La répression s’accentue

Convocations, arrestations, censure

La police a franchi une nouvelle étape durant la semaine écoulée en ce qui concerne la répression contre les opposants. En effet, c’est ‘Linion Pep Morisien’ (LPM) qui a tout d’abord fait les frais de cette répression, suivi par Alain Malherbe et Zinfos Moris. Tout ce cirque vient confirmer les conclusions du récent rapport de V-Dem à l’effet que le pays glisse doucement – s’il n’y est pas déjà – vers l’autocratie.

La police a perquisitionné les locaux de LPM au courant de la semaine écoulée, et des affiches y ont été saisies. Ces affiches invitaient les membres du public à la manifestation du LPM qui a eu lieu ce samedi 18 mars, manifestation qui visait à dénoncer une « mafia au pouvoir ». La police maintient que les affiches publiées ne portent pas le nom de l’imprimeur, ce qui est en infraction avec le ‘Local Government Act’. Par ailleurs, Dev Sunassy, membre de LPM, a été interpellé dans la journée du jeudi 16 mars, avant d’être relâché le même jour.

Notons que le Commissaire de police avait déjà donné l’autorisation au LPM de tenir cette manifestation le samedi 18 mars, avant que ces perquisitions et cette interpellation n’aient lieu. « Affixing à poster on a public place not bearing printers name » et « Affixing poster in a public place other than a designated place » : telles sont les deux charges provisoires que la police compte retenir contre Dev Sunassy ou d’autres dirigeants du LPM.

Ivor Tan Yan, autre membre du LPM, nous confie qu’il s’agit là d’une campagne « d’intimidation » de la police contre LPM par rapport à la manifestation organisée par cette formation politique. « La police aurait pu procéder autrement, mais ils ont choisi la répression », maintient l’activiste, qui ajoute : « Nu pa pu per ».  

L’expert maritime Alain Malherbe a pour sa part été convoqué par les enquêteurs du Central CID le vendredi 17 mars 2023. Cette convocation fait suite à un post sur Facebook concernant la levée des fonds destinée à la libération sous caution de Bruneau Laurette. À sa sortie des Casernes centrales après son interrogatoire, Alain Malherbe n’y est pas allé de main morte en indiquant à la presse que « on aurait pu croire que la police a d’autres choses bien plus importantes à prendre en considération. Au lieu de cela, on nous fait perdre notre temps pour des futilités ».

Naturellement, quand on parle de répression, il ne saurait être question d’épargner les médias… Le site de Zinfos Moris n’était pas accessible depuis jeudi 16 mars à Maurice alors que dans d’autres pays, on pouvait y avoir accès. Dans une publication sur sa page Facebook, le directeur de ce journal en ligne, Pierrot Dupuy, avait affirmé qu’il s’agissait là d’une censure ordonnée par le gouvernement mauricien et « que le pays s’enfonce tout doucement dans une dictature douce… la liberté de la presse est la première des libertés à laquelle s’attaquent les dictateurs ». La direction de Zinfos Moris, après une séance de travail avec leur homme de loi, a pris la décision de consigner une plainte.