La veuve de Jean Cael Permes, mort en prison, réclame Rs 75 millions à l’Etat et six défendeurs

Chianah Permes, la veuve de Jean Cael Permes, dont le décès à La Bastille à Phoenix avait défrayé la chronique durant le confinement, a servi une mise en demeure (qui est un prélude avant une plainte devant la Cour suprême) à plusieurs personnes dans le sillage de la mort de son mari.

L’État, le Commissaire des prisons, le ‘Deputy Commissioner of Prisons’, Vishnu Hanumunthadu et quatre gardes-chiourmes, notamment Gowtam Ramtohul, Roopendra Ramkissoon, Beerajsing Jankee, et Yuvesh Sacanah sont les défendeurs nommés dans la mise en demeure. Chianah Permes leur intime de la payer, conjointement et solidairement, dans un délai d’un mois, la somme de Rs 75 millions pour les préjudices qu’elle continue de subir, ayant quatre enfants à charge.

Jean Cael Permes et Chianah s’étaient mariés le 5 avril 2019. Ils vivaient avec quatre enfants, dont deux issus de leur union, à Goodlands. Les enfants, deux filles et deux garçons, ont entre 8 mois et 12 ans.

Le 16 mars 2020, Jean Cael Permes avait été arrêté par la police sous une charge provisoire de ‘rogue and vagabond’ et ‘damaging property by band’. Il fut écroué à la prison de Beau-Bassin. Là-bas, il fut accusé, à tort selon sa veuve, d’avoir « insulté » en 2019 Vishnu Hanumunthadu, le ‘Deputy Commissioner of Prisons’.

Selon la mise en demeure, le 5 mai 2020, sous les directives de Vishnu Hanumunthadu, Jean Cael Permes fut transféré à La Bastille à Phoenix. Quatre gardes-chiourmes, notamment Gowtam Ramtohul, Roopendra Ramkissoon, Beerajsing Jankee, et Yuvesh Sacanah,  formant partie de la ‘Conventional Emergency Response Team’, furent désignés pour transporter le détenu dans un véhicule pénitentiaire. Le véhicule devait s’arrêter près du QG de la prison de Beau-Bassin et Vishnu Hanumunthadu vint en personne narguer le détenu, à l’effet qu’il allait connaitre les mauvaises conditions de la Bastille.

Le ‘Deputy Commissioner of Prisons’ n’aurait signé aucun ‘Document of Transfer’ en ce qui concerne le transfert de Jean Cael Permes vers La Bastille, ce qui est contraire aux règlements. Selon Chianah Permes, il n’y  avait aucune urgence à transférer le détenu vu que le pays était en plein confinement.

Toujours selon la mise en demeure, le détenu  a été sauvagement agressé par les quatre gardes-chiourmes dans le véhicule en route vers la Bastille. À son arrivée, il fut détenu dans la ‘Special Protection Cell No. 1’ de cette prison de haute sécurité. Une heure après son arrivée à la Bastille, il fut retrouvé mort dans sa cellule.

Le corps fut transporté à l’hôpital où une autopsie fut pratiquée par les Drs. Sudesh Kumar Gungadin et Prem Chamane. Selon la conclusion des médecins légistes, Jean Cael Permes a été frappé violemment à la tête et aux pieds, ce qui a provoqué une grave hémorragie. Apparemment, il aurait subi plusieurs coups violents, soit avec des matraques ou avec d’autres objets contondants, ou bien avec des poings, et il devait saigner abondamment.

Le véhicule qui avait transporté Jean Cael Permes a par la suite été mis sous scellés par la police et selon le rapport du Forensic Science Laboratory (FSL), des traces de sang y ont été retrouvées.

Le 8 mai 2020, les quatre gardes-chiourmes, Gowtam Ramtohul, Roopendra Ramkissoon, Beerajsing Jankee, et Yuvesh Sacanah furent arrêtés par la police et une accusation provisoire de tentative de meurtre fut retenue contre eux. Ils furent subséquemment relâchés sous caution.

Le 11 mai 2020, un codétenu de Jean Cael Permes à la Bastille, Kusraj Lutchigadoo, en présence de son homme de loi, Rama Valayden, devait expliquer à la police qu’il a été témoin des brutalités qu’avait subies Jean Cael Permes dans sa cellule. Le même jour, un autre codétenu, Siddick Islam, devait aussi expliquer aux policiers qu’il pouvait entendre Jean Cael Permes hurler de douleur. Il a aussi indique qu’il pouvait identifier les gardes-chiourmes qui ont torturé Jean Cael Permes. Affaire à suivre.

 

Comme soulevé récemment par Sunday Times, les décès de détenus dans le milieu carcéral sont source d’inquiétude.

Ainsi rien que pendant le confinement, le 20 mars 2020, dans le sillage d’une mutinerie à la prison de Beau-Bassin, un détenu, Louis Michael, devait trouver la mort dans des circonstances troublantes. Le 29 avril 2020, un autre détenu, Jean Alain Auguste, devait être retrouvé pendu dans sa cellule à la prison de Melrose.

Notons aussi que le précédent gouvernement, sous Navin Ramgoolam, avait pris l’engagement avec les instances internationales, de fermer la Bastille, ce qui n’a pas été honoré par le présent gouvernement.