Le caporal Lapeyre tué à deux semaines de sa retraite

Il devait prendre une paisible retraite et allait profiter de son ‘lump sum’. Il comptait aussi rendre visite à sa fille en Australie. Mais le destin en a décidé autrement. Le caporal Lindsay Lapeyre a été froidement tué par son fils Christophe, mercredi soir, à son domicile à Flic-en-Flac, à coups de marteau et de couteau. En 1983, le caporal Lapeyre avait sauvé la vie de Raj Dayal lors d’une opération anti-drogue.

Jeudi dernier, aux petites heures du matin, des policiers affectés au poste de police de Grand-Bassin sont intrigués par un bruit assourdissant. Un peu plus loin, ils constatent qu’une fourgonnette se trouvait à proximité de la statue de Mangal Mahadev. Les policiers se sont rués sur les lieux et ont constaté que le véhicule avait percuté un socle en béton, sur lequel se trouvaient des statuettes.

Dans un premier temps, les policiers ont tenté d’aider le conducteur, mais ce dernier s’est montré violent. Les deux policiers qui se trouvaient sur place ont alors fait appel à leurs collègues de l’Emergency Responce Service (ERS). Cette équipe, qui était en patrouille avec une unité de la Special Mobile Force (SMF) est arrivée sur les lieux. Avec beaucoup de difficultés, ils ont pu maîtriser le conducteur, qui a quand même agressé trois policiers. Il a été identifié comme Christophe Lapeyre, 22 ans, un habitant de Flic-en-Flac. Il devait informer les agents sur place qu’il était le fils du caporal Lapeyre, affecté à la Special Supporting Unit (SSU).

La Criminal Investigation Division (CID) de Vacoas est immédiatement informée de cette affaire, perçue initialement par les policiers comme un acte de vandalisme, au lieu d’un accident. Soumis à un interrogatoire serré, Christophe Lapeyre n’a pipé mot. Les policiers décident de perquisitionner son domicile le lendemain matin. Les limiers croyaient avoir affaire à un suspect impliqué dans les actes de vandalisme dans des lieux de culte dans plusieurs régions du pays. L’Anti-Robbery Squad du Sud, avec l’appui de l’Anti-Robbery Squad de la SSU, prend alors le relais de cette affaire. C’est aux alentours de 10 h que cette équipe est arrivée à l’avenue Palmer à Flic-en-Flac. Les policiers ont frappé à la porte à plusieurs reprises, mais personne ne s’est présenté pour leur ouvrir la porte. Ils ont pu avoir accès à l’intérieur, à travers une porte laissée ouverte. C’est avec stupeur qu’ils sont tombés sur le cadavre de leur collègue Lindsay Lapeyre, qui gisait dans une mare de sang.

Plusieurs unités de la police investissent alors les lieux et les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) prennent alors le relais. À ce moment-là, le suspect se trouvait toujours en compagnie des policiers sur les lieux. Face à la pression des enquêteurs, il finit par cracher le morceau. « Mo même kine touille li. Lerla mone prend van, mone kitte lacaz, mone aller », a affirmé le suspect aux policiers.

Le même jour, il a donné sa version des faits aux enquêteurs aux Casernes centrales. Avec détails, il a expliqué qu’il consommait de la drogue synthétique quand il a été surpris par son père. Alors que son père le réprimandait, Christophe Lapeyre explique qu’il a assené son père à coups de marteau à la tête. Une fois la victime effondrée au sol, il en a profité pour le poignarder au cœur.

Rosalaine Lapeyre : « Ene zenfant exemplaire sa »

La mère de Christophe Lapeyre se trouve dans un dilemme extrême. Elle a perdu deux membres chers de sa famille. Son mari, qui est décédé, et son fils qui se retrouve derrière les barreaux. C’est en larmes qu’elle est arrivée sur les lieux jeudi matin. « Nous ti pe préparé pou alle l’Australie. Valise tout ine fini paré. Lindsay pas ti reste beaucoup jours pou li travail. Aster guette sa malere la », nous a confié l’épouse de la victime.

La dernière fois qu’elle a parlé à son mari, c’était dans la soirée de mercredi. Leur dernière discussion concernait leur futur voyage, où ils devaient rendre visite à leur fille, qui allait accoucher. Elle concède que les relations entre son fils et son mari étaient souvent tumultueuses. « Li ti ene bon zenfant, ene zenfant exemplaire. Kan mo malade, li meme ki prend moi compte. Mo pas conner kouma li capav ine fer ene zaffaire pareille’’, se désole Rosalaine.

Celui qui a sauvé la vie de Dayal en 1983

Lindsay Lapeyre est devenu très connu depuis les élections de 2014. Il a été le garde du corps de l’ancien ministre Raj Dayal. À cette époque, il avait été transféré de la SMF au VIPSU. Pendant qu’il était ministre, Raj Dayal était très médiatisé, de par ses sorties, vu qu’il occupait le poste de ministre de l’Environnement. À chaque sortie, le caporal Lapeyre était à ses côtés. Il était connu pour être un fidèle lieutenant de Raj Dayal. « En 1983, kan ene trafiquant la drogue ti pointe ene revolver lors moi, ce li mem ki ti sauve moi » , a confié l’ex-ministre.

Lindsay Lapeyre était très proche de Raj Dayal, depuis que ce dernier occupait le poste de commandant de la SMF et celui de commissaire de police.