelligent guess ?

Comment contrôler notre inflation ?

On ne peut malheureusement rien faire de concret puisque notre inflation est tributaire de facteurs exogènes hors de notre contrôle et de notre dépréciation monétaire, qui ne peut être corrigée qu’en réévaluant notre roupie. Nous savons tous que ceci est du domaine du rêve et par ailleurs, la dépréciation de notre roupie a eu des effets bénéfiques sur la compétitivité prix et la rentabilité de l’ensemble de notre secteur d’exportation, biens et services compris. Il ne faut pas toucher au taux de change de la roupie dans l’immédiat, dans un sens ou dans l’autre. Nous devons vivre avec cette inflation, parce qu’il n’y a pas de recette pour contrôler l’inflation par les taux d’intérêt et promouvoir la croissance tellement nécessaire en même temps. Au mieux, il faut la contrôler partiellement par serrer la vis du “profiteering” de la part des entreprises de négoce locales, en attendant que les prix des matières premières redescendent sur le marché mondial lorsque la guerre en Ukraine s’arrêtera, faute de pouvoir continuer à la financer, par toutes les parties concernées.

Il est vrai qu’une inflation élevée décourage l’épargne, mais si les disponibilités en réserve détenues par les gros épargnants prennent la direction de l’investissement direct en production, en actifs immobiliers ou sur le “stock exchange”, ce n’est pas une plaie, mais un salut. La pire bêtise à faire, c’est d’essayer de rapprocher le taux d’intérêt de l’épargne de notre taux d’inflation. Il y a des économistes, dont un ou deux de renom qui disent que l’augmentation du ‘Repo Rate’ de la BoM de 0,4 % est sans effet et qu’il faut le hausser de manière plus significative. Dans quel but ? Pour battre notre inflation actuelle de 10 %, par une rémunération réelle et positive de l’épargne, il faudrait augmenter son taux au-delà de 10 %, dans lequel cas, les taux d’emprunts bancaires avoisineraient les 16 % après constitution des “cash reserves” statutaires. J’espère que ces économistes pyromanes et irresponsables commenceront à réfléchir à leur bêtise de proposer des solutions à la sri-lankaise.

Quelle parade pour mieux équilibrer notre budget ?

La marge de manœuvre sur le budget courant est extrêmement serrée, et le gouvernement ne peut pas, au risque de faire les frais d’un soulèvement social, fermer les yeux sur la nécessité d’une amélioration, ne serait-ce que partielle, du pouvoir d’achat des ménages, par l’une des suivantes :  une augmentation du salaire de base et de la pension des Senior Citizens, des subventions accrues sur les produits de première nécessité ou une baisse de la fiscalité sur l’essence, ou mieux encore, un mix judicieux et intelligent des trois, pour l’effet de masse et d’annonce que cela créera, et qui sera bénéfique au gouvernement sur le plan de l’opinion publique.

En revanche, il paraît impératif de devoir limiter le budget d’investissement au financement des projets en cours et de ne pas s’aventurer sur des projets nouveaux qui ne déboucheront pas immédiatement soit sur une augmentation de la production, soit sur une économie d’importations. Nous avons déjà dépassé une ligne rouge l’an dernier en persistant à étendre le trajet du Métro, qui n’apporte ni emplois nouveaux significatifs, ni économie sur nos importations de pétrole de par le faible nombre de passagers que transporte cette entreprise et ni dividendes pour le gouvernement. Par ailleurs, on semble ne pas avoir tenu compte que le Métro se gère comme une entreprise commerciale en période de lancement, avec une stratégie de marketing et un budget confortable pour la communication publicitaire et les promotions nécessaires pour attirer une clientèle. On est passé à côté de cette réalité des affaires et on aurait mieux fait de confier sa gestion à un “business driver” aguerri provenant du secteur privé au lieu d’espérer que les voyageurs viendraient d’eux-mêmes.

             Et quid du niveau d’endettement de l’État ?

On en fait un “storm in a tea cup” en évoquant constamment notre ratio dette/PIB en pourcentage. Ce pourcentage ne signifie pas grand-chose surtout si la majeure partie de l’endettement est en monnaie locale, ce qui est notre cas (plus de 80 %). Pour ce qui est de l’endettement extérieur en devises, il n’y a pas de feu à la maison si l’ensemble des dettes a été judicieusement utilisé dans des projets d’investissement productifs qui rapportent des dividendes divers à court ou moyen terme, sachant que, dans notre situation, nous ne pouvons investir pour recueillir des bénéfices dans le long terme.  Parmi les dix pays les plus endettés au monde par rapport à leur PIB, on trouve Singapour (138 %), l’Italie (159 %) et le Japon (257 %), et ces pays sont loin de la faillite.

