La méthadone utilisée comme une drogue, selon Ally Lazer

Le vendredi 14 octobre, Eliakim Fanfan, un garçonnet de 4 ans habitant Roche-Bois, est mort d’un œdème pulmonaire aigu en ingurgitant de la méthadone qui se trouvait dans une fiole chez lui, un décès regrettable, condamnable même, qui laisse la porte ouverte à bien des interrogations. Cette fiole appartiendrait à son grand-père, un homme âgé de 59 ans, qui prenait de la méthadone, étant bénéficiaire sous le programme de réhabilitation des toxicomanes. Mais le hic, c’est que les toxicomanes qui reçoivent cette substance dans les hôpitaux ne sont pas supposés la ramener chez eux.

Il faut savoir que le gouvernement distribue de la méthadone aux toxicomanes dans un but de réhabilitation, pour qu’ils se sèvrent de leur dépendance aux drogues dures. La méthadone est quant à elle un médicament que l’on utilise pour soulager les douleurs graves et la dépendance aux opioïdes. Elle est prise sous forme de comprimés ou de solution buvable.

Le travailleur social Ally Lazer, qui mène un combat inlassable contre le trafic de drogue, se pose aussi les mêmes questions que les autres personnes engagées dans le combat contre la drogue. Alors que la méthadone devait être prise par les toxicomanes dans un lieu spécifique, en présence des médecins, comment se fait-il que cette fiole de méthadone ait atterri dans la maison où habitait le petit Eliakim ? « Cette affaire suscite une certaine inquiétude de ce point de vue », nous fait comprendre Ally Lazer. Il ajoute que cet incident est venu rappeler que la méthadone est une substance pour les consommateurs d’héroïne et n’est pas recommandée pour les jeunes toxicomanes. « On ne peut donner aux jeunes qui sont pris dans le fléau de la drogue de la méthadone », souligne-t-il.

Il avertit aussi que certains toxicomanes font du trafic avec de la méthadone à Maurice. Ces derniers vont prendre la méthadone dans les hôpitaux mais ne la boivent pas sur place. Ils se livrent ensuite à un business avec cette substance. D’autres encore prennent cette substance et la mélangent avec d’autres types de drogue pour en fabriquer des drogues encore plus dangereuses. « Alors que la méthadone devait être utilisée dans le but de réduire la consommation de drogue, quelques personnes utilisent la méthadone elle-même comme une drogue », regrette-t-il.

Le travailleur social indique qu’il faut renforcer le protocole existant pour s’assurer que ceux qui prennent de la méthadone la boivent immédiatement et sur place. « On ne peut prendre de la méthadone comme si on est en train d’acheter du jus de fruit dans une tabagie au coin de la rue », lance-t-il. Il lance un appel pressant que les autorités prennent les mesures qui s’imposent pour éviter qu’un autre drame ne se produise.