[L.E]MAULANA AHMAD MUKHTAR SIDDIQUI (R.A)

Maulana Shah Muhammad Abdul Aleem Siddiqui Madani (R.A) n’est pas inconnu des Mauriciens, vu sa contribution énorme dans l’avancement de la communauté musulmane à l’île Maurice. Maulana Abdul Aleem Siddiqui (R.A) a, dans son enfance, appris de son illustre père, Maulana Abdul Hakeem Siddiqui (R.A). Mais ce dernier mourut en 1904 quand Maulana Abdul Aleem Siddiqui n’avait que 12 ans et il échut à son frère aîné, le non moins illustre Maulana Ahmad Mukhtar Siddiqui (R.A), de parfaire son éducation, le préparer mentalement pour son rôle de ‘roving ambassador’ de l’Islam. D’ailleurs, Maulana Mukhtar Siddiqui (R.A) est le précepteur spirituel de son petit frère, car c’est dans ses mains que Maulana Abdul Aleem Siddiqui (R.A) a pris le Ba’yat dans le Silsila Quadiriya.

Maulana Ahmad Mukhtar Siddiqui (R.A) est né en 1877 à Meerut en Inde, donc 15 ans avant Maulana Abdul Aleem Siddiqui (R.A). Savant accompli, descendant direct de Sayyiduna Abu Bakr Siddique (R.A), il a lui aussi eu un parcours remarquable tant au niveau religieux que politique. Voici un résumé des principales étapes de sa vie :

1903 -1904 : Maulana était à Makkah Shareef.

1908 : Première visite en Afrique du Sud. A fait de la politique pour sensibiliser les Musulmans de prendre leur destin en main. Fonda une organisation sous le nom de Rounakul Islam.

1909 : Formation de Hamidiya Society à Johanesbourg.

1910 : Lancement d’un journal en Gujrati appelé Al-Islam (qui devint ensuite Indian Views) à Durban. Fondation du Madrassa Anjuman Islam à Durban.

1914 : Visite à l’île de la Réunion pour établir des Masjids et des Madrassas.

1915 : Visite en Birmanie. Plus d’un millier de personnes embrassèrent l’Islam de ses mains. Visita aussi les Philippines où il fut choqué de voir les conditions de vie des Musulmans. Fonda plusieurs associations pour les organiser et les mobiliser pour améliorer leur sort.

1918 : Retour en Inde où il fit établir un orphelinat et une maison pour les gens défavorisés (Darul Yatama Wal Masakeen), le Faiz-E-Aam College et le Muslim Girls High School, tous à Meerut.

1922 : Ses activités politiques au sein de la Muslim League lui attira les foudres des britanniques et il fut emprisonné. En prison, il continua ses activités de Da’wah et ainsi pût emmener plusieurs personnes à se repentir et choisir la voie de la Paix.

1924 : Très actif au niveau du Khilafat Movement (mouvement qui a lutté pour le rétablissement du Khilafat suite au démantèlement de l’empire Ottoman) ensemble avec les frères, Maulana Shaukhat Ali et Maulana Mohamed Ali. Il dirigea une délégation pour visiter Makka et Madina et alla de maison en maison pour calmer les esprits à la suite des émeutes causées par la rébellion arabe. De l’Arabie, il alla au Yémen où il poursuivit son travail de missionnaire.

1932 : Maulana Ahmad Mukhtar perdit la vue des deux yeux mais il continua sa mission sans relâche.

1934 : Il retourna en Afrique du Sud où il fit établir les Muslim Darul Yatama Wal Masakeen, Buzme Ikhwanus Safa, Madrassa Banatul Islam pour les filles (converti plus tard en Jummah Masjid Madrassa).

1938 : Le 10 juillet 1938 (12 Jammadul Awal) Maulana eut son Wisaal à l’âge de 61 ans à Damman, un port portugais dans le sud du Gujrat. Il fut enterré à Damman, près de la mer dans une sépulture simple comme il l’avait souhaité. Durant une courte période de vie, il a pu accomplir des tâches grandioses qui auraient sans doute demandé plusieurs vies entières.

Quelques anecdotes :

(1) Un 25 décembre, alors que Maulana Mukhtar Siddiqui (R.A) marchait dans l’une des artères principales de Durban, un jeune garçon blanc a accouru vers lui, criant, “Le voilà, le voilà, c’est lui le Père Noël”. En fait Maulana avait une belle allure et sa longue barbe blanche et son turban ont vite fait croire au jeune garçon qu’il voyait le Père Noël en chair et en os.

(2) Peu après sa mort les gens des villages avoisinants ont creusé des puits pour avoir de l’eau potable. Partout où on retirait l’eau, elle était salée et impropre à la consommation. On creusa un autre puits assez proche du Mazaar de Maulana et même si ce puits se trouvait plus près de la mer, son eau était douce et potable, une preuve de la grandeur spirituelle de Maulana.

 (3) Comme on le sait dans la cave de Thawr, Sayyiduna Abu Bakr Siddique (R.A.), s’était fait mordre par un serpent venimeux et le Saint Prophète (s.a.w) avait passé sa salive Mubarak sur la plaie et le poison avait été neutralisé. Par coïncidence, Maulana Mukhtar Siddiqui (R.A) fut lui aussi mordu par un gros serpent venimeux en Inde. L’un de ses frères, lui aussi un grand savant passa un peu de sa salive sur l’endroit où le serpent avait mordu. Par la suite Maulana Mukhtar fut miraculeusement guéri tout comme son illustre aiëul, Hazrat Sayyiduna Abdu Bakr Siddique (R.A).

(4) Maulana Mukhtar Siddqui (R.A) avait une admiration énorme pour Imam Ahmad Raza (R.A) et c’est lui qui présenta Maulana Abdul Aleem Siddiqui (R.A) à Aala Hazrat (R.A). A cette époque, tous les grands savants venaient se ressourcer aux pieds de Imam Ahmad Raza (R.A), une vraie fontaine de savoir et des sciences religieuses. Maulana Abdul Aleem Siddiqui (R.A) était venu pour s’abreuver des hautes connaissances et se propulser dans les plus hautes sphères spirituelles par la grâce du Sohbat de Aa’la Hazrat. Plus tard Maulana Abdul Aleem (R.A) rédigea un Manqabat d’éloges pour Aala Hazrat et le jour qu’il l’a récité devant lui, Imam Ahmad Raza (R.A) fut tellement satisfait qu’il lui fit cadeau d’un Jubba (manteau) qu’il avait commandé pour lui-même et c’était un vêtement très cher.

(5) La famille Siddiqui était très proche de Quaide-Azam Muhammad Ali Jinnah (R.A) quand celui-ci était basé à Bombay. A cette époque, la famille Siddiqui était particulièrement active dans le quartier de Mustapha Bazaar près de Muhammad Ali Road.

(6) En dépit de sa cécité, Maulana Mukhtar Siddiqui (R.A) n’a jamais cessé d’écrire pendant les dernières années de sa vie. Des Naats écrits de sa main existent toujours. Et quand on regarde avec quelle perfection il a écrit les mots, il est impossible de croire que c’est l’œuvre d’un malvoyant sans assistance.

Abdus Saboor Mohamed Saleh

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