J’ai rédigé tout ce qui précède AVANT MÊME le discours du Budget pour expliquer, sans être influencé par le budget lui-même, dans quel esprit un budget doit être préparé. Ceux qui auront compris mon raisonnement seront capables eux-mêmes d’avoir une vue globale et un œil critique sur le Budget et juger tout de suite quelles sont les mesures annoncées qui peuvent être classées comme appropriées, opportunes, innovatrices, farfelues ou dangereuses.

Maintenant, les principales mesures budgétaires annoncées

Il n’est pas nécessaire, pour juger de la validité du budget, d’aller en détail sur toutes les mesures annoncées. Un examen global des mesures, par secteur, et leur philosophie, s’il y en a une, donnera une meilleure appréciation de l’ensemble sans qu’on s’égare dans les détails. Les principales mesures se résument à ceci :

LES POSITIFS

1.      Un gros effort pour offrir des incitations à des projets axés sur l’augmentation de production locale (manufacturière, agricole et énergétique), autrement dit, un « investment and production driven budget » Ces incitations sont précises, concrètes et financières et peuvent être mises en place immédiatement.

2.      Une emphase plus que salutaire sur la sécurité alimentaire et énergétique, avec une vision sur l’avenir, axée sur la diminution de notre facture d’importation de combustibles fossiles et l’écologie.

3.      Un effort louable pour rétablir le pouvoir d’achat, qui porte, comme je l’ai suggéré, sur un mix d’augmentation des prestations sociales (pensions, aides sociales diverses), de subventions accrues à la consommation et d’allègement d’impôts.

4.      Un éloignement définitif de la stratégie néfaste de la croissance par la consommation (enfin !).

5.      Une mise au frigo pure et simple de nouveaux projets d’investissement, surtout somptuaires ou non productifs à court terme, et, en corollaire, aucun recours à de dettes extérieures additionnelles en devises.

Pour les sceptiques, juste un aparté. Comment se financeront toutes ces dépenses ? Sans entrer dans les détails, le ministre des Finances bénéficie d’un « head start » d’une économie de Rs 8,5 Mds sur le Wage Assistance Scheme et le Self-Employed Assistance Scheme et prévoit un désengagement de l’État de la NIC, de la Maubank et d’autres affaires commerciales, ce qui déboucherait sur des recettes avoisinant les Rs 20 Mds.

LE NÉGATIF

1.      Une quasi-étatisation du financement des nouveaux investissements axés sur la production à travers la DBM. Si la DBM peut financer des projets à 3.5 % d’intérêt, rien n’empêche le gouvernement de forcer les banques à assurer ce financement, quand leurs dépôts de clientèle (épargne et ‘fixed deposits’) ne leur coûtent en moyenne que

0.8 % et ils jouissent, en outre, de toutes les sommes sur les comptes courants gratuitement. Il pourrait même aller plus loin, en obligeant les banques à investir, disons, 10 % de l’équivalent de leurs prêts en « equity capital » des entreprises productrices. Cela ferait Rs 40 Mds de disponibles. Les banques sont les entreprises les plus profitables à Maurice, grâce à l’ensemble de sa population et aux initiatives du gouvernement pour favoriser le « global business » et elles devraient se mouiller davantage dans un effort national.

LES MANQUEMENTS IMPORTANTS

  1. Toutes les incitations pour la production énergétique sont destinées au solaire, qui demande de gros investissements de départ. On aurait pu y ajouter des incitations pour la production de combustibles verts (tels la « fataque » et l’acacia) sur des terres marginales pour les centrales thermiques afin de pallier au manque saisonnier de bagasse et se débarrasser des importations de charbon, tout en faisant des économies.

2.      Aucune incitation visible pour booster l’exportation. Le régime de double taux de change (pour les manufacturiers et l’hôtellerie) que je propose ci-dessus aurait été une solution gagnante et productrice d’effet immédiatement.

3.      Si on pousse, à raison, vers l’investissement dans la production, on aurait pu ajouter un plus, celui de construire des parcs industriels pour loger ces activités de production, avec des loyers raisonnables. La conversion du Côte D’or Sports Centre (qui n’en jamais été un) en espace utile rendrait les consciences plus tranquilles

En bref, c’est un budget issu d’une philosophie certaine, qui va dans la bonne direction mais qui souffre de certains manquements de taille.

Par Mubarak Sooltangos

msooltangos@gmail.com

NOTE : Les points de vue exprimés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement ceux de la rédaction et n’engagent que les auteurs eux-mêmes.