L’année scolaire 2021 vue par Vasant Bunwaree

« Le gouvernement pris au dépourvu »

L’ancien ancien ministre de l’Éducation Vasant Bunwaree, dresse un tableau de l’année scolaire 2021. Pour lui, le gouvernement a été pris au dépourvu et a essayé d’implémenter une stratégie d’éducation à distance avec des décisions prises au petit bonheur la chance. Or, cela aura un impact certain sur l’avenir des enfants.

Depuis presque deux ans, la pandémie de covid-19 perturbe le déroulement de la vie scolaire, en provoquant l’arrêt des classes en présentiel et l’organisation des cours télévisés ou en ligne. 2020 et 2021 laisseront dans la mémoire de la plupart des élèves le souvenir d’une enfance et d’une scolarité bouleversées. Ces années ont aussi marqué la vie des enseignants, contraints de s’adapter rapidement, de redoubler de créativité et d’assumer de nouvelles responsabilités.

Si on comptait sur cette année 2021 pour une reprise ou pour un rattrapage, c’est peine perdue : la pandémie continué de bouleverser  le secteur de l’éducation. Et rien n’est moins sûr quant à la durée d’une telle situation.

Vasant Bunwaree, ancien ministre de l’Éducation, nous dresse un tableau de l’impact de la pandémie sur le système éducatif durant l’année 2021. 

On se rappellera que le ministère de l’Éducation avait ordonné la fermeture des écoles et des collèges le 9 novembre dernier vu la recrudescence des cas positifs de covid-19 dans tout le pays. L’apprentissage à distance a été mis en place par le ministère de l’Éducation pour éviter l’accroissement du nombre de cas de covid-19 en milieu scolaire, tout en assurant une certaine continuité dans l’éducation des jeunes. Or, cet arrêt soudain a entraîné des perturbations importantes dans le système éducatif, et ce sont des milliers de jeunes Mauriciens qui ont fait les frais. La question se pose si on pouvait faire les choses autrement.

Vasant Bunwaree n’hésite pas à dire que la façon dont les décisions ont été prises au niveau du ministère de l’Éducation a été « catastrophique ». Il  se dit profondément « attristé et indigné » par la tournure des évènements.

Selon lui, dans le sillage de la pandémie, nous avons essayé d’avoir une année scolaire normale mais la situation sanitaire a finalement contraint le gouvernement à fermer à nouveau les établissements scolaires et à opter pour l’enseignement à distance.

Pour lui, des décisions ont été prises alors que le gouvernement était pris au dépourvu et elles ont été implémentées de façon à prendre tout le monde par surprise. Il maintient qu’il y avait un retard en ce qui concerne une prise de conscience de la part du gouvernement, qui a fait la sourde oreille malgré les nombreux signaux qui ont été lancés. « Ce n’est certainement pas de cette manière que l’on dirige le système éducatif pour permettre une bonne éducation », dénonce-t-il. Pour résumer, il n’y avait pas de ‘Preparedness Plan’ de la part du ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookhun Luchoomun.

Toujours selon Vasant Bunwaree, cela pouvait se voir par le fait qu’il n’y a pas eu de préparation adéquate des cours à distance. Et avec le retard déjà accumulé depuis 2020, la qualité et le niveau d’éducation ont été sérieusement impactés. Le déficit en termes de temps perdu s’est ainsi accentué. Qui plus est, les élèves n’ont pas eu l’encadrement nécessaire pour la continuité pédagogique nécessaire.

Jugement sans appel de l’ancien ministre : « Le système n’a pas fonctionné comme il se devait et donc la situation a été catastrophique ».

Selon lui, il fallait faire intervenir toutes les parties prenantes dans le secteur de l’éduction autour d’une table ronde pour discuter de la marche à suivre. De façon plus générale, il déplore le manque de coordination avec les acteurs du secteur éducatif.

En ce qui concerne les classes en ligne, il a fait ressortir qu’il y a eu des sérieux manquements. Il se demande ainsi si tous les élèves ont bien accès à la technologie requise pour pouvoir suivre les classes en ligne. « Si toutes les conditions nécessaires ne sont pas réunies pour tous les élèves, cela créera une fracture dans l’éducation », affirme-t-il. Ensuite, il n’y a pas eu de monitoring pour veiller à ce que les choses sont faites dans le but d’assurer la qualité de l’éducation.

Les décisions ont ainsi été prises sans que l’on se rende compte de l’impact que cela pourrait avoir sur l’avenir de nos enfants. Les annonces ont été aussi faites du jour au lendemain, ce qui avait causé un certain désarroi chez les étudiants.

« De pré-primaire au secondaire, les enfants ont été bousculés dans leurs habitudes et ils ont dû s’adapter de leur mieux. Cela n’a pas été facile pour eux. Le changement apporté a été au détriment de leur éducation, avec un effet psychologique pervers. C’est un impact drastique qui pèse déjà lourd, mais qui pèsera encore plus lourd sur les enfants dans les jours à venir. Cela pourrait bien avoir un effet néfaste sur l’ensemble de leur performance scolaire », dit-il. « C’est sans aucune hésitation que je dis que cela a bel et bien impacté leur vie, et que leur avenir est en jeu. »