[L.E]Le passé des grands groupes hôteliers

Remontons un peu les horloges du temps et revenons aux temps “glorieux” où les grands groupes hôteliers opéraient comme des institutions “offshore”, entendez par là, ouverts majoritairement aux touristes. Quand le petit Mauricien vivant sur son territoire se présentait au portail d’un de ces palaces dédies aux privilégiés étrangers, il était systématiquement dévisagé par des yeux de gestapo, scrutant dans la foulée et la marque et l’état de sa voiture avant de lancer des interrogatoires musclés dignes des Nazis, entraînés dans le but de refouler tout MAURICIEN ayant la prétention de croire qu’il pourrait franchir ce portail, frontière de l’interdit.

Rassurez-vous, je n’invente rien et je fabule encore moins ayant été personnellement victime de ce niveau de traitement quand il y a quelques années de cela, au cours de ma vie professionnelle, j’eus à rencontrer des étrangers venus nous rendre visite pour affaire. A une occasion, la sécurité, non satisfaite de mes explications et peut-être même méfiante de ma tronche, obligea le client à venir jusqu’au portail afin de m’identifier….

Je suis certain de ne pas être le seul Mauricien à avoir été victime de ce genre de discrimination sur son territoire…

Ces Messieurs, capitalistes à outrance, se vautrant derrière leurs bureaux d’acajou n’en avaient que faire du Ti-Mauricien, qui à sa façon, faisait aussi tourner l’industrie touristique, dont fait partie ces hôtels.

Plus tard, employé pour quelques mois dans un des plus grands hôtels se situant sur le littoral nord de l’île, j’ai été témoin de situations similaires, voire mêmes pires.

Ces attitudes discriminatoires de “nos” grands hôteliers vis-à-vis du peuple Mauricien se sont finalement incrustées dans notre culture et nous commencions à ne plus en prendre cas.

COVID 19 – 2020 – LOCKDOWN

Tous les secteurs de notre économie sont à l’arrêt. Le pays est paralysé. Air MAURITIUS engloutit des milliards, bat de l’aile et est mis en administration.  La lenteur et la performance plus que médiocre du port de Port-Louis font tiquer les grandes lignes maritimes qui portent leurs choix sur d’autres destinations afin de transborder les conteneurs initialement destinés à Port-Louis. Ce nouveau scénario impacte sérieusement sur les délais de livraisons. Le fret maritime par conteneur grimpe astronomiquement en entraînant dans cette spirale tous les coûts associés. Les importateurs en souffrent et les consommateurs paient la facture.

Le secteur de l’exportation, génératrice de devises est prise d’une sérieuse et dangereuse fébrilité. La balance commerciale est touchée de plein fouet. Certains exportateurs ne sont plus en mesure de tenir la tête hors de l’eau. C’est la descente vers l’abîme. Que font les dirigeants de ce pays pour soutenir notre secteur d’importation et d’exportation afin d’éviter que la population ait à en souffrir? Dites-le-moi…

Le lockdown est imposé. Les hôtels arrêtent les machines. L’île Maurice se referme sur elle-même. Des paysages de désolation s’offrent à ceux qui possèdent un WAP, donc autorisés à circuler. Tout semble figé… le temps est suspendu. Arrêté…

FIN DU LOCKDOWN

Le lockdown est levé … enfin ! Mais les frontières restent fermées. L’industrie touristique à l’arrêt doit impérativement se réinventer afin d’assurer sa pérennité.

Entre-temps ces grands hôtels ingurgitent des milliards de fonds publics, gracieusement offerts par les dirigeants du jour.

Qui dit fonds public dit l’argent du peuple. Ce même peuple que les grands hôteliers considéraient jusque-là comme des pestiférés, les chassant même de la plage devant leurs établissements.

Gardons en mémoire les années d’existence de ces établissements hôteliers. A moins que ma mémoire ne me joue des tours, ils n’ont jamais déclaré des pertes à la fin de leurs années financières. Pas de pertes, donc profits, dividendes, salaires mirobolants etc…

Où sont donc passés ces profits sinon dans tous les avantages possibles et imaginables, voitures, voyages, allocations de tous genres etc. ? Et les actionnaires, pourquoi n’ont-ils pas jugé nécessaire d’injecter du capital frais, fruits de toutes ces années d’empochement de dividendes, dans leurs établissements au lieu de piocher impunément et abondamment dans la poche du pauvre contribuable ? Ces établissements ne se constituent-ils donc pas une réserve financière afin de parer aux imprévus?

Aujourd’hui, ces “grands barons” de grands groupes hôteliers se rabattent volontiers sur cette même population locale, jugée et considérée jusqu’à tout récemment comme une bande de pestiférés, afin de faire tourner leurs établissements, assurer leur niveau de vie et de survie.

Aujourd’hui, le peule mauricien est non seulement actionnaire de ces somptueux palaces, car son argent y a été injecté, le peuple mauricien est devenu, et doit impérativement être reconnu comme le sauveur de ceux l’ayant dénigré et traité comme des moins que rien.

J’ai à maintes reprises entendu des porte-paroles de ces groupes se définir comme étant l’industrie touristique. Non messieurs, l’industrie hôtelière, vous n’en faites que partie tout comme les chauffeurs de taxi, les vendeurs de plage, les tours opérateurs, les boutiques artisanales, les plaisanciers, les pêcheurs, les banians, les marchands de foires, les guest-houses, salons de massage etc…

Donc, l’ultime question qui subsiste est bien celle-ci : pourquoi engloutissez-vous autant d’argent du peuple pendant que les autres acteurs de l’industrie touristique ne récoltent que d’infimes miettes ???

Oui, l’industrie hôtelière supporte l’économie de notre pays en devises étrangères, mais sans cette myriade de petits opérateurs cités plus haut, votre existence se résumerait à une peau de chagrin…

CONCLUSION

La prochaine fois que vous interdirez l’accès à un Mauricien dans un de vos établissements pour des raisons farfelues et discriminatoires, remémorez-vous le fait que, malgré lui, il est actionnaire de votre hôtel…, votre planche de salut et votre sauveur.

#citizenwatch

NOTE : Les points de vue exprimés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement ceux de la rédaction et n’engagent que les auteurs eux-mêmes.