La rentrée d’école pour le 1er juillet

À quand un retour à la normale dans le cycle scolaire ?

Est-ce la fin du cafouillage dans le secteur de l’éducation, notamment en ce qui concerne la rentrée ? On se croise les doigts ! Pour rappel, après que la ministre de l’Éducation avait annoncé lors d’une conférence de presse le 6 juin que la rentrée se ferait le 1er août, le Premier ministre l’avait prise à contrepied en annonçant le vendredi le 12 juin que l’école reprendrait le 1er juillet. Sunday Times fait le point dans ce dossier sur l’école question avec les parties prenantes du secteur de l’éducation. Une fois de plus, ces derniers dénoncent l’absence de dialogue du ministre Leela Devi Dookun Luchoomun, tout en faisant ressortir la résurgence de nouvelles problématiques. On ne peut que déplorer que des mesures intéressantes proposées par ces ‘stakeholders’ pour que le cycle scolaire retourne à la normale aient été sciemment ignorées par le ministère de l’Education.

 

Les nouvelles dispositions dans les écoles

Le lundi 15 juin, la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun Luchoomun avait tenu une conférence de presse conjointement avec le ministre de la Santé, Kailesh Jugutpal, expliquant les protocoles en vigueur.

Selon Leela Devi Dookun Luchoomun, la rentrée n’allait pas se faire en phases, mais qu’il y avait certains protocoles à suivre, comme suit.

  • La prise de température sera obligatoire.
  • Le port de masque sera obligatoire (sauf pour les enfants du préprimaire et ceux ayant des problèmes de santé).
  • Il y aura une désinfection des écoles.
  • Des tests seront effectués sur les « teaching and non-teaching staff ».
  • Les récréations se feront à des heures décalées afin d’éviter tout attroupement des élèves.

Le nouveau calendrier scolaire

Durant sa conférence de presse du 15 juin, la ministre de l’Éducation a précisé les modalités du nouveau calendrier scolaire, comme suit.

Deuxième trimestre : 1er juillet au 16 octobre.

Il y aura un ‘midterm break’ d’une semaine et le deuxième trimestre va reprendre le 26 octobre pour prendre fin le 27 novembre.

Troisième trimestre : 6 janvier au 26 mars.

La ministre de l’Éducation avait tenu à préciser que les examens allaient se faire selon les dates communiquées le 6 juin dernier, et que de ce côté, rien n’a changé.

Faizal Jeeroburkhan, Think Mauritius : « Les décisions prises reflètent la volonté d’un petit groupe »

Faizal Jeeroburkhan« Encore une fois, c’est une décision prise sans consulter les syndicats, les parents, et les écoles, entre autres », dit Faizal Jeeroburkhan, de Think Mauritius.

Il déplore la prise des décisions importantes, qui touchent les familles mauriciennes, la nation, l’économie, et la société dans son ensemble. Pour lui, ces décisions sont prises dans un cercle fermé, sans aucune consultation, et il tient à souligner que nous sommes dans un pays démocratique. « Normalement, dans une démocratie les décisions doivent refléter la volonté de la population. Malheureusement, ici, les décisions reflètent la volonté d’un petit groupe, et ces gens-la décident entre eux, ce qui est très mauvais », ajoute le pédagogue.

Pour lui, le renvoi des examens du SC et du HSC est « exagéré ». Selon lui, deux choses auraient pu être faites. En premier, les examens locaux et internes auraient pu se tenir à la fin de cette année. Il suffisait de mettre en place un système de rattrapage, lors de notre calendrier, réduire les vacances scolaires et étendre la journée scolaire. « Il fallait considérer si on pouvait raccourcir le syllabus, tout en gardant l’essentiel », explique-t-il. Selon lui, toutes ces mesures auraient pu permettre de terminer l’année avec beaucoup plus de commodités.

« Si les examens sont repoussés pour l’an prochain, le programme pour l’an prochain sera affecté lui, et les années qui suivront seront toutes débalancés, ce qui est une très mauvaise chose », conclut-il.

Dharam Gokhool, ancien ministre de l’Éducation : « L’implémentation de ce nouveau système sera compliqué »
Dharam Gokhool L’ancien ministre de l’Éducation, Dharam Gokhool, dit que le flou persiste autour de la rentrée et du ‘New Normal’.

Pour commencer, la ministre a annoncé que les heures de récréation allaient être décalées mais quand sonnera l’heure de sortir et d’entrer dans les salles de classe, il y aura bel et bien un attroupement pendant ces heures. Mais la ministre n’a rien annoncé à ce sujet pour l’heure.

