Le cauchemar des Mauriciens se poursuit de plus belle

Malgré les ‘freebies’ du gouvernement

Les mesures financières annoncées dans le discours budgétaire du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, pour soulager les familles mauriciennes ne contribuent guère à améliorer leur niveau de vie. Les Mauriciens expriment leur inquiétude face à l’augmentation des dépenses quotidiennes, tandis que les allocations gouvernementales, dont la CGS de Rs 2 000 aux employés percevant moins de Rs 25 000, et l’allocation de Rs 2 000 aux enfants en bas âge, annoncées dans le budget ne parviennent pas à compenser cette hausse des coûts. Les difficultés financières touchent également les mères célibataires, les travailleurs à revenu minimal et ceux ayant des enfants scolarisés.

Selven, entrepreneur de 42 ans dans le secteur de la construction, a contracté un emprunt pour la construction de sa maison il y a cinq ans, et doit le rembourser sur une période de 20 ans. Il déclare que les Rs 1000 de la MRA en guise de ‘Home Loan Allowance’ n’aideront guerre à payer la mensualité à la banque. « Mo deza pe paie Rs 16 000 tou les mois. Kan repo rate ti augmenté monn bizin paie Rs 2500 emplis, la aussi, la plipart cash la al dans paie l’intérêt. Rs 1000 ki MRA pu donné la aussi pu al dans paie intêret em », dit l’entrepreneur.

Même son de cloche chez la famille d’Ajay, un charpentier résidant à Plaine-des-Papayes. Agé de 38 ans, il évoque des difficultés pour rembourser son prêt bancaire contracté pour l’achat d’équipements. « Dans budget inn dir pu donn Rs 1000 pu rembourse loan, li pa pu assez, l’intêret inn augmenter par boku. Sa inn ena enn gro l’impact, monn bzn dir mo madame kumans travay » s’indigne ce père de famille. Pour Vimla, l’épouse, elle est d’avis que ces allocations de la MRA ne leurs soulage pas vraiment. « Kan ou ena 2 zanfan ki al lekol ek ki travay ou missier pas régulier, chaque roupie compter, nou rod tou zafer bon marché pour aste ek nou pa reussi fer enn lekonomie, mo trouv inutile ministre pe tap l’estomac ki zot pe aide ti dimounn, mais li fauss, tou zafer inn augmenté. »

Akmez, comptable dans une boite privée, père de deux filles, est d’avis que les mesures prises par le gouvernement dans le budget 2023/2024 s’évaporent rapidement. Vu la cherté de la vie, Rs 2000 comme ‘Child Allowance’, cela fait deux semaines tout au plus de couches et de lait. « Enn boite Aptamil inn vinn preske Rs 650, dans enn mois mo ti bebe boir 4 bwat dile, fer compte la ! Enn pake bon couche lor Rs 550, moi ti bebe servi 3 pake par mois, kuma sa Rs 2000 la pu aide mwa okip sa ti bebe la ? » s’insurge ce comptable. Selon lui, le gouvernement aurait mieux fait de baisser le taux d’intérêt ou le prix de l’essence, cela aurait soulagé plus de personnes, à travers toutes les classes sociales.

Chantal, mère célibataire, technicienne de surface dans une entreprise de nettoyage, parle d’augmentation ininterrompue du prix du panier de la ménagère. Avec un salaire minimal, elle trouve difficile de subvenir aux besoins de ses trois enfants scolarisés. Elle déplore le fait qu’ils n’ont que le strict minimum pour se rentre à l’école.  « Enn ti gato mo pa kapav aste pu zot pu avoy zot lekol. Kan mo paie location, la limier ek delo, mo rest zis Rs 4000 dans mo poche, mo ena 3 zenfan, kuma mo pu fer sa ? », dit cette habitante de Roche-Bois.  La jeune maman de 37 ans attend avec impatience les Rs 2000 promises par Padayachy dans le cadre de la ‘Child Allowance’.

L’inflation réelle tourne autour de 20%

Selon Vinaye Ancharaz, économiste, le panier de la ménagère pris en compte par ‘Statistics Mauritius’, qui a annoncé une baisse de 0, 1 % (passant de 10, 6 % à 10, 5 % en juin), ne reflète pas la réalité. « Statistics Mauritius est en déphasage avec la réalité. Eski so bann produit ki li met ladan la, eski saem bann produit ki bann morisien commun servi », lance-t-il. « Les mesures annoncées dans le budget sont seulement palliatives, il n’y a rien de concret qui attaque le problème à sa source. L’inflation réelle aujourd’hui tourne autour de 20 %, loin des chiffres de Statistics Mauritius », ajoute-t-il.

La ‘Monthly Home Loan Allowance’ de Rs 1000, annoncée par le ministre des Finances, est également critiquée. La ‘Mauritius Revenue Authority’ (MRA) travaille actuellement sur un mécanisme d’enregistrement des personnes ayant souscrit à un prêt immobilier jusqu’à Rs 5 millions afin qu’elles bénéficient de cette allocation. Cependant, de nombreux citoyens estiment qu’elle ne suffira pas à lutter contre l’inflation croissante. Takesh Luckho, économiste, persiste à dire que les mesures annoncées par le ministre des Finances ne constituent pas des solutions concrètes pour relancer l’économie du pays. Il fait référence à la théorie de Milton Friedman, économiste et statisticien américain, selon laquelle plus la masse monétaire augmente, plus l’inflation reste élevée.

« Mo pense ki l’inflation pou reste dans les alentours d’un peu plus de 10 % ziska la fin l’année. La dépréciation de la roupie pou fer ki prix bann produits pou rest for lor marché. Beaucoup dimounn pu trouv sa bann allowances la disparet vit. Donn la population bann ‘freebies’ c’est pas la solution pou remédier la situation. Bann mesures macro-économique pou soulage l’économie pann pren. Ti kapav met enn ‘tax réduite’ lors l’essence par exemple, sa ti pu aide enn famille souffler impe plis financièrement. Sa ti pu ena enn ‘full-fledged impact’ lor bann morisien. Rs 1000 pour paie enn loan, li pas effective pou soulaz enn fami » explique-t-il.