Le budget de l’ADSU revu à la baisse : La lutte contre la drogue piétinera davantage

La récente annonce du Premier ministre à l’effet que le budget alloué à l’ADSU sera revu à la baisse passe mal, surtout après le récent décès de la WPC Dimple Ragoo, où de part et d’autre, il a été fait état que l’ADSU était mal équipée. Les travailleurs sociaux Sam Lauthan et José Ah Choon dénoncent avec force cette décision.

En mars 2017, le Premier ministre avait dit qu’il serait sans pitié dans le combat contre la drogue et que ce combat sera sans relâche. Plus de trois ans plus tard, nous voyons toujours la prolifération de la drogue dans le pays, la venue de la drogue synthétique sur le marché, des jeunes qui meurent d’overdose, et des parents inconsolables.

Lors du Budget 2020/2021, le ministre des Finances avait bien alloué Rs 287 millions à l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU), mais ce montant a été revu. Ainsi, ce mardi 15 décembre, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, devait annoncer au Parlement que le budget de l’ADSU passait éventuellement à Rs 253 millions, cela en raison du marasme économique provoqué par la pandémie de covid-19.

Le chef du gouvernement a par ailleurs a tenu à préciser que le budget de l’ADSU avait connu une hausse, passant de Rs 198,2 millions à Rs 240 millions, pour la période entre 2014 à 2017. Toutefois, la baisse actuelle du budget de l’ADSU passe mal dans le contexte présent. En effet, dans le sillage de la mort de la WPC Dimple Ragoo, il avait été fait état que l’ADSU était mal équipée pour mener le combat contre le trafic de drogue.

Sam Lauthan, travailleur social qui a lutté contre la drogue depuis des années, dit comprendre que la lutte contre la pandémie de covid-19 a ses exigences mais il faut voir comment faire pour balancer cette lutte et la lutte contre la drogue. Il est conscient que si la lutte contre le covid-19 est négligée, cela peut causer la mort de plusieurs personnes, mais qu’il ne faut pas négliger non plus l’implémentation des recommandations qui ont été faites pour lutter contre la drogue. Il fait un appel « de faire le nécessaire sans pour autant rogner le budget de l’ADSU, surtout après la mort de Dimple Raghoo. » Il devait ajouter qu’il faudrait essayer de reconstituer l’ADSU.

Il dit craindre que dans le sillage du covid-19, avec les pertes d’emplois que cela a occasionné, que bon nombre de personnes des classes moyenne ou ouvrière sont tombées en-dessous du seuil de la pauvreté, rejoignant ceux qui étaient déjà pauvres. « Qu’arrivera-t-il à tous ces gens ? », se demande-t-il. Il craint ainsi une augmentation de la criminalité. « C’est difficile de prendre une décision alors que la lutte contre la covid-19 et celle contre la drogue  sont toutes les deux des priorités », concède-t-il.

Pour sa part, José Ah Choon, le gérant du Centre d’Accueil de Terre Rouge, qui s’occupe de la réhabilitation des toxicomanes, estime que le budget pour l’ADSU aurait dû connaitre une augmentation, « soit le contraire de ce qui a été fait ». « Les policiers ne reçoivent pas assez d’argent et leur situation financière personnelle est difficile. C’est pour cette raison que des fois, on peut voir des brebis galeuses au sein de la force policière », analyse-t-il.

José Ah Chhon dit toutefois comprendre que la pandémie a touché de plein fouet le pays mais, en diminuant le budget de l’ADSU, cela aura un impact sur les effectifs de cette unité, explique-t-il. « Déjà, les policiers font face à de nombreuses critiques. S’ils doivent aussi faire face à une diminution du budget de leur unité (ADSU), il peut y avoir une démotivation », dit-il. « Il ne faut pas oublier qu’à part la covid-19, le fléau de la drogue fait aussi des ravages. Une réduction du budget de l’ADSU pourra avoir des répercussions sur la société, et pourquoi pas, l’économie du pays », conclut-il. Il lance ainsi un appel au gouvernement pour renforcer les effectifs de l’ADSU.

 

Neevedita Nundowah