Autre souci avec les heures de récréation décalées : quand certains élèves joueront dans la cour de l’école, d’autres seront en classe, « ce qui n’est pas propice pour ceux qui travaillent », comme le fait remarquer Dharam Gokhool. Une fois de plus, durant sa conférence de presse, la ministre n’a rien annoncé à ce sujet. « Dans la réalité, l’implémentation de ce nouveau système sera compliquée, ce n’est pas propice pour l’apprentissage des enfants », réitère Dharam Gokhool.

Pour faire de tels changements, il est important de prendre en considération l’espace et la disposition de l’école, ce qui selon l’ancien ministre, n’a pas été fait. « Car à Maurice, il existe différents types d’écoles et en ce qui concerne les nouveaux protocoles, il sera difficile pour certains établissements de les mettre en place », explique-t-il.

L’ancien ministre de l’Éducation est d’avis que le ministère veut faire rattraper le temps perdu en 2020, et cela en amenant des changements dans le calendrier scolaire. Or, ce calendrier revêt un aspect fondamental car il a des implications pédagogiques. « Est-ce que le calendrier va vraiment accompagner les élèves dans leur parcours académique ? », se demande Dharam Gokhool. C’est la première chose que les spécialistes en la matière prennent en considération avant d’élaborer le calendrier, nous dit-il.

Le calendrier scolaire est normalement élaboré en prenant en compte l’aspect culturel et le climat. Pour l’aspect culturel, on prend en considération la période festive en novembre et décembre, où les vacances sont prévues. En outre, les grandes vacances sont basées sur le climat : normalement en été, pour que les enfants puissent en profiter. Il estime que le ministère aurait dû prendre ces deux aspects en considération.

 

Patrick Freyneau, enseignant et syndicaliste : « Si la ministre prend en compte nos propositions, on pourra retourner à la normale en 2022 »

patrick_freyneauPatrick Freyneau, le président du ‘Secondary and Preparatory School Teachers and other Staff Union’ dit que ce calendrier n’est pas définitif, et pense qu’il y aura d’autres changements.

En ce qui est du deuxième trimestre, le syndicaliste estime que de juillet à novembre est une période de temps trop longue pour les élèves et propose que les deux premiers mois soient des mois d’adaptation, et que le « midterm break » se fasse au mois de septembre au lieu d’octobre.

Sur la question des récréations décalées, il dit que cela n’a pas de logique. Comment faire pour  une école qui peut compter jusqu’à 1 200 élèves ? « C’est compliqué et ces problèmes doivent être résolus en présence des syndicats. C’est la raison pour laquelle je demande une rencontre avec la ministre de l’Éducation pour éclaircir certains points dans le nouveau calendrier », nous dit-il.

Concernant le port du masque pendant toute la journée par les élèves, il se demande si cela sera faisable. Selon lui, même les adultes n’arrivent pas à  s’adapter au port du masque, comment alors vont faire les enfants ? De ce fait, il demande au ministère de faire le nécessaire pour fournir aux élèves, aux enseignants et membres du personnel non-enseignant des ‘screen masks’, autrement connus comme ‘face shield’, ce qui selon lui sera meilleur pour tout ce beau monde.

Patrick Freyneau estime que le chamboulement dans le secteur de l’éducation peut être contenu pour cette année-ci et l’année prochaine, si le ministère prend en considération leurs propositions. « Si la ministre prend en considérations les propositions des parties prenantes du secteur de l’éducation, le cycle scolaire pourra retourner à la normale en 2022 et les collégiens du Higher School Certificate pourront alors s’inscrire aux universités avant la clôture de l’exercice d’admission », affirme-t-il.

 

 

Vinod Seegum, GTU : « Il y aura beaucoup de flexibilité sur le port du masque »

Vinod Seegum Vinod Seegum aborde d’emblée la question des masques. Se basant sur les déclarations de la ministre, il clarifie qu’il y aura beaucoup de flexibilité sur le port du masque pour les élèves, qui ne sera pas obligatoire pour toute une journée.

Au niveau des examens du PSAC, il explique que « Kuma ban zenfant rentrer, nous pas capave rentre dans sa logique lexamen la, pédagogiquement li pas bon », indique-t-il.

Vinod Seegum note d’ailleurs qu’une bonne partie des enfants n’a pu avoir accès aux cours en ligne. « Pendant un mois ou en mois et demi, il n’y aura que le rattrapage », avance-t-il. Il ajoute que le programme scolaire (‘syllabus’) reprendra une fois que tout retournera à la normale.

Neevedita Nundowah

Sarah Khodadin