L’arrestation d’« El Capo » : un réseau de drogue et de violence démantelé à Maurice

L’arrestation du Guyanais Brandon Rodrigues Sena, plus connu sous le surnom d’« El Capo », a créé une onde de choc dans le pays. Arrivé à Maurice en mai dernier, il est soupçonné d’être un acteur majeur du trafic de drogue local et d’avoir tissé, en quelques mois, un réseau aussi dangereux qu’organisé. Mercredi dernier, il a été interpellé avec deux complices : Jean Pierre Stephano Essoo, habitant de Goodlands, et Jean Fabrice Gateau, âgé de 18 ans. Tous trois sont aujourd’hui au centre d’une vaste enquête menée par la Criminal Investigation Division (CID) de Flacq et les Casernes centrales. Les enquêteurs les soupçonnent d’être impliqués non seulement dans le trafic de stupéfiants, mais aussi dans plusieurs affaires de séquestration et d’agressions violentes.

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’arrestation d’El Capo marque un tournant dans la lutte contre les réseaux criminels internationaux opérant à Maurice. Les autorités estiment que le Guyanais, déjà connu des services de police de son pays d’origine pour trafic de cocaïne, aurait étendu ses activités sur le territoire mauricien avec l’aide de complices locaux. Les enquêteurs s’intéressent particulièrement à ses allées et venues dans la région d’Argy, à Flacq, où il aurait organisé plusieurs rencontres suspectes peu avant son interpellation. Ces déplacements pourraient être liés à des différends internes à son réseau et à des règlements de compte autour de transactions de drogue.

Lors de son arrestation, les officiers ont saisi une certaine quantité de cocaïne, des couteaux et une arme à feu factice. Des objets qui, selon la police, témoignent du niveau de préparation et de dangerosité du groupe. Les trois hommes ont été placés en détention après leur présentation en cour, tandis que les enquêteurs poursuivent leurs investigations pour retracer l’étendue exacte des activités d’El Capo depuis son arrivée à Maurice. Les Casernes centrales ont déjà sollicité plusieurs divisions spécialisées, dont l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), afin de croiser les informations issues de leurs différentes opérations.

Un volet particulièrement sensible de l’enquête concerne une affaire de séquestration et d’agression survenue dans la nuit du 25 octobre dernier à Baie-du-Tombeau. Les enquêteurs suspectent fortement El Capo d’en être le commanditaire. La victime, un habitant de la localité, aurait été enlevée, puis rouée de coups par des individus liés au réseau du Guyanais, en représailles à un désaccord sur une transaction de stupéfiants. Ce scénario, selon les autorités, correspond à un mode opératoire déjà observé dans d’autres affaires de règlements de compte liés au trafic de drogue. El Capo devrait être auditionné dans les jours à venir à ce sujet, en présence de ses deux complices.

Les Casernes centrales s’intéressent également à plusieurs cas de séquestration non élucidés enregistrés ces dernières semaines dans différentes régions de l’île. Les enquêteurs cherchent à établir si ces enlèvements sont liés aux activités du réseau d’El Capo et si certaines victimes étaient d’anciens partenaires ou rivaux dans le commerce illicite de cocaïne. Les recoupements en cours tendent à indiquer que le groupe aurait utilisé la violence comme moyen de pression pour régler des dettes ou imposer son autorité sur d’autres trafiquants.

Les autorités mauriciennes ont aussi pris contact avec Interpol afin de vérifier si Brandon Rodrigues Sena faisait l’objet de mandats d’arrêt internationaux. Les premiers échanges confirment que le Guyanais est déjà connu des autorités de son pays pour son implication dans le trafic de cocaïne à grande échelle. Les enquêteurs souhaitent désormais savoir s’il aurait profité de sa venue à Maurice pour se soustraire à la justice de Guyane ou pour poursuivre ses activités sous une autre identité.

L’arrestation d’El Capo et de ses complices marque une avancée significative dans la lutte contre le narcotrafic à Maurice, mais elle soulève également de nouvelles questions sur l’infiltration de réseaux étrangers dans le pays. Les forces de l’ordre multiplient les opérations pour démanteler les ramifications locales de ce réseau, tandis que la CID de Flacq poursuit l’analyse des téléphones et équipements saisis lors de l’arrestation. Les enquêteurs espèrent ainsi remonter la chaîne logistique et identifier d’éventuels fournisseurs ou complices encore en liberté.

En attendant, Brandon Rodrigues Sena demeure derrière les barreaux, sous haute surveillance. Sa réputation de meneur violent et méthodique lui vaut déjà d’être perçu comme l’un des trafiquants les plus dangereux passés entre les mains des autorités mauriciennes ces dernières années. L’enquête se poursuit dans un climat tendu, alors que la police tente de lever le voile sur un réseau dont les ramifications semblent dépasser les frontières de l’île.