La FSC rattrapée par ses mauvaises décisions : Une promotion indue de l’épouse de l’Attorney General s’avère fatale pour le pays

  • Yonesha Sahye avait été confiée l’épineux dossier du blanchiment d’argent et de financement contre le terrorisme après une ascension fulgurante au sein de l’organisme régulateur alors qu’elle n’avait ni l’expérience ni les capacités requises

La saga « famille avant le pays » continue de plus belle. Après Kobita Jugnauth, c’est au tour de l’épouse d’un autre membre du cabinet ministériel d’entrer en scène. En effet, c’est Yonesha Sahye qui se retrouve désormais sous les feux des projecteurs. Depuis que Maurice s’est retrouvé sur la liste noire de l’Union Européenne (UE), les langues se délient, exposant les faveurs dont elle aurait bénéficié en raison de la position qu’occupe son époux, l’Attorney General Maneesh Gobin, au sein du gouvernement. Ce qui expliquerait aussi son ascension fulgurante au sein de la « Financial Services Commission » (FSC) où elle travaillait avant qu’elle n’atterrisse au ministère des Services Financiers. Une promotion qui a sonné le glas pour le pays.

Yonesha Sahye occupait le poste de « Lead Analyst » à la « Financial Services Commission » (FSC). Peu après la nomination de son époux Maneesh Gobin comme Attorney General, la jeune femme devait se voir confier de nouvelles responsabilités. Et pas n’importe lesquelles ! Elle serait ainsi passée, du jour au lendemain, de « Lead Analyst » au Team Leader de l’« Enforcement Commitee » et Manager du département AML/ CFT alors qu’elle n’avait pas les capacités et l’expérience requises pour occuper un tel poste, insistent ses détracteurs. Elle aurait même coiffé au poteau d’autres ‘Seniors Managers’ plus qualifiés, expérimentés et méritants. Sa promotion aurait été facilitée par nul autre que l’ancien « Chief Executive Officer » (CEO), Harvesh Seegolam qui, on le sait, prend ses ordres directement du PMO. Histoire que le pouvoir reste entre les mains des proches de « lakwizinn ».

Le plus troublant dans cette affaire, c’est que cette promotion puant le favoritisme a finalement eu des retombées néfastes pour Maurice en tant que centre financier. En effet, après avoir assumé ses nouvelles fonctions, Yonesha Sahye devait gérer le brûlant dossier de l’« Anti-Money Laundering / Countering the Financing of Terrorism » (AML/ CFT). Une responsabilité qui relevait d’une importance capitale pour le pays, surtout à un moment où Maurice avait été placé sous haute surveillance par la « Financial Action Task Force » (FATF).

Le plein de missions à l’étranger

Cependant, au lieu de gérer efficacement le dossier dont elle avait eu la responsabilité, Yonesha Sahye passait le plus clair de son temps à participer à des missions étrangères, dont l’une aux Seychelles en septembre 2018 où elle s’est retrouvée dans la même délégation que son époux. Une scène inédite qui aurait permis au couple Gobin de faire aussi du tourisme, outre de participer au conseil des ministres de l’ESAAMLG pour discuter de l’adoption du « Mutual Evaluation Report » et son impact sur Maurice.

Comme beaucoup d’officiers le craignaient, sans que le CEO Harvesh Seegolam ou le chairman Renganaden Padayachy ne s’en soucient, Yonesha Sahye ne se serait pas montrée à la hauteur de la tâche qu’on lui avait confiée. Et le résultat, on le connaît tous. Maurice n’a pu convaincre la FATF de ses capacités à combattre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ce qui nous a valu une inclusion sur la liste grise de la FATF et la liste noire de l’Union Européenne (UE). La FSC, en tant qu’organisme régulateur du secteur des services financiers, est tenue grandement responsable de cet état de choses. La condamnation qu’a subie la FSC a même été sans équivoque.

Puisque le dossier était entre les mains de Yonesha Sahye, il est évident qu’elle ne pourrait être exonérée de sa part de responsabilités dans cette mauvaise gestion. Le manque de compétence et d’expérience de la jeune femme aurait été fatal pour l’organisme régulateur ainsi que le pays. Ce qui fait dire à certains qu’on lui aurait fait porter un costume trop grand pour elle.

Yonesha Sahye a été parachutée, ces jours-ci, au ministère des Services financiers où elle s’occupe toujours du dossier AML/CFT. Elle devait y remplacer une des conseillères, Yotsna Lalji-Venketasawmy. Cette dernière siège sur le board de la FSC et aurait été pressentie, à un moment donné, pour succéder à Harvesh Seegolam après la démission de celui-ci. Mais ce poste lui est passé sous le nez. La grande question que tout le monde se pose finalement : Yonesha Sahye posera-t-elle de nouveau ses valises à la FSC ? Autre préoccupation majeure : est-elle apte pour continuer à gérer le dossier d’AML/ CFT ?

 

La famille avant le pays

C’est un autre cas criant qui démontre que les intérêts familiaux de certains membres du gouvernement passent au-dessus des intérêts du pays. Malheureusement, c’est le pays qui en paie le prix fort. Dans ce cas précis, une promotion non-méritante de l’épouse d’un ministre, dépassant toute logique et défiant la méritocratie et la bonne gouvernance, a mis en péril l’image et les intérêts économiques du pays sur le plan international.