La tuberculose circule-t-elle dans le port ?« Une atmosphère de méfiance s’est installée »

C’est l’inquiétude et la crainte qui se sont installées dans le port depuis le mois dernier, avec l’apparition d’un premier cas de tuberculose parmi les employés. Depuis, le ‘contact tracing’ a permis de déceler six autres contaminations, parmi les collègues du patient zéro, chiffres qui sont confirmées par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. Toutefois, le syndicaliste Jean-Yves Chavrimootoo nous indique que l’exercice de ‘contact tracing’ n’a pas été poursuivi avec de nombreux autres employés du port, qui ont été en contact avec le patient zéro, et qu’une atmosphère de méfiance s’est installée. Il plaide pour que les autorités prennent le taureau par les cornes.

 « On est dans une situation difficile, où un sentiment de méfiance règne entre les employés de la section marine du port. Cette méfiance est par rapport à la possibilité d’être contaminé par la tuberculose », nous explique Jean-Yves Chavrimootoo, le négociateur de la Mauritius Ports Authority Maritime and Other Staff Union (MPA-MAOSU).

Il nous indique que tous les employés du port, notamment ceux de la section marine, sont en proie à une vive inquiétude. Cela depuis le premier cas de tuberculose, qui a été décelé le 9 janvier dernier. Depuis, cela a créé une situation malsaine au sein de la Mauritius Ports Authority (MPA).  « Les employés se méfient de leurs collègues. Ce n’est pas un environnement de travail propice », se désole Jean-Yves Chavrimootoo.

Le négociateur fait ressortir que le patient zéro, qui a été décelé le 9 janvier, a été en contact avec plusieurs personnes, dont sa propre équipe, qui compte environ 11 à 12 personnes. Le gros du problème réside dans le fait qu’il y a un ‘shift system’ au port. « Le patient zéro, en un seul jour, a rencontré pas moins de trois équipes. Quand il y a ‘overtime’, ou quand un employé remplace un autre, les employés des différents ‘shifts’ se rencontrent », nous explique-t-il.

Mais le plus grave, selon Jean-Yves Chavrimootoo, c’est que ce patient zéro a fréquenté la cantine pendant les jours précédant son hospitalisation. « Durant ces heures, personne ne porte de masque dans la cantine. Le personnel de l’administration et d’autres départements y étaient aussi présents », souligne-t-il. Le négociateur exprime lui aussi sa crainte, vu qu’il avait voyagé avec cette personne en début de semaine. Il ajoute aussi qu’il y a un membre du syndicat, qui a été en contact avec le patient zéro et ses proches collègues, et qui suscite une certaine méfiance autour de lui car il peut être possiblement contagieux.

Le ‘contact tracing’ a-t-il été poursuivi ?

Selon les dires de notre interlocuteur, seules les personnes de l’équipe du patient zéro ont été testées, soit 10 personnes. Toujours selon Jean Yves Chavrimootoo, sur ces 10 personnes, six ont été testées positifs à la tuberculose, sans que l’exercice de « contact tracing » n’ait été poursuivi. « On n’est pas des experts dans le domaine médical mais le bon sens nous indique que tous ceux qui ont pu être en contact avec le patient zéro doivent aussi être testés. C’est la moindre des choses  », réclame le négociateur.

Jean-Yves Chavrimootoo demande ainsi de tester au plus vite tous les employés de la section marine. « Depuis un mois, la bactérie de la tuberculose circule. Notre souci, c’est que nous ne voyons pas que les autorités sont en train de prendre les mesures qui s’imposent. Je me pose la question, combien de personnes cette bactérie a-t-il pu potentiellement contaminer en un mois ? », s’inquiète notre interlocuteur.

Pour le négociateur, ni la déclaration du ministre de la Santé Kailesh Jugutpal, ni le communiqué du management de la MPA, ne se sont avérés rassurants. Il ajoute qu’il a écrit au ministère de la Santé pour demander son intervention. « On demande aux autorités à ce qu’on nous donne une assurance une bonne fois pour toutes que la situation est sous contrôle », exige-t-il.

Par contre, du côté du ministère de la Santé, une source officielle nous explique que Maurice compte un seul cas actif de tuberculose, décelé le 9 janvier, ce qui est en contradiction apparente de ce qui avait été annoncé par le ministre Jagutpal. Le patient a été admis à l’hôpital de Poudre d’Or, selon notre source. « L’exercice de ‘contact tracing’ a été poursuivi sur 17 personnes, soit les membres de la famille du patient zéro, et ses collègues de travail. Ils se sont révélés négatifs au tuberculose. Nous leur avons donné un traitement préventif. Ils peuvent mener une vie normale et aucune restriction n’a été imposée sur eux.»

 

La tuberculose, une maladie contagieuse qui fait peur

La contamination à la tuberculose présente quelques similitudes avec la contagion au covid-19, selon le pneumologue Dr. Rujeedawa, qui nous apporte plus d’explications sur ce sujet : « Quand un tuberculeux parle, tousse ou crache, il rejette dans l’atmosphère des gouttelettes de salive qui sont remplies avec la bactérie de la tuberculose. Les personnes aux alentours qui vont inhaler ces gouttelettes pourront être contaminées à leur tour. »

Qu’en est-il du protocole qu’il faut adopter en cas de tuberculose ? « Normalement, les malades qui sont atteints de tuberculose active, où ils ont des bactéries dans leur crachat, doivent être hospitalisés et isolés pour ne pas contaminer leur entourage. Ils doivent donc être admis à l’hôpital aussi longtemps qu’ils sont contagieux, et aussi longtemps qu’ils ont des microbes dans leur crachat. »

Quels sont les symptômes de la tuberculose ? Il peut y avoir de la fièvre pendant plusieurs jours, et une transpiration abondante le soir. D’autres symptômes incluent une perte d’appétit, une perte de poids, la fatigue, la toux, et une phlegme abondante.  Le Dr. Rujeedawa nous explique que les symptômes durent pendant plusieurs semaines, ce qui permet d’établir si la personne a bien été contaminée à la tuberculose. Aux stades avancés de la tuberculose, il peut aussi y avoir crachat de sang.

Selon le Dr. Rujeedawa, le traitement existe pour la tuberculose, un traitement qui dure six mois normalement.